Les entreprises agissent dans et pour un environnement distinct. Si ce dernier se dégrade, les entreprises aussi. Alors par esprit égoïste de survie ou par volonté propre guidée par lâaltruisme de contribuer positivement à la société, la nature, la science, la culture et la liberté, elles doivent repenser leurs rôles, leurs modèles et lâimpact de leurs activités. Pour ce faire, elles ont intégré des politiques de responsabilité sociale et environnementale qui sont un bon point de départ. Maintenant, il leur incombe de repenser la place de la RSE dans tous les métiers, toutes les ambitions et pratiques de lâentreprise pour que la RSE ne soit plus seulement la cerise sur le gâteau mais bien le gâteau en lui-même. Et ce nâest pas leurs collaborateurs souhaitant contribuer à lâintérêt général ou les deux-tiers des Français interrogés par ELABE pour lâInstitut de lâEntreprise déclarant que les entreprises ont le pouvoir dâaméliorer le monde actuel, qui proclameront le contraire. Quelle est donc la recette de ce gâteau ? Comment ne plus être dans le prisme de la satisfaction client régi par la recherche constante du profit et passé dans celui de la satisfaction citoyen guidée par lâempreinte positive que lâon laisse ?
Une nouvelle organisation avec des fonctions aux missions plus transversales
LâEntreprise Full-RSE est une entreprise désilotée aux frontières poreuses avec des fonctions qui connaissent une transversalisation de leur action et un élargissement de leur périmètre et des parties-prenantes plus impliquées dans les prises de décisions. Sont privilégiées la mutualisation des ressources, lâinteropérabilité et la coopération pour créer un écosystème plus vertueux au bénéfice de tous. Dâailleurs la notion de bras droit perd de son sens puisque chaque membre du collectif a le même niveau de responsabilité. La Direction Générale délègue davantage de son pouvoir de décision aux directeurs locaux. Il nâest dâailleurs plus attendu dâelle quâelle soit dans une logique pyramidale mais quâelle rassemble un collectif autour dâune raison dâêtre en co-construisant sa stratégie avec son Comex, son conseil dâadministration, voire ses salariés. Lâadministrateur qui voit lui aussi son rôle évoluer fait figure de contre-pouvoir. Il prend de lâenvergure avec des responsabilités et interactions plus étendues sans oublier sa mission première qui est dâinscrire la stratégie de lâentreprise dans la durabilité et de veiller à lâimpact des orientations prises. Certaines fonctions se situent davantage âau cÅur des processus de lâentrepriseâ comme la fonction SI qui intervient sur la conception « green, social and secure by design » des systèmes, logiciels et applications optimisés de lâentreprise. Dâailleurs si le télétravail venait à sâinstaller dans le temps, la DSI deviendrait naturellement responsable du maintien du lien social. Dâautres assument un rôle de âchef d’orchestreâ prenant de la hauteur au sein de lâentreprise. Câest le cas des RH rebaptisées sous le vocable âPeople and Organizationsâ chargées de la gestion du collectif interne et externe qui assument un rôle plus stratégique. La fonction Supply Chain est le âchef dâorchestreâ qui veille à la bonne application des engagements RSE tout au long de la chaîne de valeur. Beaucoup soulignent la nécessité de renforcer le dialogue avec les autres fonctions opérationnelles de lâentreprise comme la fonction Finance chargée du reporting des données financières et extra-financières auxquelles elle accordera autant dâimportance ou encore de la fonction Communication qui veille à la cohérence des messages véhiculés par lâentreprise. La fonction RSE ne se dissout pas, elle garde au contraire toute sa place pour maintenir le cap.
Une montée en compétences nécessaire
LâEntreprise Full-RSE a un défi majeur qui lâattend : réinventer son modèle dâaffaires en repensant les notions de « performance », de « valeur » ou de « croissance » pour sortir dâune vision étriquée de la performance limitée à la simple création de valeur pour lâactionnaire. Pour cela, elle a besoin que toutes ses fonctions montent en compétences et ce avant même leurs entrées en poste. Il sera nécessaire de travailler de manière plus étroite avec le monde académique pour préparer les futurs leaders, dès leur formation initiale, aux modes de fonctionnement et aux enjeux de lâEntreprise Full-RSE. Les récents discours dâétudiants à HEC ou bien Polytechnique soulignent déjà cette volonté dâêtre formé. Lâupskilling, le reskilling, lâoutskilling concerne toutes les fonctions tout comme lâappui de nouvelles technologies qui permettront de se délaisser des tâches chronophages à faible valeur ajoutée. Par exemple, la fonction Achats grâce à lâautomatisation des processus de commandes peut se concentrer davantage sur lâaccompagnement de ses fournisseurs dans leur transformation RSE. LâEntreprise Full-RSE recrute des profils influents, empathiques et polyvalents pour des équipes hétérogène. Le déploiement systémique des stratégies Full-RSE et les défis qui les accompagnent exigent une palette à la fois de compétences métier, dâexpertises techniques (hard skills) et de qualités humaines (soft skills). Dans un environnement incertain, les compétences métier traditionnelles restent essentielles mais ne suffisent pas. Une variété dâexpertises techniques sont nécessaires pour répondre à plusieurs défis parmi lesquels figurent la reconception de son modèle dâaffaires, le recours à la technologie comme source dâémancipation et non d’aliénation, la consolidation de la culture dâentreprise dotée dâun sens du collectif, la montée en compétences de tous les collaborateurs, la capacité à embarquer tout lâécosystème de lâentreprise dans une dynamique de transformation qui ne peut être que systémique. De nouveaux outils qui intègrent les externalités, la dimension immatérielle des actifs de lâentreprise et de ses impacts voient le jour. Dâici 2030, lâEntreprise Full-RSE devra prouver son utilité et se réinventer pour évoluer dans un des trois mondes imaginées selon la méthode de design fiction : PACE qui sera une continuité de notre monde actuel contrôlé par la mondialisation, MUTATE qui engagera une mutation écologique sans pour autant en faire une priorité et SLOW, un monde de décroissance vertueux. A terme, la RSE sera pleinement intégrée à tous les niveaux de lâentreprise qui devient multi-locale tout en généralisant le télétravail. Plus présente sur les territoires, lâEntreprise Full-RSE irrigue des écosystèmes locaux en interagissant avec une multitude dâacteurs territoriaux, notamment les collectivités locales.
source : www.influencia.net