The Good : Quelles ont été les motivations / le point de bascule permettant d’envisager la formulation de votre raison d’être et la mise en place de nouveaux objectifs RSE ?
Stéphanie Boutin : Bien entendu, la Matmut nâa pas attendu dâavoir 60 ans pour sâengager, défendre une certaine conception de son métier dâassureur et porter ses valeurs de proximité et de solidarité, notamment. Toutefois il était important de réaffirmer, dans un monde qui vit de profondes transformations, qui nous sommes, ainsi que nos engagements et nos actions pour répondre aux nouveaux défis sociétaux, environnementaux, économiquesâ¦Dâune certaine façon, il sâagit de révéler ce qui a toujours été là , dans lâADN de la Matmut, en saisissant pour ce faire, lâoccasion de lâanniversaire de ses 60 ans.
Afin de formaliser sa Raison dâêtre, le Groupe Matmut, sous lâimpulsion de son Président Christophe Bourret et de son Directeur général Nicolas Gomart, a opté pour une démarche dâampleur inédite de co-construction. Lâensemble des acteurs de notre organisation mutualiste ont été consultés, via une plateforme élaborée en lien avec OpinionWay : plus de 4 millions de sociétaires, 830 délégués, les membres du Conseil dâAdministration ainsi que les 6 300 collaborateurs du Groupe.
Cette démarche a été un réel retour aux racines du mutualisme, lâavis de chacune et chacun comptant, à part égale. Il sâagissait de cerner de façon fine les préoccupations, les perceptions sur les enjeux et les engagements du Groupe. Pour in fine être le plus pertinent possible, à lâavenir, dans les choix, les orientations du Groupe, ses engagementsâ¦
The Good : Pouvez-vous nous résumer en quelques points clés la singularité de la Matmut ? (Gouvernance, Business Model, Etc)
S.B. : Avec 4 millions de sociétaires et plus de 7,6 millions de contrats gérés, le Groupe Matmut est un acteur important sur le marché de lâassurance en France, avec la volonté dâêtre un acteur complet, dans les domaines de lâassurance dommages, des assurances de personnes, de lâépargne, etc. Ainsi, nous sommes présents sur les mêmes marchés que nos concurrents, quelle que soit leur forme dâorganisation et soumis à la même réglementation, etc.
Cependant, la spécificité de la Matmut est bien dâêtre une mutuelle, donc fondamentalement des gens qui se retrouvent autour dâun objectif commun : protéger leurs biens, leur cellule familiale, leur santé, etc. Cette forme dâorganisation mutualiste fait que les assurés sont, en même temps, les assureurs et sont donc acteurs des choix de lâentreprise.
Contrairement à une entreprise privée, de type capitalistique, la Matmut ne rémunère ni actionnaires, ni intermédiaires. La gouvernance est choisie démocratiquement. Les sociétaires élisent les délégués, qui les représentent et sâexpriment en leur nom lors des Assemblées Générales.
Le Groupe a enfin historiquement une implication forte sur les enjeux de société, par exemple en matière de santé publique, comme il lâa encore démontré récemment au plus fort de la crise sanitaire.
The Good : Quels sont les objectifs clés de votre feuille de route en matière de good ? Des données chiffrées éclairantes à nous communiquer ?
S.B. : La formalisation de la Raison dâêtre du Groupe est tout sauf une opération de communication. Le plus important sera de lâincarner concrètement, via des actions, des engagements, en cohérence. Elle agira comme un ââtamisââ dans les choix, les décisions du Groupe. Les engagements de la Matmut sont déjà nombreux mais il y aura un indéniable effet de cristallisation, sur les 3 piliers de la politique RSE du Groupe : le développement durable, lâinclusion et la santé / le bien-être. Notre Raison dâêtre va véritablement devenir la boussole des actions de la Matmut dans le futur. Dans lâexercice de son métier dâassureur mais aussi dans ses initiatives et engagements pour répondre aux défis du monde qui nous entoure.
Par ailleurs, jâévoquais le travail de consultation mené auprès de nos parties prenantes. Il nous a permis dâétablir un baromètre « Les transitions de la société française », particulièrement éclairant.
Premier enseignement issu du baromètre, près de 9 répondants sur 10 pensent que les entreprises doivent sâimpliquer dans lâintérêt général et le bien commun. Cela conforte la Matmut dans sa conviction : pour les entreprises, câest lâépoque du ââetââ. Pas du ââouââ. Solidité économique ET engagement sociétal.
Ensuite, les objectifs du Groupe en matière de RSE tiendront naturellement compte des autres enseignements du baromètre. Quâils concernent par
exemple les préoccupations en matière dâaccès aux soins, de sécurité sanitaire, ou encore lâattitude ambivalente de nos concitoyens face aux évolutions technologiques rapides. Nâoublions surtout pas en outre que la Matmut est un assureur, quâil joue dès lors un rôle en matière de protection de celles et ceux qui lui font confiance. Les répondants à notre baromètre se sentent globalement peu protégés face à des risques émergents : la cybercriminalité, lâexposition à la pollution atmosphérique ou encore les conséquences du réchauffement climatiqueâ¦
Derniers enseignements livrés par notre baromètre, les répondants ont, dans leur grande majorité, indiqué un fort sentiment de vulnérabilité et répondu constater une baisse certaine de la solidarité. Les personnes sondées en appellent à un retour à la solidarité intergénérationnelle.
The Good : Peut-on parler d’enjeux ou d’avantages d’éco-responsabilité, d’engagement social et d’impact environnemental spécifiques au marché assurantiel ? Comment y faites-vous face ?
S.B. : Un point important à rappeler : un assureur doit être présent pour accompagner les transitions, les évolutions, quâelles soient sociétales, environnementales, technologiques, etc. Il ne les provoque pas. La Matmut assure plus de 2,8 millions dâautomobiles. Nos offres dâassurance intègrent les pratiques liées à lâéconomie collaborative, comme le covoiturage, lâautopartage. Des usages souvent liés à des préoccupations économiques, mais aussi environnementales de nos sociétaires. La Matmut propose par ailleurs des stages dâéco-conduite, gratuits, à ses sociétaires, leur permettant de réduire leur consommation de carburant.
Le moindre impact écologique est aussi à appréhender dans les pratiques des professionnels avec lesquels le Groupe collabore. Dans le cadre de travaux de remise en état dâun véhicule, la Matmut privilégie autant que possible le débosselage sans peinture, la pièce de réemploi⦠Autre exemple, la Matmut, par lâintermédiaire des réparateurs automobiles de son réseau, prend en charge les coûts de retraitement des déchets.
En matière de développement durable, en tant quâorganisation, nos efforts sont déployés pour tendre vers une entreprise zéro déchet plastique. A ce titre nous sommes fiers de lâinspiration que nous puisons auprès de lâexpédition Plastic Odyssey, que nous soutenons, qui sâest donnée pour mission dâamorcer une responsabilité écologique collective en luttant contre la pollution plastique dans le monde, afin de préserver lesâ¯océans.
Entre autres sujets, portés par toutes les Directions du Groupe, évoquons les chantiers immobiliers menés par la Matmut, qui vise en la matière une haute performance environnementale et énergétique : la Matmut a ainsi construit il y a quelques années lâimmeuble La Filature, à Rouen, plus grand bâtiment tertiaire labellisé Passivhaus de France.
Enfin, comme les autres entreprises de son secteur, le Groupe Matmut est un investisseur institutionnel. Il renforce de façon continue sa politique dâinvestissements responsables. Il sâappuie essentiellement sur la politique mise en place par sa filiale OFI, qui est signataire des Principes pour lâInvestissement Responsable (PRI). Cela concerne notamment la politique dâexclusion du charbon. Nous investissons par ailleurs dans des fonds en faveur de la transition énergétique et de lâemploi ou encore en faveur de la dépollution.
The Good : Prévention, mécénats, soutien à la recherche, à l’innovation, à la vie culturelle etc : parmi les actions menées par la Matmut en matière de good, laquelle fait particulièrement votre fierté et en quoi incarne-t-elle tout à fait votre vision de l’impact positif ?
S.B. : La Matmut est une entreprise normande, née à Rouen il y a 60 ans. Vous me permettrez donc de vous faire une réponse de Normande, en restant évasive : tous les engagements sont importants, car ils témoignent de lâimplication complète de notre entreprise, dans différentes facettes de la vie de la Cité. Si je devais cependant évoquer un domaine que je connais plus particulièrement, en ma qualité de Directrice de la communication du Groupe, ce serait son action dans le domaine culturel.
Que ce soit en matière de mécénat, avec un travail de co-construction très apprécié des structures culturelles que nous soutenons, ou via le Centre dâart contemporain de la Matmut â Daniel Havis, situé en périphérie de Rouen et que nous gérons de A à Z, un seul mot dâordre : lâaccessibilité. Accessibilité des publics les plus éloignés de la culture, par exemple les personnes en situation de handicap ou encore vivant en milieu rural, volonté de rendre la culture accessible au plus grand nombre (un exemple concret, depuis plusieurs années, le Musée dâart moderne André Malraux du Havre ouvre gratuitement ses portes, chaque 14 juillet, grâce au soutien de la Matmut) : câest vraiment notre fil rouge en la matière.
The Good : Une leçon que vous tirez du travail effectué pour définir la raison d’être d’une entreprise d’envergure comme la Matmut ?
S.B. : Indéniablement, le fait que le modèle mutualiste est dâune grande modernité. Jâen veux pour preuve le succès de participation à la grande consultation que le Groupe Matmut avait lancée, afin de co-construire sa Raison dâÃtre : 135 500 personnes ont répondu à une partie du questionnaire et près de 88 000 lâont complété en intégralité.
Ce record de participation démontre la confiance réciproque entre le Groupe Matmut et ses parties prenantes et lâengagement de celles-ci dans le mode de fonctionnement mutualiste. Câest très réconfortant, et en même temps câest une forte responsabilité, afin de répondre au mieux aux attentes de celles et ceux qui plébiscitent ce mode dâorganisation.
source : www.influencia.net