« Privés d’écrans » : BrutX teste notre capacité de résistance

24 mars 2022

« Est-ce que vous accepteriez d’être privés de tous vos écrans pendant un mois ? » A la clé, 30 jours sans ordinateur, téléviseur, tablette, console de jeu et – sans doute le plus dur – sans smartphone, ce compagnon de chaque instant étant remplacé par… un vieux Nokia ! La proposition du journaliste Tarik Khaldi, réalisateur du documentaire Privés d’écrans, en ligne sur la plateforme BrutX, a suscité plus d’étonnement et de refus catégoriques que d’enthousiasme : « Mon job dépend beaucoup des écrans », « On a une vie sur les réseaux sociaux et il faut un peu la gérer », « Impossible ! On a tout sur le téléphone »… Le casting a rapidement tourné à l’enfer ! Pas au point de décourager ce journaliste passé par l’INA d’actualiser le documentaire Privés de télé, diffusé en 1986 sur Antenne 2, qui avait proposé aux habitants de Créteil de se passer de leur téléviseur pendant un mois.

Sans écrans, plus d’internet

« Dès le départ, il était évident que l’expérience de 2022 ne serait pas la même que celle de Privés de télé, explique Tarik Khaldi. En 1986, la télévision tenait une place beaucoup plus de place qu’aujourd’hui dans la vie des gens mais restait un loisir. Aujourd’hui, se priver d’écrans revient finalement à se priver d’internet, sans lequel on ne sait plus faire grand-chose dans sa vie professionnelle ou sur un plan purement pratique. » Catherine et Vincent, les premiers à accepter ce mois de sevrage, avaient déjà participé à Privés de télé en 1986. Si ces deux retraités de 65 et 67 ans faisaient un lien parfait avec l’expérience passée, restait à trouver d’autres candidats plus en phase avec l’audience de Brut…

Après des efforts considérables – et presque autant de râteaux – seuls quatre autres volontaires ont tenté l’expérience : un couple de presque trentenaires Yaaba et Cheikh, grands consommateurs de plateformes vidéo via différents écrans, fans de foot et de Koh-Lanta, et deux sœurs Lyna (10 ans) et Inès (15 ans) qui n’ont pour leur part délaissé écrans et console de jeu que pendant une semaine. En 1986, une vingtaine de familles s’étaient prêtées à l’exercice… Un documentaire d’Arte avait renouvelé l’expérience 20 ans plus tard avec onze familles de Cachan. Un signe de notre dépendance ou de notre addiction aux écrans ? Pas si simple…

Ni bon, ni mauvais ?

Pour tirer au clair cette question controversée, ce n’est donc pas à un sociologue que le réalisateur a demandé de commenter les réactions et le ressenti des « cobayes », mais au chercheur Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien. « Il a apporté beaucoup de nuance, en expliquant que les écrans ne sont ni bons ni mauvais et en soulignant qu’ils étaient le moyen d’accéder à une vie sociale. Il montrée aussi à quel point l’individu seul n’est pas armé face à des géants du numérique qui font tout pour que l’on revienne sur leurs sites ou sur leur application », ajoute le réalisateur.

Les études sur le rôle des écrans changent de paradigme. Pendant longtemps, elles s’attardaient surtout sur le temps d’exposition. Aujourd’hui, elle s’interroge plutôt sur ce que l’on y fait

Le spécialiste des neurosciences a relativisé les interrogations du journaliste en ce qui concerne une potentielle influence des écrans sur des zones de notre cerveau ou sur notre capacité d’attention. « A l’échelle de l’humanité, l’irruption du numérique dans nos vies serait l’équivalent d’une seconde. On a donc peu de recul pour envisager ce type de conséquences. Les études sur le rôle des écrans changent de paradigme. Pendant longtemps, elles s’attardaient surtout sur le temps d’exposition. Aujourd’hui, elle s’interroge plutôt sur ce que l’on y fait », note-t-il.

A la télé, seul le sport manque vraiment…

Sans les écrans, le quotidien devient une épreuve pour les participants : « Je ressens un vide », « les journées sont extrêmement logues », « mon mari déprime »… Mais la télé ne manque finalement qu’à peu de monde. Comme en 1986, c’est le sport qui a été l’occasion des premières « triches ». Un soir de match, Catherine et Vincent ont dîné chez des amis qui avaient – comme par hasard – l’intention de le regarder. Grand fan du PSG, Cheikh a dû se contenter d’écouter un match de son équipe préférée à la radio. Un seul sens vous manque et tout est dépeuplé… En voyage à Venise, le jeune couple a craqué et cherché à se repérer rapidement en terrain inconnu grâce aux applis. Les deux jeunes filles ont surtout regretté les réseaux sociaux pour l’aînée et les jeux pour la plus jeune.

Au final, tous disent avoir tiré une expérience plutôt positive de cette expérience, avant de retrouver une bonne partie de leurs habitudes. La plupart ont pris de bonnes résolutions. « Deux mois après la fin du tournage, toutes n’ont pas tenu mais certaines restaient », note Tarik Khaldi. Vincent n’est pas retourné sur Facebook, Catherine n’a pas retéléchargé Twitter, Cheikh et Yaaba se rendent compte de l’état de passivité dans lesquels ils sont devant la télé, Yaaba a mis à profit la période pour développer un projet de podcast autour du bien-être et du développement personnel, Inès et Lyna continuent d’éteindre tous les écrans à 21 heures…

Le journaliste, qui confessait au début du reportage être lui aussi accro aux écrans, n’a pas essayé de se soumettre à cette auto punition. « Je n’ai même jamais autant consulté d’écrans que pendant le reportage car j’ai cadré une bonne partie des image, dérushé les images au jour le jour…, reconnaît-il. Mais une fois le documentaire terminé, mon temps de connexion a diminué semaine après semaine. »





source : www.influencia.net

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