INfluencia : comment analysez-vous lâémergence des services de streaming ouverts à la publicité (AVOD) en France ?
Nicolas Mignot : beaucoup de choses se passent en France dans ce domaine. LâAVOD [vidéo à la demande financée par la publicité, NDLR.] est une nouvelle forme de travailler, proposée au sein des plateformes OTT et de TV connectée. Ce sont des acteurs très accessibles, très faciles à visionner. Leur devise est dâêtre présents partout quel que soit le device. Tout cela favorise leur croissance. Cette dynamique sâexplique aussi parce que le terrain était prêt, travaillé par les acteurs de la BVOD (broadcast video on demand), à travers le replay et tous les contenus disponibles via les set-top box des chaînes TV traditionnelles.
IN : pensez-vous que le contexte français se prête à lâessor dâune offre de TV connectée ouverte à la publicité avec un reach intéressant ?
N.M. : oui, je le pense. Il faut analyser ce potentiel sous lâangle des audiences et des efforts que ces acteurs font pour devenir accessibles. Il est vrai que les audiences regardent le linéaire et le replay via leur set-top box. Mais elles se sont aussi habituées à la notion de catalogue, introduite par Netflix. Les acteurs de la TV connectée sont en train de répliquer ce même modèle : ils mettent à disposition de leurs audiences des catalogues dans leurs offres gratuites. Positionnés sur différents appareils, ils permettent à leurs audiences de passer dâun écran à une autre sans le moindre problème. Ce phénomène sâaccélère avec une mise à disposition de ces applications de plus en plus facilitée. Quand vous allumez une TV Samsung vous nâavez quâà cliquer pour accéder à Rakuten. Et câest aussi le cas pour les box opérateurs. à ce titre Pluto TV est un exemple fort. Ils ont décidé dâêtre présents partout et câest cela qui explique leur croissance extraordinaire.
IN : comment FreeWheel se positionne dans ce marché ?
N.M. : contrairement aux broadcasters traditionnels, ces nouveaux acteurs de l’OTT ne sont pas de spécialistes de la monétisation et ne disposent pas de grandes équipes. Ils ont besoin dâaccompagnement et de support. En France, FreeWheel travaille avec Molotov, Rakuten, Pluto, Quest TV et des acteurs plus petits qui démarrent, comme OTTera, plateforme OTT en marque blanche et Stormcast. Dans cette phase de démarrage nous les accompagnons, nous faisons tout pour eux. Nous leur fournissons la technologie mais nous les prenons également en régie, que leur modèle soit en gré à gré ou en programmatique. Le but à terme, câest quâils deviennent autonomes.
IN : quâest-il possible de faire aujourdâhui avec ces inventaires AVOD chez FreeWheel ?
N.M. : tout cela reste encore très petit mais très prometteur. à ce jour FreeWheel monétise (en tant que prestataire technologique) autant de publicités en TV segmentée [flux linéaire des chaînes traditionnelles via les box désormais ouvert à la publicité ciblée, NDLR.] quâen TV connectée et OTT. Ces deux marchés correspondent à deux familles distinctes dâannonceurs. En TV segmentée vous retrouvez les annonceurs habituels de la télévision ainsi qu’une longue traîne qui commence à y accéder. Après tout, la TV segmentée est faite aussi pour eux. De lâautre côté, sur les applications OTT, on retrouve essentiellement les annonceurs mainstream du digital. Pour ces derniers, il est très facile de passer de la vidéo digitale à la vidéo sur le grand écran en TV connectée. Câest un environnement qui est très intéressant car il offre aux annonceurs les KPI quâils recherchent en termes de visibilité, de taux de complétion et de brand safety. Il ne reste plus que le reach à atteindre. Pour ces raisons, lâAVOD n’aura aucune difficulté à attirer les annonceurs du digital. Pour le moment, le gros des inventaires se commercialise en gré à gré. Ce sont des offres naissantes, packagées, qui touchent des cibles dâurbains CSP+.
IN : que pensez-vous des chaînes FAST ?
N.M. : câest comme la TV dâavant. Difficile de ne pas croire à leur envol. La seule limite à leur croissance est leur catalogue, fait de productions externes. Pendant les confinements, cette production sâest estompée. Câest là que lâon voit toute la force des chaînes TV qui proposent des contenus exclusifs. Ãtre capable dâinvestir dans la production de contenus, câest la clé pour gagner des parts de marché.
source : www.influencia.net