«On publie beaucoup moins que les autres médias, mais nos contenus sont de grande qualité. », Jérémy Nacache et Maximilien Devay, Explore Media.

20 juin 2022

INfluencia : un grand classique pour commencer, pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ? Qu’est ce qui vous a motivé à lancer Explore Media.

Jérémy Nacache : il s’agit avant tout d’une passion pour l’innovation au sens large. Michaël Sebbag, mon associé, avec qui j’ai fondé le media, et moi-même, avons toujours été des grands consommateurs de contenus sur l’innovation, notamment sur Kickstarter. Au lancement du site, on était fascinés par tous ces projets un peu dingues mais peu connus du grand public. En créant Explore Media on avait vraiment cette volonté de sortir l’innovation de son petit carcan en rendant grand public des sujets soi-disant « obscurs ». Mais ce qui a fait la nouveauté de notre offre éditoriale est qu’au moment de nous lancer, il n’y avait presque pas de contenus comme le nôtre sur les réseaux sociaux. On y trouvait surtout du divertissement et de l’actu à chaud.

Maximilien Devay : encore aujourd’hui, l’essentiel des médias présents sur les réseaux sociaux rebondissent sur l’actualité. Nous pensons que ce n’est pas la meilleure stratégie car les algorithmes de Facebook, Youtube et consorts encouragent un traitement sensationnaliste de l’information. Cela induit les médias à créer, ou à orienter, leur contenu sur des sujets sensibles. Rien de compliqué à cela. Vous travaillez dans la presse donc vous comprenez ce que je dis, même la manière de tourner le titre d’un article aura forcément une conséquence sur la nature des commentaires et des posts qu’il suscitera. On a donc fait le choix de ne pas faire de l’actu à chaud, de privilégier les contenus froids. Ce qui est drôle c’est qu’on se fait parfois rattraper par l’actualité. Par exemple, on avait publié une vidéo il y a quelques temps au titre évocateur : « Que se passerait-il si toutes les bombes nucléaires stockées sur terre explosaient en même temps ? ». Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle a été remise sur le devant de la scène et a fini par générer un grand nombre de vues. On aborde nos sujets, non sous le prisme de l’actu mais de ce qui cristallise aujourd’hui la société. Résultat, on peut se targuer d’avoir une communauté très saine. Les gens ne s’écharpent que très peu sur les posts que l’on publie sur les réseaux. On en est fiers.

IN : pouvez-vous nous décrire votre ligne éditoriale ?

Maximilien Devay : nous voulons que chaque membre de notre audience apprenne quelque chose à travers nos contenus. Nous sommes littéralement dédiés à la connaissance, en témoignent nos trois concepts fondateurs que sont la découverte, l’innovation et la Science. C’est essentiel car il faut apprendre à vivre avec le monde qui va arriver. Il s’agit de journalisme de solution. On évitera de commencer une vidéo avec quelque chose de négatif, on en trouve tellement facilement sur les réseaux sociaux. Si l’on fait un sujet sur le nettoyage des plages, par exemple, on essayera toujours de le contextualiser avec un chapitre sur le temps que prend un mégot à se décomposer dans la nature.

Jérémy Nacache : on se définit plus comme un groupe de créateurs de contenus que comme un média au sens strict. On ne se refuse rien. Notre tagline le résume d’ailleurs parfaitement : « stay curious ». Nous voulons mettre en lumière des sujets dont on a entendu parler nulle part ailleurs et répondre à des questions que l’on ne s’est pas encore posées.

Maximilien Devay : on cherche à briser les bulles de filtres.

 

https://www.youtube.com/watch?v=4Gb2ZkCNKXE

IN : comment se décompose votre offre entre les vidéos que vous produisez vous-même et le reste qui provient « de la curation de contenus “repackagés” et réécrits », comme j’ai pu le lire dans le communiqué ?

J.N. : c’est assez fluctuant. D’ailleurs les contenus originaux ne font que croître. La vérité c’est que l’on préfèrera toujours créer du très bon contenu plutôt que dix vidéos par jour de moyenne qualité. Si vous vous baladez sur nos différentes chaines, vous constaterez que l’on publie beaucoup moins que les autres médias.

IN : avez-vous prévu d’aborder d’autres thématiques que l’innovation dans les mois ou les années à venir ?

J.N. : quand on s’est lancés en 2017, nous étions vraiment axés sur l’innovation. Très vite, on a réalisé que notre « terrain de chasse » était connexe avec les sciences. Résultat, le média évolue constamment pour devenir celui de la connaissance au sens large. On peut autant parler d’histoire, de biologie, d’écologie que de politique… tous les champs de la connaissance.

M.D. : mais nous sommes aussi conditionnés par nos canaux de diffusion. Dès qu’un nouveau réseau social émerge, il amène avec lui de nouveaux codes éditoriaux qui nous poussent à adapter nos contenus. Par exemple, on investit beaucoup Snapchat en ce moment avec les « Show », un format vertical de 3 à 7 minutes sensé proposer du contenu plus scénarisé. Cela nous a permis de lancer une série de vidéos qui traitent de questions que tu ne t’es jamais posées mais que l’on estime dignes d’intérêt, type : « comment se déplace le président américain ? », « comment Pixar a perdu Toy Story ? ». On peut parler de tous les sujets mais en termes de format, le challenge est de réussir à épouser les codes éditoriaux qui nous sont proposés.

Le seul fait de prendre du recul sur l’actualité nous permet d’aborder n’importe quelle thématique à n’importe quel moment.

IN : vous m’avez dit tout à l’heure vouloir « briser les bulles de filtre ». Comment y arriver et pourquoi le format court est-il, selon vous, la solution ?

M.D. : déjà par la manière de traiter les sujets. On n’a jamais été fans des faits divers, des sujets toujours très à chaud, et que l’on retrouve beaucoup aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Le seul fait de prendre du recul sur l’actualité nous permet d’aborder n’importe quelle thématique à n’importe quel moment. Par exemple, la guerre en Ukraine. Tous les médias la couvrent, tu en manges toute la journée, et c’est normal ! Mais quand tu atterris chez nous, on va te parler d’autre chose. On pourrait croire qu’on navigue à contre courant mais non. Voilà comment on sort des bulles de filtre et du rythme de publications imposées par l’actualité. Après, sur la seule question du format court, il permet d’initier une réflexion sur un sujet donné. Mais si son audience souhaite le creuser davantage, c’est à elle de le faire. En une minute montre en main, il est difficile d’expliquer la fusion nucléaire aussi bien que le ferait Einstein (rire). C’est pour cela que nous sommes parfaitement complémentaires avec des médias comme INfluencia, pour ne citer que vous.

J.N. : on ouvre des portes vers plein d’univers différents et c’est aux gens de les explorer.

 

 

IN : concernant votre modèle économique, le brand content est-il finalement le passage obligé pour n’importe quel média qui cherche à pérenniser son économie et à installer sa marque dans un secteur toujours plus compétitif ?

J.N. : je ne sais pas pour les autres mais en ce qui nous concerne, nous sommes un média indépendant qui se développe sur fond propre depuis 2017, après quelques levers de fonds au début de l’aventure. Les modèles économiques de la sphère médiatique reposent souvent sur plusieurs leviers. Nous cherchons toujours à varier nos sources de revenues, le brand content en est une, et ce depuis nos débuts. Il ne faut pas oublier que jusqu’en 2019, il n’y avait que Youtube qui rémunérait les créateurs de contenus. Aujourd’hui les choses ont changé avec Snapchat et Instagram qui ont raccroché le wagon.

M.D. : Mais surtout, nous choisissons avec attention les projets sur lesquels nous travaillons pour ne pas trahir notre ligne éditoriale. Le brand content est une belle opportunité pour nous car il nous finance des vidéos de meilleure qualité tout en nous donnant accès à des ressources folles. Là, par exemple on sort une vidéo pour Renault qui nous a fait découvrir tout leur design lab qui était extrêmement bien équipé. Ça nous donne aussi l’opportunité d’expliquer l’inexplicable, de traiter des sujets très techniques et de les rendre sexy pour les réseaux sociaux. Sans jamais brouiller la frontière entre publicité et journalisme.

Le brand content est une belle opportunité pour nous car il nous finance des vidéos de meilleure qualité tout en nous donnant accès à des ressources folles…

IN : vous nous parlez depuis la Vivatech avec laquelle vous accomplissez votre troisième partenariat d’affilée. Qu’est ce qui vous a motivé à retenter l’expérience ?

J.N. : notre relation avec la Vivatech s’est tissée de manière super naturelle. Et pour cause : parmi nos différentes chaines, nous avons « 1 innovation par jour », peut-être celle qui marche le mieux, donc les sujets que l’on traite tout au long de l’année on les retrouve quasiment tous ici.

M.D. : mais l’enjeu est double. C’est une fierté de s’associer à la plus grande messe de l’innovation de France, et peut-être même d’Europe, mais c’est aussi une opportunité incroyable de découvrir de nouveaux projets que l’on se devrait de faire connaître.

IN : Maximilien Devay, j’ai lu sur votre page Linkedin la citation suivant : « un bon contenu sans visibilité, c’est comme un bulot sans mayonnaise ». Avec l’arrivée croissante de médias vidéo sur les réseaux sociaux, qui tente d’occuper le même espace médiatique que vous, ne craignez vous pas que la mayonnaise, limitée par nature, manque de plus en plus pour assaisonner tous les bulots de ce monde ?

M.D. : donc vous aimez aussi les bulots (rire), on est rassuré. Bien sûr ! Dernièrement, vous avez Jamy Gourmaud, par exemple, qui s’est lancé un peu sur le même segment. La différence c’est que  comme je vous l’ai dit, on ne se considère pas comme un média au sens strict. Nous ne cherchons absolument pas à rester dans notre coin. Même Jamy pourrait être amené à faire une vidéo pour nous, on ne sait jamais. Chaque nouvelle personne qui se met à parler d’innovation rend les internautes plus curieux ce qui, à terme, conduira forcement nos vidéos à remonter plus souvent. Grossièrement, plus les réseaux sociaux tendent vers l’innovation et la connaissance, mieux on sera. Notamment car l’on se positionne en tant que leader de ce segment, les chiffres le prouvent.

C’est là qu’on intervient, je crois beaucoup à la marque employeur.

IN : avez vous des actus à venir dont vous pouvez nous parler ?

M.D. : oui, plusieurs, notamment en brand content. On va sortir une super vidéo pour Intel ou l’on explique une bonne fois pour toute comment – bien – choisir un ordinateur portable. Toujours la même rengaine, vous allez sur le site de la Fnac ou autre, vous entendez parler de Go Ram, de disque dur SSD, de processeurs Intel core i5 ou i7… la plus part des gens n’y comprennent rien. Donc on a réalisé une vidéo avec l’influenceur spécialisé V2F pour leur donner les clés. On a aussi la vidéo sur Renault pour présenter leurs équipes de modélisation 3D, que l’on a déjà évoquées. Et les choses s’accélèrent. En ce moment vous avez plein d’entreprises, et surtout de grands groupes, qui recrutent et qui ont besoin de contenus pour expliquer leurs métiers que souvent, en prenant l’exemple de notre projet pour Renault notamment, plus personne ne comprend. Les grands groupes, type Dassault, Airbus… les fleurons historiques de l’industrie française sur lesquels nos parents et leurs parents avant eux se seraient jetés ne savent plus trop se raconter. C’est là qu’on intervient, je crois beaucoup à la marque employeur.

 

 

 





source : www.influencia.net

agence de communication à Rennes

«On publie beaucoup moins que les autres médias, mais nos contenus sont de grande qualité. », Jérémy Nacache et Maximilien Devay, Explore Media.
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