Alors quâun déluge de catastrophes naturelles sâabat sur le monde à un rythme effréné (incendies, sécheresses, inondationsâ¦), et à trois mois de la conférence climat COP26, le GIEC a dévoilé le 9 août dernier un rapport inédit et alarmant sur la crise climatique. Le constat des experts du climat de lâONU est sans appel : les impacts du dérèglement climatique vont sâaccélérer, et devenir palpables bien avant 2050.
Ces dérèglements majeurs, largement imputables à lâactivité humaine, exercent également des tensions sur lâactivité des entreprises, du fait des problématiques croissantes de raréfaction des ressources qui menacent la résilience des modèles traditionnels.
Ikea, fabricant de meubles en kit, sâinquiète de la disponibilité des ressources en bois. Les fabricants de smartphones déplorent quant à eux la disparition des terres rares et des ressources en aluminium. Ou encore, lâaugmentation brutale des prix de lâacier a pesé sur les comptes des entreprises de construction en ce début dâannée 2021.
De plus, lâépisode pandémique de la Covid-19 nous a mis face à une autre réalité, plus abstraite, mais tout aussi cruciale : lâinterconnexion croissante des enjeux et des acteurs, et la nécessité de coopérer pour générer des solutions partagées. La coopération autour de la recherche pour un vaccin en est un témoignage.
Ces alertes climatiques, économiques et sanitaires sâaccompagnent dâévolutions sociétales et législatives de long terme, dans le monde entier.
Ainsi, les consommateurs placent désormais lâimpact social et environnemental au cÅur de leurs décisions dâachat, et pas uniquement en Europe. Une étude récente montre que les consommateurs en Chine, en Inde et en Indonésie sont en effet les plus susceptibles de payer davantage pour un packaging durable (McKinsey Packaging Survey, 2020).
Les entreprises, quant à elles, se questionnent sur leur raison dâêtre et sâérigent au rang dâentreprises à mission. Parmi les nombreuses « licornes » françaises avérées ou en devenir, on compte nombre dâentreprises qui placent la transition écologique et sociale au cÅur de leur activité : Back Market, Vestiaire Collective, Ynsect, Phénixâ¦
De nouveaux modèles émergent donc, pour lesquels la question de la compatibilité de nos principes de création de valeur avec la préservation des écosystèmes vivants nâest désormais plus un sujet. Des penseurs de la stratégie dâentreprise et de lâinnovation ont démontré au contraire lâintérêt de concilier les deux approches (cf. Michael Porter â « We need to understand that whatâs good for the community is good for business »).
Il paraît néanmoins indispensable de questionner nos méthodes et nos outils dâaccompagnement à lâinnovation. Comment innover en prenant en compte la question des impacts, trop souvent négligée ou sous-estimée ? Comment intégrer le développement durable à nos réflexions, en évitant lâécueil du greenwashing ? Comment développer des offres générant plus dâadhésion et de retour sur investissement dans la durée ? Mieux encore, comment contribuer par lâinnovation à régénérer notre environnement ?
Le Design Thinking, pratiqué quotidiennement chez Lonsdale, sâest avéré un formidable outil de management de lâinnovation, plaçant le consommateur et ses besoins au cÅur du processus de conception et de création. Il a également permis de décloisonner les pratiques pour gagner en pertinence et en utilité.
Mais face aux nouveaux enjeux du XXIème siècle, il a également montré ses limites. Il nâintègre pas forcément dâobjectif de durabilité et de responsabilité, et peut même parfois être décliné en simple « boîte à outils », à la finalité non maîtrisée. En particulier, la question des impacts arrive souvent trop tard dans les processus dâinnovation, alors même que nous savons que 80% des impacts se jouent en amont, lors des toutes premières phases de conception (Source : Commission Européenne/ réseau Circulab).
Sâadapter à ces nouveaux impératifs nécessite donc une refonte complète de notre mode de pensée et de nos outils dâintervention. Nous devons être capables dâintégrer dans une même approche systémique création de valeur économique, prise en compte des impacts et gestion experte des marques. Câest ainsi que nous relèverons ensemble le défi dâune innovation plus vertueuse et régénérative !
ââMarina Mariani, Directrice de Projets Innovation, Lonsdale
Marc-André Allard, Associé, Directeur de lâInnovation, Lonsdale
Cette article à d’abord été publié dans thegood.fr
source : www.influencia.net