The Good : ENGIE France BtoC est le premier fournisseur dâélectricité verte en France. Pouvez-vous nous parler de votre feuille de route RSE et nous présenter votre stratégie de décarbonation ?
Hervé-Matthieu Ricour : Le Groupe ENGIE est un groupe coté en France avec environ 170 000 personnes installées dans le monde. Avec lâarrivée de Catherine MacGregor début 2020, le groupe a recentré sa stratégie sur le développement massif des renouvelables et des réseaux de transport dâélectricité ou de gaz.
La raison dâêtre, qui a été inscrite dans les statuts du groupe à lâAG 2020, est de contribuer à la transition énergétique. Cela se traduit par notre objectif de Net Zéro Carbone en 2045 et notre activité au quotidien que ce soit en production dâélectricité via du renouvelable, en déploiement dans des grands réseaux ou de façon beaucoup plus détaillée avec nos clients finaux BtoC.
Cette raison dâêtre a eu une conséquence : les jeunes embauchés viennent chez nous pour ça. Ils nous disent : on est chez ENGIE, parce quâENGIE câest le vert, câest celle qui se lance dans le renouvelable. Nous sentons chez ces jeunes que cet objectif est chevillé à leur engagement professionnel.
Dans le cas particulier du BtoC, cela fait des années que nous mettons en Åuvre de manière massive le développement du renouvelable et cela ne se sait pas assez. Nous avons lancé lâélectricité verte en 2016, nous avons 3,9 millions de clients aujourdâhui. Nous pensons que nous avons deux tiers des clients en électricité verte de France – je dis « nous pensons » car il nây a pas dâétude sur le sujet. Câest dâailleurs ce que jâappelle de mes vÅux, avoir des chiffres publics. Notre promesse au client de lâélectricité verte câest : chaque fois que vous consommez 1 kilowatt-heure dâélectricité, ENGIE paye pour réinjecter 1 kilowatt-heure dâélectricité renouvelable dans le réseau.
The Good : Vous avez calculé la réduction des émissions de CO2 liée à la consommation dâénergie de vos offres dâénergie verte, pouvez-vous nous expliquer ce calcul et nous parler de vos résultats ?
Hervé-Matthieu Ricour : Câest peut-être le point important de cette année 2021 : au bout de 5 ans de commercialisation de lâélectricité verte, nous nous sommes demandé quelle était la véritable économie de gaz à effet de serre que nos clients avaient faite avec nos offres.
Nous avons alors demandé à un expert externe et totalement indépendant de construire une méthode de calcul des économies de gaz à effet de serre effectivement faites par nos clients sur lâannée 2020. Cette méthode a été élaborée par le cabinet Carbone 4.
Les résultats de cette étude ont démontré quâen 2020, nos clients en électricité verte ont émis 43% de moins de gaz à effet de serre que le client moyen du marché français. Câest un point important pour nous car nous avons, depuis de longues années, initié de façon massive des offres qui permettent aux clients de participer à la transition énergétique, nous avons rencontré un succès commercial réel et maintenant, nous leur démontrons que ce quâils ont fait a vraiment eu un effet.
Au lieu dâêtre à 60 grammes de CO2 par kilowatt, nos clients émettent 34 grammes. Câest significatif.
Les résultats de cette étude ont démontré quâen 2020, nos clients en électricité verte ont émis 43% de moins de gaz à effet de serre que le client moyen du marché français.
The Good : Carbone 4 procède-t-il à des ajustements dans le calcul ?
Nous réinjectons de lâélectricité renouvelable dans le réseau à exacte proportion de la consommation du client, avec des certificats verts audités à lâextérieur du groupe. Carbone 4 a toutefois relevé que lâachat dâune garantie dâorigine pour de lâéolien en Pologne ou de lâhydraulique en Norvège, ne contribue pas à une économie de gaz à effet de serre pour le client français car nous nâavons pas dâinterconnexion électrique entre la Norvège et la France ou la Pologne et la France. Câest ce que Carbone 4 appelle la cohérence spatiale du modèle. Nous les avons donc exclues de notre calcul.
Carbone 4 a également décidé de ne pas comptabiliser 100% de la production des panneaux solaires français car à partir de 18h, le panneau solaire ne fonctionne pas avec la même intensité quâà midi. Nous avons alors appliqué des décotes de cette production dâélectricité solaire française à proportion du mix de production électrique du moment. Câest la cohérence temporelle.
Cette approche de cohérence spatiale et temporelle a été déclinée heure par heure sur toute lâannée 2020 pour nos 3,5 millions de clients en électricité verte de lâépoque.
Nous ferons ce calcul dorénavant tous les ans et nous le communiquerons à nos clients pour quâils aient la preuve que ce quâils ont fait est utile.
The Good : Quelles sont vos marges de progression ?
Les marges de progression sont de plusieurs natures. Jâen vois 3 :
– Continuer lâaugmentation de notre parc en électricité verte. Aujourdâhui, nous avons un tout petit peu moins de 5 millions de clients en électricité, dont quasiment 80% de clients en électricité verte ;
– Promouvoir et développer ce que lâon appelle le vert « bleu blanc rouge ». Nous pouvons aller un cran plus loin en mettant en place des offres dans lesquelles on vend de lâélectricité verte produite en France dans un parc ENGIE. Nous avons déjà ces offres que lâon appelle « options vert plus ». Ce sont des structures tarifaires innovantes dans lesquelles nous proposons au client de payer un prix fixe forfaitaire indépendant de la consommation mensuelle (dans le cas de lâélectricité, 3 euros par mois) et en contrepartie, nous contractons exactement pour la consommation de notre client un achat dâélectricité verte sur un site dâENGIE en France, en éolien ou en solaire.
– Le troisième axe est de promouvoir les trois offres qui permettent au client non seulement de consommer mieux, mais de consommer moins. âMon pilotage Gazâ permet à un client de définir le budget quâil ne souhaite pas dépasser et nous nous assurons que ce budget soit tenu. Nous installons un capteur sur le compteur gaz Gazpar et un thermostat sur la chaudière, qui vont dialoguer : en fonction de la consommation mesurée depuis le réseau sur Gazpar, on va dire au thermostat âbaisseâ ou âaugmenteâ la température pour que la consommation corresponde au budget. Câest un savoir-faire que nous avons développé. A notre connaissance, cette offre nâexistait pas en Europe.
Nous avons une 2e offre inédite en France qui sâappelle âMon pilotage Elecâ : elle permet de piloter à distance ses radiateurs électriques, radiateur par radiateur. Dâaprès lâADEME, cela permet de faire une économie de 15% pour le client, comme pour le pilotage du chauffage gaz. Câest le prélude à la mise en place du pilotage par le budget pour le chauffage électrique que lâon développera dans les années qui viennent. Elle permet de faire des économies pour le client mais aussi, en conséquence, de contribuer à la transition énergétique.
Lâautre énorme avantage de ce pilotage câest quâil peut permettre de « sâeffacer » du réseau à lâheure de pointe. Cela revient pendant quelques minutes à arrêter le chauffage électrique au moment où, en hiver, doivent démarrer des centrales de production dâélectricité qui sont très carbonées.
The Good : Aujourdâhui comment arrivez-vous à convaincre vos clients ? Quel est le taux dâoptionnalisation de lâoffre ?
Les options vertes sont vendues sur tous les canaux mais sur internet, nous avons un taux de conversion de lâordre de 7 à 8%. Câest plutôt un très bon taux de conversion, il y a une véritable appétence et un vrai succès de cette offre.
Sur Mon Pilotage Gaz et Mon Pilotage Elec, les démarrages sont plus lents. Ce sont des offres auxquelles les marchés ne sont pas habitués. On vient dâun univers de lâénergie où tout était géré par les grands opérateurs. Là on rentre dans une phase où le client doit accepter quâon installe des petits équipements chez lui. Câest évidemment des processus de transformation un peu plus longs. Nous sommes très confiants dans le potentiel de ces offres. Et nous accompagnons nos clients avec dâautres services, comme Météo Carbone Elec, nouvel outil gratuit qui permet de savoir à quelles heures lâénergie produite en France émet le moins de carbone et donc dâadapter facilement sa consommation.
The Good : Est-ce que vous travaillez avec les bailleurs sociaux pour installer ce type dâoffre ?
Absolument, Mon Pilotage Elec est poussé chez les bailleurs sociaux qui y voient un gros avantage. En octobre dernier, nous nous sommes associés à tiko Energy Solutions et avons conclu un partenariat avec la Régie Immobilière de la ville de Paris (RIVP) pour installer « Mon Pilotage Elec » auprès de ses locataires. Ces derniers pourront donc piloter à distance et en temps réel pièce par pièce les radiateurs électriques déjà présents dans leur logement et pratiquer « lâeffacement ». En avant-première, le parc locatif de la rue Popincourt à Paris a pu bénéficier de cette solution. Grâce au partenariat entre la RIVP, ENGIE et tiko Energy Solutions, lâinstallation, le matériel et lâapplication ont été offerts aux locataires désirant participer à ce projet pilote.
The Good : Voyez-vous lâenjeu de la réduction de la consommation comme prioritaire également ?
La bonne stratégie dâun énergéticien pour le BtoC repose sur 3 piliers de développement : il doit construire et vendre des contrats de gaz et dâélectricité de plus en plus verts, proposer des équipements de moins en moins énergivores, et enfin, proposer des solutions complètes pour produire et gérer de lâélectricité localement.
Nous devons basculer avec les clients dans les nouveaux modèles de gestion -principalement de lâélectricité- c’est-à -dire la décentralisation énergétique. Câest, par exemple, la production dâélectricité avec les panneaux solaires sur le toit, lâinstallation de bornes de recharge pour des véhicules électriques qui, aujourdâhui, sont dans le sens descendant depuis le réseau vers le véhicule mais qui dans quelques années seront dans le sens montant. On utilisera la batterie du véhicule pour compenser les besoins du réseau à la pointe.
Notre métier nâest plus dâacheter du gaz et de lâélectricité pour les revendre, on doit les reverdir, proposer, installer, dépanner, maintenir des équipements de moins en moins énergivores et apporter des solutions de production et de gestion locale principalement dâélectricité.
Câest ce que nous faisons chez ENGIE, nous avons le portefeuille dâoffres et le développement les plus complets sur le marché français.
source : www.influencia.net