INfluencia : Pourquoi avez-vous décidé de faire une telle étude ?
Nicolas Gondeau : Trop de gens confondent encore influence, influenceur et égérie. La notion dâinfluence a été évoquée dès les années 50. Elle décrit une communication à double étage à lâopposé de la communication top-down dans les médias payants. Lâinfluence est avant tout un sujet de confiance et de capacité à « perdre » la maîtrise de son contenu. Lâinfluenceur est, quant à lui, un individu qui détient un bassin dâaudience. Je considère, pour ma part, quâune personne qui est rémunérée à 100% par les messages quâelle publie sur les réseaux sociaux nâest plus un influenceur mais une égérie.
IN : Quel est le poids de lâinfluence aujourdâhui ?
N.G. : Le marché de lâinfluence devrait représenter cette année 13,8 milliards de dollars contre 9,7 milliards lâan dernier et 4,6 milliards en 2018. Ce marché est en forte hausse et il va continuer de progresser rapidement mais il est nécessaire de le remettre dans son contexte. Il ne représente en effet que⦠2% du marché mondial de la communication qui pèse, selon nos estimations, 600 milliards de dollars. Le digital pèse, lui, 40% de ce très gros budget. Le poids du marché de lâinfluence, malgré sa croissance très rapide, nâest pas proportionnel à la bande passante que les gens utilisent pour en parler⦠moi y compris.
IN : De plus en plus dâagences profitent pourtant de la hausse du marché de lâinfluenceâ¦
N.G. : En effet. 240 agences spécialisées dans le marketing dâinfluence se sont créées dans le monde ces douze derniers mois. On estimait leur nombre à 1360 en 2020 contre 740 deux ans plus tôt et 190 en 2015. En France, 300 des 1500 agences de com feraient du marketing dâinfluence même sâil est difficile dâavoir une évaluation exacte de ce chiffre car presque tous les cabinets disent en faire alors que cela est loin dâêtre le cas.
IN : Qui sont les principaux acteurs de ce marché ?
N.G. : Il en existe plusieurs types. Il y a les acteurs comme DDB, Buzzman et Marcel qui sont issus du monde de la publicité et qui cherchent à créer du contenu à forte viralité. Dâautres comme BETC Fullsix ont commencé avec le digital en créant notamment des sites sur la Toile. On trouve aussi des agences de RP plus traditionnelles dont Wellcom et Hopscoth qui se contentaient, au début, de publier des communiqués de presse et qui cherchent aujourdâhui à préempter les acteurs spécialisés dans le contenu. Vous avez également des pure-players qui sont nés dans le digital comme Wearesocial. Certains dont Reech et Octoly sont encore plus technos. Il existe enfin autour de ces grandes catégories dâagences des petites entités ultraspécialisées qui travaillent sur des niches et qui nâont pas encore été ubérisées par les gros acteurs de ce secteur. Câest le cas dâAction Publique qui ne fait que du lobbying.
IN : Trouver la bonne agence et le bon influenceur doit être un véritable casse-tête pour les annonceurs ?
N.G. : Câest clair. Mais avant de penser au « qui » et chercher un influenceur, une marque doit tout dâabord définir clairement sa stratégie marketing. Il lui faut ensuite arbitrer entre le « paid » et le « earned media » afin de voir le type dâacteurs de lâinfluence dont elle a besoin. Et une fois que sa stratégie sera posée et que les experts seront identifiés, elle pourra fixer le mode de gouvernance de son contenu.
source : www.influencia.net