The Good : Comment vous est venue lâidée de ce projet de cahier de tendances ?
Cécile Sémériva : Citeo, né de la fusion de deux éco-organismes (Ecofolio et Eco-emballage) a pour vocation dâaider les entreprises à trouver des solutions pour réduire lâimpact environnemental de leurs emballages et de leurs papiers. Alors que la filière papier avait du mal à lâépoque à identifier des innovations, nous sommes allés à la rencontre dâentrepreneurs pour les détecter â car qui de mieux que les entrepreneurs pour innover ? Nous avons ensuite étendu notre périmètre de détection de solutions sur lâensemble de la chaîne de valeur de lâéconomie circulaire : de la prévention à la mobilisation autour du geste de tri, lâécoconception des produits, leur recyclage, le réemploi, le vrac, etcâ¦
Nous avons alors lancé un concours de start-up dédiées à lâéconomie circulaire â le Circular Challenge â qui nous a permis dâidentifier depuis sa création plus de 1650 solutions à travers le monde. Nous avons ressenti le besoin de diffuser les connaissances acquises au fil des années – tant les tendances que lâon voyait poindre, que les projets que nous avions envie de pousser vers lâécosystème des « corporates ». Nous sommes allés chercher des partenaires pour nous aider (Sidièse et Peclers) à co-construire ce cahier de tendances. Notre objectif : diffuser la connaissance vers les porteurs de projets, qui sont les moteurs de la transition et du changement. Chez Citeo nous essayons de réconcilier la performance économique et la performance environnementale.
The Good : Que nous réserve cette deuxième édition ?
CS : Le cahier de tendances de cette année est dans la continuité des grandes tendances observées lâan dernier, amplifiées autour de ces deux axes structurants : lâindustrialisation et la collaboration. Les grandes tendances de cette 2ème édition sont :
- 1# Nouveaux usages : comment se déploient lâinnovation dâusage et lâéconomie de la fonctionnalité ; comment se développent les nouveaux usages autour de lâemballage ré-employable ou le vrac, â¦
- 2# Territoire et synergies dâacteurs : comment on coopère pour protéger la biodiversité, comment on mobilise des communautés solidaires et circulaires sur les territoires
- 3# Deeptech, digitalisation et traçabilité : comment on déploie la traçabilité à grande échelle pour plus de transparence sur la vie des emballages ; comment le deep learning se met au service dâun recyclage optimisé (qualité de la matière recyclée, bonne interconnexion de la chaîne de valeur, â¦)
- 4# Matières innovantes : comment les matériaux innovants sont en train de sâindustrialiser, comment on développe le sujet du juste emballage (réduction de la matière et recyclage).
Dans ce cahier de tendances nous avons la chance dâavoir des témoignages de personnalités expertes qui sont venues apporter leur éclairage, en complément des solutions que nous avons identifiées. Nous retrouvons Bertrand Piccard, Stéphanie Goujon, Hervé Navellou, ⦠Cela prouve leur engagement sur ces sujets au-delà de leurs activités du quotidien. Câest un signal fort dâavoir ces personnalités à nos côtés.
Le consommateur est un citoyen qui a envie dâagir de façon responsable dans son quotidien, et nous avons envie de lâaider à être cohérent dans sa vie de citoyen et de consommateur
CS : Lâéconomie circulaire câest une logique de partage pour économiser nos ressources communes. Elle est indispensable pour atteindre nos objectifs climatiques, de biodiversité et de transition écologique. On va passer tout doucement dâune logique très linéaire, de volume, à une logique circulaire, de flux. Il sâagit de se demander comment à son niveau on peut aider le suivant ou le précédant dans la chaîne. Ce sont des interactions permanentes entre les innovateur.rice.s / les entrepreneur.se.s avec les grands acteurs économiques que sont les grandes entreprises, celles qui sont à lâorigine de la création des emballages. Câest aussi une interaction permanente avec les recycleurs, les fabricants et les consommateurs quâil ne faut pas oublier. Le consommateur est un citoyen qui a envie dâagir de façon responsable dans son quotidien, et nous avons envie de lâaider à être cohérent dans sa vie de citoyen et de consommateur. Câest un engagement collectif. Sans le consommateur qui effectue son geste de tri, sans le fabricant qui éco-conçoit le produit, sans les acteurs du réemploi, du vrac et du recyclage, on nâarrivera pas à faire cette boucle.
Pour trouver de nouvelles solutions et accélérer, les entrepreneurs ont besoin de clients et dâinvestisseurs. Nous les aidons vers ce passage à lâéchelle, pour mettre ces solutions sur le marché, le plus vite possible et le mieux possible. A travers Circular Challenge nous détectons des solutions auprès dâentrepreneurs et nous les mettons en relation avec lâécosystème, avec des clients et des investisseurs potentiels. Puis nous accompagnons les expérimentations en vue de leur financement et du déploiement commercial. Nous faisons en sorte que les acteurs se rassemblent pour co-créer les produits et solutions de demain.
The Good : Lâautre grand axe structurant du cahier de tendances est la collaboration, avec les territoires notamment ?
CS : Il est évident que la collectivité territoriale est un acteur majeur de lâéconomie circulaire. Câest elle qui est maître sur son terrain de la gestion de la fin de vie des déchets. Plus elle est engagée sur ce terrain de lâéconomie circulaire, plus elle va mettre à disposition des moyens pour les acteurs de pouvoir concrétiser ces expérimentations ou des projets dâusines. Et plus elle est ouverte à lâinnovation, plus on va pouvoir incrémenter et répliquer sur des territoires ces solutions dâéconomie circulaire. Par exemple, si une collectivité sâengage sur le système du réemploi, cela accélérera le maillage entre les acteurs du même territoire.
The Good : Quel chemin reste-t-il à parcourir pour les entreprises sur la question du recyclage ?
CS : Le recyclage a beaucoup progressé ces dernières années mais on sâest rendu compte que lâon arrive à un palier, ce qui implique que nous devons trouver de nouvelles modalités de travail commun pour pouvoir « cranter ». Cela passe par lâinnovation, câest très clair, et tous les acteurs convergent vers ce point : comment, ensemble, aller plus loin, et tendre vers 100% de taux de recyclage des emballages et des papiers. Câest notre objectif commun, mais nous devons travailler sur les besoins de chacun.
Par exemple, concernant le sujet de la diffusion massive de papiers, cartons, emballages issus du e-commerce, nous travaillons avec la fédération de la vente à distance (Fevad) et avec nos clients pour réduire lâimpact environnemental des emballages et trouver des solutions dâemballage ré-employable. Une des start-up que nous avons identifiées lâan dernier, Hipli, a inventé une enveloppe à base de résine plastique ré-employable plus de 100 fois. Elle a déjà signé un partenariat stratégique avec La Poste et Cdiscount.
Câest ce type de start-up que nous souhaitons mettre en avant. Plus elles ont de visibilité, plus cela crée de lâattractivité pour elles, plus elles ont dâinteractions business, et derrière des investisseurs. Nous voulons vraiment jouer ce rôle dâaccélérateur, par exemple via la médiatisation de notre cahier de tendances.
The Good : Quelle est votre feuille de route pour 2022 ?
CS : Nous voulons travailler à un éventail de solutions qui ne sont plus uniquement des solutions sur le recyclage, mais sur le remploi et tous les nouveaux enjeux issus de la Loi Agec et de la Loi Climat et résilience, pour plus de performance.
Nous sommes tous en train de converger vers de nouveaux modèles économiques, sans trop savoir comment sây prendre. Comment assurer la rentabilité économique tout en ayant à cÅur la performance environnementale? Pour y arriver, nous devons absolument mesurer lâimpact de ces solutions ; pouvoir les objectiver afin de structurer le marché. Nous travaillons sur différentes méthodologies en lien avec les start-up et notre écosystème pour trouver une convergence dâindicateurs qui vont aider les entreprises à sây retrouver.
Retrouvez le cahier de tendances Citeo ici et les nombreuses solutions présentées : Hipli, Flexikeg, Pyxo, Algramo, Bric à Vrac, Jean Bouteille, Plastic Fisher, Clear Rivers, Lakaa, Pikpik, Labeel Emmaüs, RRDD, Holygrail 2.0 et sa technologie Watermarks, New Hope Ecotech, Lixo, Litterati, Malengé, Lactips, Laserfood, Packitoo. Une sélection qui fait la part belle aux start-up mais aussi aux PME plus anciennes (comme Malengé et ses 113 ans dâexistence).
source : www.influencia.net