INfluencia : les retailers deviennent des publishers. Comment définir Carrefour Links ?
Alexis Marcombe : ni agence, ni régie, Carrefour Links est une plateforme holistique. Elle intègre lâensemble des dimensions de notre relation avec nos partenaires industriels et dont le point commun est la donnée, une donnée orientée business. Câest pour cela que je parle de retail services et non uniquement de retail media. En nous appuyant sur nos données, nous pouvons transformer notre relation avec nos partenaires sur lâensemble de la chaîne de valeur. Ces derniers peuvent, par exemple, mieux comprendre qui achète leur produit, comment, à quel prix, à quel moment et mesurer lâincidence des promotions, saisons, jours de la semaine, sur les ventes, etc. Ensuite, les outils que nous avons développés nous permettent de faire le lien entre cette compréhension business et le consommateur. Câest là où la magie sâopère.
IN : comment sâopère-t-elle cette magie ?
A.M. : elle s’opère en traduisant les analyses business en actions de communication. Partant du produit, nous gérons toutes les actions de promotion, de communication et de placement pour toucher le consommateur, lâamener en magasin, le fidéliser et le réengager. Tout est mesuré en fonction des ventes. La mesure est clé en effet. Dans la relation que nous nouons avec les industriels, nous pouvons leur démontrer lâintérêt de référencer tel produit à tel prix dans tel magasin. Et dâensuite lancer un plan de communication en TV et en digital pour atteindre des objectifs de vente que, là encore, nous pourrons mesurer. Le dispositif est global.
IN : quels retours offrez-vous ?
A.M. : les retours sont très variables dâun produit à un autre, dâune industrie et dâune marque à une autre. Mais le fait est que ça marche. Pour vous illustrer cela, il suffit de regarder le taux de fidélisation de nos clients, de lâordre de 80 %. Sur les 18 derniers mois, une seule campagne nâétait pas rentable. Et la fois dâaprès, elle lâa été, car nous avons compris la raison et optimisé le dispositif. Quand quelque chose ne fonctionne pas, nous pouvons identifier les raisons. Mais pour que cela fonctionne, il ne suffit pas de disposer du bon segment : il faut que le produit soit en rayon. Câest toute la chaîne très complexe de la distribution quâil faut savoir gérer.
IN : cette activité de retail media est-elle réserve aux très gros distributeurs ?
A.M. : il faut disposer dâune base unifiée significative. Câest une question dâéchelle. Nous disposons de 14 millions de foyers encartés. Je suis capable de savoir qui voit la publicité et qui lâachète. Une très grande marque nationale qui communique sur un produit bio et sans gluten sâadresse en réalité à un segment de niche. Il faut disposer dâune base omnicanale extrêmement puissante et unifiée pour toucher un nombre dâimpressions satisfaisant même dans le cas dâun segment aussi précis. Nous sommes sur des technologies de pointe qui représentent un coût opérationnel que seuls les très gros peuvent sâoffrir. Opérer sur ces métiers implique de disposer dâun groupe prêt à investir significativement pour le faire avec le bon niveau dâexécution.
IN : vous travaillez en tandem avec Criteo et quelles autres technologies pour le faire ?
A.M. : Criteo, câest lâad server qui nous permet de diffuser de la publicité sur nos sites en tenant compte de nos stocks par point de vente. Câest une complexité importante à gérer.  On a autant de sites que des points de livraison et plus de 5 000 magasins physiques dont 1 300 sur les points de drive en France. En dehors de nos sites, nous travaillons ave Liveramp. Cela inclut le merchandising, lâanalytics, la segmentation, lâactivation média (open web, réseaux sociaux, DOOH, couponing, offline, etc.) et la mesure. Là encore la donnée est au cÅur de toutes les actions et réflexions que nous initions avec nos clients. Carrefour se transforme et devient une data driven company. Carrefours Links nâest que la partie visible de lâiceberg.
IN : quelle est aujourdâhui lâimportance des revenus de retail media au sein du groupe ?
A.M. : ces revenus sont déjà extrêmement significatifs et leur croissance se poursuit : le groupe prévoit que Carrefour Links génèrera 200 millions d’euros de résultats opérationnels courants (ROC) additionnels en 2026 par rapport à 2021. Les retail services changent en profondeur la nature des relations que nous construisons avec nos partenaires industriels. Câest vertueux pour tout le monde dâêtre en mesure de tout objectiver par la donnée.
source : www.influencia.net