INfluencia : La note moyenne pour juger de la situation du pays, qui sâétablit à 5,4 cette année, atteint un niveau inégalé depuis 15 ans. A titre personnel, tout semble aller bien et mieux pour les personnes que vous avez interrogées. Comment expliquez-vous ce regain dâoptimisme alors que la crise sanitaire continue de frapper lâensemble de la planète ?Â
Flavien Neuvy : Le moral des ménages est très lié à la conjoncture macro-économique. En 2021, la reprise économique a été très forte et la situation de lâemploi sâest nettement améliorée. En France, la croissance a atteint 6% ce qui nâétait pas arrivé depuis 50 ans et le taux de chômage a chuté pour retrouver une moyenne comparable à celle de 2008. Ces chiffres ont redonné aux particuliers lâenvie de consommer et ce en dépit du retour de lâinflation qui inquiète et encourage les ménages à épargner davantage.
IN : Nâest-il pas paradoxal de vouloir épargner lorsque lâinflation repart à la hausse ?
F.N. : Aucunement car la hausse de lâinflation entraîne une augmentation des taux dâépargne comme on vient de le voir avec le Livret A. Lâoptimisme retrouvé des consommateurs a aussi une autre explication. En 2020, les experts nous promettaient un cataclysme économique avec dâimportantes vagues de licenciements et des faillites par milliers. Lâhistoire a montré que ces discours étaient très exagérés car aucune de ces prévisions ne sâest concrétisée. Mieux même, câest lâinverse qui sâest passé. Ce revirement inattendu a joué sur le moral des gens.
IN : La France se distingue-t-elle des autres pays européens que vous avez étudié ?
F.N. : Le rebond du moral est particulièrement solide en France puisquâil a progressé de 1,1 point en un an pour atteindre 5 points. Le niveau dâépargne est également très élevé ce qui est un peu surprenant car nous sommes déjà un peuple qui a tendance à mettre beaucoup dâargent de côté. Le retour de lâinflation semble nous inciter à faire preuve de prudence dans la gestion de nos liquidités.
IN : Ces tendances sont-elles appelées à se confirmer cette année ?
F.N. : Tout dépendra de lâévolution du niveau des prix qui pourrait rogner le pouvoir dâachat des ménages même si ce nâest scénario nâest pas celui qui est privilégié par les banques centrales qui tablent sur un retour de lâinflation à 2% vers la fin de lâannée. Lâévolution de la croissance et les aléas sanitaires pourraient aussi avoir un impact sur le moral des consommateurs. Lâannée 2022 est donc pleine dâincertitudes même si les fondamentaux sont solides.
IN : Votre baromètre donne un coup de projecteur sur lâéconomie circulaire cette année. Pourquoi ?
F.N. : Depuis plus de 30 ans, nous mettons en exergue chaque année un sujet dans lâactualité et nous faisons des prospectives pour déterminer son évolution. Lâéconomie circulaire semblait cocher toutes les cases car câest un thème dont on parle beaucoup actuellement et tous les éléments semblent réunis pour que sujet devienne de plus en plus important dans les années à venir.
IN : Quels sont les principaux enseignements de lâétude que vous avez faite à ce sujet ?
F.N. : Lâéconomie circulaire est un concept qui reste mal connu par lâensemble de la population car à peine 25% des Européens affirment savoir ce quâil signifie exactement. Cela nâempêche pourtant pas 85% des personnes que nous avons interrogés de dire quâils en ont une très bonne image. Lorsquâon demande aux consommateurs les raisons pour lesquelles ils pratiquent lâéconomie circulaire, la protection de leur porte-monnaie lâemporte sur celle de lâenvironnement. Les particuliers achètent des produits dâoccasion pour dépenser moins, ils réparent pour économiser et revendent des objets quâils nâutilisent plus pour faire entrer de lâargent dans leurs caisses. Ces pratiques leur permettent de gagner beaucoup dâargent. Les sondés nous ont déclaré que la revente de produits leur permettait dâempocher en moyenne 77 euros par mois. Les Britanniques sont les premiers de ce classement (115 euros), devant les Allemands (105 euros) et les Danois (90 euros). Les Hongrois (27 euros), les Tchèques (35 euros) et les Slovaques (37 euros) ferment la marche alors que les Français se situent dans la moyenne des 17 pays étudiés (67 euros).
IN : Les Français ont-ils des réactions particulières concernant lâéconomie circulaire ?
F.N. : Pas réellement. Il existe, par contre, un gros décalage entre les pays dâEurope de lâouest comme la France, le Royaume-Uni, lâAllemagne et lâEspagne et ceux de lâEurope centrale qui pratiquent moins lâéconomie circulaire.
source : www.influencia.net