Amazon dévoile son premier magasin de vêtements où les algorithmes seront rois

Le mastodonte de l’e-commerce ne l’a jamais caché : l’une de ses principales ambitions est de s’imposer dans l’univers de la mode.  En 2017, déjà, Amazon dévoilait un algorithme capable de créer des vêtements après avoir analysé seulement quelques images. Développé en machine learning par Amazon Lab126, son centre dédié à la R & D, cet algorithme, au-delà de filer des cauchemars à tous les designers de la planète, faisait suite au lancement quelques mois auparavant de Prime Wardrobe, un service qui permettait aux clients américains d’essayer des vêtements en réalité augmentée avant l’achat. Sans oublier ce qui a longtemps été la création la plus ambitieuse de la marque dans le domaine de la mode, jusqu’à sa disparition en juin 2020, à savoir son Echo Look, une caméra embarquant l’assistant virtuel Alexa capable d’analyser votre style en quasi-direct et de vous dire si vous êtes mal habillé ou non. Un brin flippant. Mais il manquait à cette floppée d’objets et d’outils connectés un écrin commun qui puisse exploiter au maximum leur potentiel commercial. C’est – bientôt – chose faite.

Enfin décidée à se donner les moyens de ses ambitions, tout en s’adaptant aux nouvelles tendances retail nées de la pandémie sanitaire, la firme de Seattle a annoncé la semaine dernière l’ouverture d’un magasin de prêt à porter d’un genre nouveau à Los Angeles. Inauguré d’ici quelques mois, cet Amazon Style se présente comme un lieu physique/high-tech de 30 000m2 – pourquoi voir petit ? – ou les clients, plutôt que de trouver leur bonheur en fouillant dans des rayons mal rangés et reassorés, n’auront qu’à scanner les QR codes des produits pour voir les tailles et les couleurs disponibles et les évaluations renseignées par les précédents acquéreur. Le tout pour une gamme de produit allant d’un jeu de timbres à 10 dollars jusqu’à des pièces de designers pouvant atteindre les 400 dollars.

Une expérience d’achat tout terrain

Lorsqu’un acheteur trouve un article qui lui plaît, il peut directement l’envoyer dans une cabine d’essayage ou au comptoir de retrait. Dans les cabines, justement, des écrans tactiles permettront aux potentiels acquéreurs de consulter d’autres articles similaires. Les algorithmes d’Amazon « produiront des recommandations sur mesure et en temps réel pour consommateur pour les aider à trouver de nouveaux créateurs », selon un communiqué publié par l’entreprise. De plus, la banque de donnée sera « fréquemment mise à jour » afin que les clients soient exposés à de nouveaux articles à chaque visite.



« Nous sommes ravis de proposer une expérience d’achat qui incite à la découverte en combinant le meilleur de nos services online avec l’avantage de pouvoir toucher et essayer les articles pour s’assurer qu’ils conviennent parfaitement », a déclaré Simoina Vasen, directrice générale d’Amazon Style.

L’ex de Jeff Bezos n’a pas encore précisé si elle comptait lancer d’autres Amazon Styles dans le monde en dehors de celui de de Los Angeles. Toutefois, il y a fort à parier que si le magasin s’avère être un succès commercial, nous pouvons nous attendre à en voir apparaître dans d’autres grandes villes des États-Unis.

De quoi espérer pour l’avenir des centres commerciaux ?

Les centres commerciaux ont bien évidemment grandement souffert des confinements successifs. L’année 2020, déjà, avait été marquée par une multitude de dépôts de bilan dans le secteur du retail. Cette volonté assumée d’Amazon de venir bouleverser, à son avantage, un secteur déjà bien fragilisé n’a donc rien de rassurant pour ses différents acteurs et pourrait entrainer, à l’avenir, une cascade de dépôts de bilan. D’un autre côté, si le modèle d’Amazon s’avère fructueux, le géant en ligne pourrait chercher à étendre sa présence physique en profitant de la clientèle déjà bien fidélisée des centres commerciaux.

En bref, les investisseurs immobiliers ne devraient pas – encore – s’inquiéter de cette diversification opérée par Amazon. Le développement d’un réseau commercial Amazon Style pourrait attirer davantage de locataires dans les centres commerciaux, à l’image de la présence de grandes marques qui exercent déjà une attraction similaire. D’autant plus que de nombreuses marques préfèrent désormais ouvrir leurs lieux de vente en dehors des centres commerciaux. Amazon Style pourrait alors, et de manière inattendue, s’imposer comme le sauveur de ces mégas lieux de ventes physiques à qui on promettait une mort lente et douloureuse.  Affaire à suivre.