« Une vache nommée Bernard », la dernière bouse des agences joga et Justement

10 juin 2022

« Il faut remettre l’église au centre du village », qu’il nous dit le narrateur. Et que ces messieurs soient prévenus, il fera son maximum pour nous remettre les yeux en face des trous. On peut le comprendre, c’est l’honneur de ses bestiaux qui est en jeu. Face aux chiffres affolants, et annuels, des émissions de gaz à effet de serre à travers le monde, les vaches sont trop souvent, et injustement, pointées du doigt. Alors certes : « L’élevage en général représente chaque année 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre », dont la moitié est causé par le méthane, rappelle Diego Morgavi, chercheur à l’INRAE – l’Institut National de la Recherche Agronomique –, dans un sujet diffusé l’été dernier. Mais comme le résume, tout en flegme, le protagoniste de cette campagne qui donne envie de caresser le cul des vaches en sirotant un petit ratafia : « les vaches ci, les vaches ça (…) Il y en a ras la casquette ».

En France, une autre espèce vivante, beaucoup moins nombreuse et bien plus discrète, est en réalité immensément plus polluante que nos cousins bovins. Comme le révèle Oxfam France et Greenpeace France dans un rapport intitulé « Les milliardaires français font flamber la planète et l’Etat regarde ailleurs », publié le 23 février dernier, 63 milliardaires français émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française. Et il a calculé le bon monsieur de la vidéo, il faudrait « exactement » un million huit cent trente-trois mille neuf-cents « et des brouettes » de bouse pour égaler le taux d’émissions de CO2 d’un milliardaire.

 



 

Qui c’est qui a mis la main dans le cambouis ?

Pour Oxfam France, les agences joga et Justement ont une nouvelle fois dégainé la carte de l’humour pour mieux nous faire bondir de notre tracteur. Elles ont imaginé un mockumentary, ou documentaire parodique dans la langue de Pagnol, intitulé « Une vache nommée Bernard ». Le film raconte, en trois minutes montre en main, l’histoire d’un agriculteur qui part en guerre contre les milliardaires et leurs émissions de CO2. On le voit faire part aux spectateurs, face caméra en train d’œuvrer dans son exploitation, de ses récentes découvertes au sujet de la pollution exorbitante causée par les trains de vie de Bernard Arnaud, Xavier Niel, Vincent Bolloré et compagnie – sans oublier leurs compères américains. Le tout basé sur les chiffres révélés dans les rapports d’Oxfam France que nous avons évoqué dans cet article.

« Si vous aussi vous voulez emmerder nos milliardaires, soutenez le projet d’ISF climatique sur oxfamfrance.org ».

Alors pour mieux nous faire comprendre, avec une certaine ironie, que ses vaches sont loin de constituer le nœud du problème, il a décidé de leur donner les prénoms des 63 vilains petits canards : « donc là t’as Bernard, le premier hein, le haut du panier, après t’as Xavier, après t’as Vincent, et après à l’international, là-bas, bah t’as Elon, t’as Bill, t’as Jeff… ». Notre justicier de la cause bovine se permet même de nous dire, face à l’une de ses « gamines » en pleine déjection : « tiens, oh là, ça c’est mon Bernard qui soigne son bilan carbone ». Nathalie Cortial et Olivier Lopez qui ont piloté la campagne expliquent qu’« en créa, l’enjeu était de réussir à créer un personnage à la fois sympathique et loufoque, sans peindre une caricature du monde agricole ». Un jeu d’équilibriste parfaitement négocié. Le film se s’achève sur la catchphrase : « Si vous aussi vous voulez emmerder nos milliardaires, soutenez le projet d’ISF climatique sur oxfamfrance.org ».

 

En prolongement de la campagne, et en écho aux calculs de l’agriculteur, un comparateur de bouses a été développé en version numérique.

L’amour vache

Mais ce n’est pas tout : en plus d’avoir calculé combien de bouses il fallait pour égaler les émissions de CO2 des plus riches d’entre nous, notre agriculteur est bien décidé à leur envoyer le pactole par la Poste pour leur faire ouvrir les yeux. À l’arrivée, un film aussi absurde que drôle et parfaitement réalisé – condition sine qua non pour donner vie à un mockumentaire – qui nous rappelle que si une vache peut difficilement réguler le méthane qu’elle émet, un milliardaire a toutes les cartes en main pour orienter ses actifs financiers vers des investissements moins carbonés. En prolongement de la campagne, et en écho aux calculs de l’agriculteur, un comparateur de bouses a été développé en version numérique. Ainsi, chacun pourra calculer l’équivalent de ses émissions de CO2 en bouses, et voir combien de bouses le séparent de tel ou tel milliardaire. Avec cette campagne, Oxfam France nous donne une nouvelle fois la preuve qu’on peut parler de choses aussi sérieuses que le climat et l’injustice sociale, sans se prendre au sérieux.

« J’espère que notre campagne fera autant sourire que réfléchir nos dirigeants, car nos milliardaires ne devraient plus être exempts des efforts à faire pour sauvegarder le climat. Alors que se tient cette semaine en Suisse le Forum de Davos, rendez-vous des plus puissants de ce monde, les derniers rapports d’Oxfam – et notamment celui-ci – montrent que la fortune des plus riches n’a jamais autant augmenté et en si peu de temps que depuis deux ans, provoquant un accroissement galopant des inégalités. Or, les plus aisés sont aussi les plus gros pollueurs sur la planète. L’ISF climatique permettrait de taxer la fortune des milliardaires en fonction de leur empreinte carbone. Et ce pour assainir un modèle économique polluant et financer la transition vers une économie bas carbone », conclut Cécile Duflot directrice générale d’Oxfam France.

 

 





source : www.influencia.net

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