« Notre ambition est de faire évoluer les représentations et de proposer des images qui dézinguent les stéréotypes »

26 novembre 2021

INfluencia : tout d’abord, pouvez-vous nous raconter comment est né Pic&Pick ? A quels enjeux répondez-vous ?

Marie-Hélène Gondre Vidalinc : avec Julie, nous nous sommes rencontrées chez Havas. C’est là qu’est née l’idée de Pic&Pick. Pendant de longues années, nous achetions des photos sur les banques d’images traditionnelles pour nos clients. De l’insatisfaction en ressortait : d’un côté nos clients avaient l’impression de voir ces belles images un peu partout et de l’autre, les créatifs se disaient submergés par un volume d’images impressionnant et manquant d’authenticité. Les photographes, étaient également mécontents car mal rémunérés par les banques d’images traditionnelles. On a donc voulu être la première banque d’images qui va redonner de la valeur aux images en rémunérant correctement les auteurs de leurs photos. Voilà comment le modèle est né : 50% pour les photographes, 45% pour Pic & Pick, et 5% de reversement de dons auprès de 8 partenaires (Fondation Abbé Pierre, France Alzheimer, Action Enfance, Premiers de cordée, Le Refuge, Les Maisons de Vincent, Planète Mer et l’UNAPEI).

Julie Langlade : notre raison d’être c’est « une image est bien plus belle si elle est utile ». Nous tenions vraiment à avoir un modèle économique à impact, c’est pourquoi nous avons passé la certification B Corp, obtenue en février.

Par ailleurs, de notre expérience de communicantes, nous constations un fort décalage culturel sur les banques d’images traditionnelles. On voulait proposer des images qui répondent aux attentes de nos clients et qui ne soient pas marquées américaines ou anglo-saxonnes. Nous sommes un des rares acteurs français constitué comme banque d’images, avec pour enjeux de proposer des photos beaucoup plus vraies, plus justes pour pallier ce décalage culturel.

INfluencia : Qu’est-ce que la crise sanitaire a changé pour Pic&Pick ?

Marie-Hélène Gondre Vidalinc : on s’est lancées commercialement quelques mois avant le premier confinement, ce qui a été un mal pour un bien puisque tout s’est gelé à ce moment-là. Cela nous a permis de beaucoup dialoguer avec nos clients et on a constaté qu’on avait sous-estimé le poids de l’usage. Si tout le monde reconnait la qualité de nos images, notre modèle économique louable, l’habitude d’avoir beaucoup de choix reste une pratique qui jouait contre nous. Or nous n’avons pas tant envie que ça d’être comparées sans cesse à Getty, Shutterstock ou Adobe parce-que ce n’est pas notre positionnement.

Dans le même temps, la crise sanitaire a accéléré la prise de conscience des stratégies RSE au sein des entreprises et on a entendu des directeurs, des directrices RSE dire « on a énormément de mal à trouver des photos justes et authentiques qui nous permettent d’illustrer nos engagements sociaux, sociétaux ou environnementaux. ». Nous avons affiné notre positionnement : on ne veut pas être un généraliste, mais une ressource créative pour aider à illustrer tous les objectifs de développement durable qui sont aujourd’hui les engagements que les entreprises prennent et pour lesquels elles ont besoin de communiquer.

Julie Langlade : ça matchait aussi beaucoup avec nos photographes qui, pour la plupart, travaillent sur ces thématiques-là, aiment aller prendre des entreprises engagées pour comprendre leur métier, comprendre comment se passent le gaspillage, le traitement des déchets, la production locale… toutes ces thématiques leur parlent.

On est une plateforme Web mais on a la volonté de mettre l’humain au cœur de Pic&Pick, on parle à nos photographes, on les connaît, on sait qui ils sont. On a des photographes spécialisés dans la food, d’autres qui font des photos aussi bien de moments de vie que d’architecture. Pic&Pick a cette volonté de ne pas avoir une communauté trop large pour garder ce lien et pouvoir proposer ensuite à nos clients, selon leurs besoins spécifiques, le bon photographe.

INfluencia : quel regard portez-vous sur la représentation du « Good » dans les images aujourd’hui ?

Marie-Hélène Gondre Vidalinc : nous avons audité ce qui existe aujourd’hui en termes de ressources iconographiques sur ces 3 thématiques : sociale, sociétale et environnementale. Si on prend la thématique de la finance durable par exemple, ou de la protection de l’environnement, on est enfermés dans une représentation iconographique ultra-conceptuelle et tout le monde se partage les mêmes photos. Il suffit de prendre l’exemple des mains avec la planète, des euros qu’on arrose… Il y a même parfois un univers un peu futuriste dans ces images, dans des teintes de science-fiction avec un message contradictoire, comme si ces problématiques-là n’étaient pas à adresser aujourd’hui mais dans le futur. Il y a besoin de revisiter tout ça, il faut déconstruire cet imaginaire pour avoir une représentation plus vraie et plus actuelle. La prise en charge de ces sujets c’est du quotidien, c’est maintenant.

Et c’est comme ça qu’est née l’idée de PicForChange. On va challenger la créativité des photographes en leur demandant de venir vraiment réinventer, apporter leur regard neuf sur ces thématiques. On a quatre thématiques : handicap, diversité, finance durable et environnement.

On est enfermés dans une représentation iconographique ultra-conceptuelle et tout le monde se partage les mêmes photos. Il suffit de prendre l’exemple des mains avec la planète, des euros qu’on arrose…

Julie Langlade : nos images, par exemple autour du handicap, sont des photos de moments de vie, on ne les classe pas dans une catégorie handicap. Evidemment, chaque photo porte le tag handicap parce que quelqu’un qui recherche des visuels autour cette thématique doit bien pouvoir les trouver mais notre volonté n’est pas de stigmatiser et de créer des catégories handicap, mixité… Voilà la vision que l’on a.

Marie-Hélène Gondre Vidalinc : l’inclusion passe par là. Décloisonner et faire qu’au hasard d’une catégorie on va avoir des enfants, des moments de vie, des personnes en situation de handicap… On est dans cette diversité naturelle, on cherche à éduquer le regard différemment. Une photo est un vrai vecteur pédagogique. Elle enseigne beaucoup de choses facilement.

Nous collaborons avec des associations qui nous apportent beaucoup. Elles nous donnent toujours le sens juste de l’image. Elles sont capables, parce que c’est à la fois leur mission et leur vocation, de dire si cette représentation est juste, si elle n’est pas offensante, indigne ou stigmatisante.

On est dans cette diversité naturelle, on cherche à éduquer le regard différemment.

INfluencia : Pouvez-vous nous indiquer comment participer au concours, quelle récompense est prévue pour les gagnants ? Pouvez-vous nous présenter vos partenaires et votre jury ?

Julie Langlade : on a créé sur pic&pick.com une page dédiée. Il suffit de s’inscrire à la plateforme. Toutes les images que le photographe va proposer intégreront la collection de photos de Pic&Pick car ce n’est pas juste un appel à projets. Notre ambition est de faire évoluer les représentations et de pouvoir proposer des images qui dézinguent les stéréotypes. Une fois que le photographe s’inscrit, il pourra uploader ses images dans son espace dédié et choisira la ou les thématiques dans lesquelles il veut participer. Il peut participer à toutes les thématiques et proposer plusieurs images dans une même thématique.

Un jury composé d’experts et professionnels engagés pour la transition, se réunira après le 14 février 2022 pour récompenser les participants au concours, qui compte sur le soutien de plusieurs marques, agences et experts de l’image avec : 1% for the Planet, l’ANI, Bear Ideas, BNP Paribas, CNP Assurances, DPS, Les Iconographes, KissKissBankBank&Co, Lita.co, Orange, Publicis France, Polka et The Good Company. L’ADEME et l’AACC RSE font également partie des sponsors de cette initiative qui récompensera quatre grand.e.s gagnant.e.s (un.e par thématique) et qui recevront chacun.e une dotation de 5000 euros. Les plus beaux clichés récompensés par le Jury PicForChange feront l’objet d’un tirage, assuré par DUPON -partenaire engagé de PicForChange et labellisé EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) – avant d’être exposés à la Polka Factory (Paris 3ème). La remise des prix sera également l’occasion d’un vernissage en mars 2022 organisé par le média Polka.

Le challenge est ouvert aux photographes professionnels et amateurs passionnés par l’image.

Influencia : et la suite ?

Julie Langlade : nous aimerions qu’il y ait plusieurs éditions du Pic for change. On a parlé de 4 thématiques mais des thématiques sociales, sociétales et environnementales, il y en a plein. Notre ambition est de pouvoir illustrer les 17 ODD. On sait que les entreprises cherchent à les illustrer puisqu’aujourd’hui ça devient vraiment un référentiel.

Nous aimerions aussi beaucoup élargir la plateforme à la vidéo, sachant que nos pic-grameurs, pour beaucoup, sont aussi des vidéastes. On est tout à fait capables de proposer de la vidéo sur mesure. Au moment du lancement, nous avons été obligés de choisir en tant que start-up, nous nous sommes mis sur l’image mais on aimerait pouvoir avoir une collection en ligne de vidéos.

Nous attendons que Pic for change soit un vrai succès pour pouvoir rééditer, stimuler cette créativité et apporter ce regard neuf dont on a besoin.





source : www.influencia.net

agence de communication à Rennes

« Notre ambition est de faire évoluer les représentations et de proposer des images qui dézinguent les stéréotypes »
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