Des entreprises spécialisées dans la collecte des données personnelles, qui récoltent les coordonnées d’utilisateurs britanniques pour le compte de bars et restaurants, présentent des politiques de confidentialité abusives.
Les bars et les restaurants britanniques doivent récolter les coordonnées de leurs clients. © Daisy – stock.adobe.com
Alors que la pandémie de la Covid-19 se renforce aux quatre coins du globe, de nouvelles mesures sont instaurées par les différents gouvernements pour lutter contre le virus et ralentir sa progression. En France, le protocole sanitaire vient d’être renforcé, obligeant les restaurants situés dans les zones d’alerte maximale à collecter les coordonnées de leurs clients pour les contacter en cas de risque de contamination au coronavirus.
Si l’Hexagone reste au stade du « listing papier » (sous la forme d’un cahier de rappel), avec l’obligation de détruire les données sous 14 jours, le Royaume-Uni est quant à lui déjà passé la vitesse supérieure en optant pour une autre méthode : le QR code. Si le système en ligne paraît à première vue constituer un gain de temps pour les professionnels du secteur, qui ont pu ouvrir à nouveau leurs portes en juin dernier, il aurait pour conséquence de graves dérives liées à la confidentialité des données personnelles, vendues à but lucratif.
Des données personnelles revendues à des entreprises de marketing, de crédit ou des courtiers d’assurance
Afin de répondre aux mesures imposées par le gouvernement britannique, les bars et les restaurants situés aux Royaume-Uni doivent collecter une série d’informations personnelles auprès de leurs clients, en vue de les transmettre à l’agence nationale de santé. Il s’agit notamment de :
- leur nom,
- leur adresse,
- leur numéro de téléphone
- leur adresse email.
Ces données peuvent être conservées sous un délai de 21 jours maximum et ne doivent être utilisées que dans le cadre du programme NHS Test and Trace.
Pour accélérer la procédure, un système permettant de scanner un QR code pour renseigner ces informations a été mis en place et rapidement adopté par les professionnels de l’hôtellerie, de la restauration ou encore des loisirs. Selon une enquête publiée par le Times, ces données personnelles seraient revendues à des entreprises tierces, spécialisées dans le marketing, le crédit, ou encore à des courtiers d’assurance, pour lesquels la possession de ces bases de données représente une mine d’or.
Des données stockées pendant 25 ans, selon certaines politiques de confidentialité illégales
L’alerte a été donnée par de nombreux experts, notamment des juristes, qui mettent en garde les utilisateurs britanniques contre les politiques de confidentialité abusives de certaines entreprises, qui collectent les données de suivi et de traçabilité pour le compte des bars et des restaurants. Certaines conditions, souvent rédigées en petits caractères, stipulent que ces données peuvent être utilisées à d’autres fins que le programme NHS Test and Trace, ce qui est interdit par la loi britannique.
Selon les applications utilisées, certaines permettraient de stocker les données des utilisateurs pendant une durée maximum de 25 ans et de les partager avec des entreprises tierces. Ce serait ainsi le cas de Pub Track and Trace (PUBTT), utilisée par une chaîne de restaurants à Londres ainsi que des bars en Angleterre et au Pays de Galles, qui permet de « faire des suggestions et des recommandations sur des biens ou des services susceptibles de vous intéresser », indique sa politique de confidentialité.
Alors qu’une nouvelle version de l’application française StopCovid doit être lancée dans les prochains jours, la question de la protection des données personnelles reste encore et toujours au cœur des débats.
À lire également
StopCovid : 14 notifications seulement, des coûts très importants
Recevez par email toute l’actualité du digital
