LâOcéan représente près de 71% de la surface de la planète. Un gisement considérable dâénergie qui représenterait entre 8 000 et 100 000 milliards de kilowattheures selon différents spécialistes. Une production dâénergie significative dont lâécart arithmétique sâexplique par la pluralité des méthodes envisagées. Malgré ses potentiels, les énergies des mers ont été très largement oubliées des budgets de recherche et développement. En France, elles ont représenté ces trente dernières années seulement 0,1 % du budget consacré au secteur de lâénergie.
Cinq énergies marines
Les technologies océaniques ont beau être puissantes, elles sont dispersées et donc difficilement collectables. Câest pour cela que différentes méthodes de capture ont été mises au point. La plus ancienne et la plus mature dâentre elles est lâénergie marémotrice. Il sâagit dâexploiter la variation du niveau de lâeau en fonction des marées. à lâimage dâun barrage horizontal, la centrale marémotrice laisse passer lâeau en son sein via des ouvertures lors des marées hautes. Lorsque la marée redescend, lâeau accumulée se retrouve piégée dans des bassins situés en hauteur, puis libérée afin dâactionner des turbines générant de lâélectricité. Lâavantage de cette méthode se trouve dans la prévisibilité des marées et le faible coût dâexploitation de lâinfrastructure, bien que lâinvestissement initial soit élevé. Seconde énergie, celle de la houle des vagues, baptisée énergie houlomotrice. Cette dernière fonctionne à partir de flotteurs en série installés sur de vieilles plateformes pétrolières ou à proximité de digues maritimes. Lâintérêt réside dans la densité énergétique de la houle, sa nature incessante ouvrant la voie à une production considérable. De nombreux projets pilotes ont dâailleurs été lancés en Europe. Troisième énergie, celle des hydroliennes, qui exploite la puissance des courants sous-marins à lâimage des éoliennes terrestres avec le vent. Il sâagit généralement de turbines fixées au sol, parfois même des cerfs-volants qui exécutent une trajectoire en forme de huit. Les éoliennes offshore ne sont pas dans cette catégorie. Quatrième méthode, lâénergie thermique des mers, qui exploite notamment dans les zones tropicales la différence de température entre les eaux profondes froides (environ 5 °C) et les eaux de surface plus chaudes (environ 25 °C). Mais il sâagit dâune énergie très balbutiante, à lâimage de la cinquième et dernière méthode, lâénergie osmotique, qui exploite la différence de salinité entre lâeau douce et lâeau de mer.
Une façade maritime de 11 millions de km2
Au-delà de la dimension renouvelable et inépuisable des énergies océaniques, câest aussi leur très faible impact sur le paysage qui intéresse. Face aux polémiques sur lâéolien terrestre, les énergies des mers pourraient tirer leur épingle du jeu. Si ces dernières sont intermittentes, celles qui tournent à la houle et aux courants nâen sont pas moins prédictibles, ce qui permet de mieux piloter lâélectricité, par nature difficilement stockable. Autre argument, la France bénéficie de onze millions de km2 dâeau de mer, un gisement considérable inégalé par ses voisins européens. Non reliées au réseau hexagonal, les collectivités dâOutre-mer pourraient aussi en bénéficier allègrement et y trouver une forme dâindépendance énergétique. En termes de conséquences environnementales, les systèmes dâores et déjà mis en place ont un impact a priori assez faible. Les turbines hydroliennes tournent par exemple assez lentement pour ne pas hacher les poissons. Mais les études restent rares, et lâusage de produits chimiques pour éviter lâinstallation dâalgues sur les surfaces immergées semble bel et bien dégrader les fonds marins et les organismes qui y vivent.
Ãnergies complémentaires, mais pas révolutionnaires
Selon plusieurs spécialistes, les énergies marines ne seront pas aussi salutaires quâon pourrait lâespérer. Le dernier rapport de lâassociation Négawatt estime à 0,5 % sa production dâénergie sur lâensemble des énergies renouvelables dâici 2050. Lâorganisme rappelle que le monde marin connaît des courants et des houles violentes, et que le caractère corrosif du sel dégrade les infrastructures immergées. Le coût est très élevé, et demande de gros investissements industriels. Même son de cloche pour le rapport « Futurs énergétiques » de RTE, qui parle dâune faible maturité technologique qui empêche un déploiement de grande ampleur à court terme. Les autres énergies renouvelables, au premier rang desquelles lâéolien et le solaire photovoltaïque, apparaissent nettement plus efficaces. Un constat logique au regard des investissements progressifs dont ces technologies ont bénéficié ces dernières décennies. Pour autant, lâAdeme rappelle que la courbe de réduction des prix de lâélectricité hydrolienne est particulièrement encourageante. Certaines entreprises françaises comme HydroQuest travaillent dâailleurs à une meilleure robustesse des dispositifs, produisant un élan industriel salutaire. Car même si les énergies des mers restent modérées dans la production dâélectricité, la diversité quâelles apporteraient serait particulièrement appréciée, les énergies renouvelables étant connues pour leur variabilité.
source : www.influencia.net