INfluencia : Quelles sont les raisons qui poussent les conducteurs à acheter un véhicule électrique aujourd’hui ?
Caroline Hugonenc : Elles ont évolué depuis lâarrivée de la pandémie. La première raison qui les encourage aujourdâhui à acheter une voiture électrique est dâordre environnemental alors que dans le passé, leur principale motivation était économique. Ce changement mis en avant dans notre étude est intéressant et mâa surprise.
Le site de la marque sâaffirme comme un point de contact incontournable dans le parcours dâachat.
IN : Quels sont les autres éléments qui vous ont étonné dans votre étude ?
C.H. : Il y en a plusieurs. Jâai tout dâabord été surprise de constater que les sites des marques étaient devenus le support le plus influent pour les consommateurs devant les sites dâinformation et les publicités. La visite du site web dâun constructeur est lâaction la plus probable (40%) après avoir vu une annonce en ligne pour lâautomobile. Le site de la marque sâaffirme, par ailleurs, comme un point de contact incontournable dans le parcours dâachat. En Europe, 49% des personnes qui souhaitant acheter un véhicule électrique commencent leurs recherches en visitant le site de son fabricant et à peine 28% se rendent en concession. Les marques automobiles en France continuent pourtant dâinvestir la moitié de leur budget marketing dans des publicités télévisées et à peine 10% sur le digital. Les constructeurs allemands consacrent, eux, 44% de leurs investissements au web et à peine 22% à la télévision. Il existe un réel décalage de maturité entre ces deux marchés.
Les marques automobiles en France continuent dâinvestir la moitié de leur budget marketing dans des publicités télévisées , à peine 10% sur le digital.
IN : Quel va être lâimpact de lâessor des modèles électriques sur le marché automobile mondial ?
C.H. : Lâélectrique va totalement rebattre les cartes sur ce marché. Depuis des années, lâimportance des différents constructeurs restait à peu près égale mais de plus en plus de nouvelles marques qui proposent uniquement des véhicules rechargeables commencent à apparaître. Au second semestre 2021, les marques chinoises contrôlaient déjà une part de marché de 4% en France. Cette évolution va contraindre les constructeurs traditionnels à se positionner sur lâélectrique et lâhybride.
Les marques doivent toutefois faire attention aux messages quâelles diffusent car elles doivent se différencier de leurs concurrents.
IN : Beaucoup le font déjà â¦
C.H. :  Câest vrai. 450 lancements de voitures électriques sont prévus pour 2022. Câest énorme. En France, 32% des investissements publicitaires des constructeurs concernent des modèles électriques et 25% des versions hybrides alors que ces véhicules représentaient, lâannée dernière, respectivement 9,8% et 17,3% du marché automobile. Les marques doivent toutefois faire attention aux messages quâelles diffusent car elles doivent se différencier de leurs concurrents.
IN : La pénurie mondiale de semi-conducteurs ne risque-t-elle pas dâavoir un impact sur le comportement des consommateurs ?Â
C.H. : Câest déjà le cas. Les problématiques dâapprovisionnement affectent sérieusement les décisions dâachat. 89% des consommateurs qui prévoient dâacheter un véhicule au cours des deux prochaines années sont conscients de cette problématique. 31% déclarent que cette crise affectera leur projet dâachat. Plus précisément, 14% envisagent de s’orienter vers un véhicule dâoccasion à court terme, 9% choisiront parmi les marques disponibles, et 8% reporteront leur achat (5% en Europe). 31% des prospects sâattendent également à des remises commerciales en cas dâattente prolongée (34% en Europe).
IN : Cette crise ne doit pas encourager les constructeurs à réduire leurs investissements publicitaires et à mettre moins en avant des modèles électriques quâils pourraient avoir du mal à  livrer ?
C.H. : Au contraire. Les marques devraient profiter de cette période pour communiquer davantage sur lâélectrique. Elles ont encore beaucoup de travail dâéducation à faire auprès des conducteurs. 70% des consommateurs affirment en effet ne pas bien comprendre les bénéfices des véhicules électriques. Même si leurs ventes ont tendance à chuter, les constructeurs devraient accroître leur budget marketing et communication afin de mieux éduquer les particuliers.
source : www.influencia.net