Le metaverse est la nouvelle obsession de Jean-Michel Jarre. âà cause de la pandémie, il a fallu que nous, les musiciens, redéfinissons la manière de toucher le public, en explorant dâautres moyens de sâexprimerâ, explique-t-il. Comme notamment la chanteuse suédoise Zara Larsson, lâartiste Français fait figure de pionnier des mondes virtuels : son concert du nouvel an, diffusé en livestream depuis une version 3D de Notre Dame de Paris, a réuni plus de 75 millions de spectateurs.
Pour le musicien, la France a un rôle à jouer dans le développement des métavers : âon a inventé internet, on se l’a fait piquer par les Américains. Il ne faudrait pas recommencer. Il est urgent d’acquérir une autonomie dans les domaines de production et de diffusion des technologies immersives. Câest à la fois une opportunité et une obligation.âÂ
Une alternative à la centralisation voulue par Zuckerberg
Lâenjeu ? Ne pas laisser la main sur ce sujet aux entreprises américaines, et en particulier à Meta (ex-Facebook) : âMark Zuckerberg a créé le buzz, mais n’aurait-il pas une vision âold schoolâ du Metaverse ? Le metaverse est un ensemble de plateformes et d’univers indépendants, tous connectés à Internet, et non pas un ensemble de satellites qui seraient hyper-centralisé, contrôlé par un seul homme, en l’occurrence monsieur Zuckerberg. On doit essayer dâavoir une philosophie différente de lâhyper-centralisation au service dâun contrôle des profits. N’oublions pas que Zuckerberg signifie montagne de sucre en Allemand.â
âMark Zuckerberg a créé le buzz, mais n’aurait-il pas une vision âold schoolâ du Metaverse ?
Devant lâavance prise par des plateformes comme Fortnite, Roblox, Minecraft ou même Meta, Jean-Michel Jarre considère quâil y a urgence à agir au niveau national, en créant âun airbus du metaverseâ. Derrière la formule, lâartiste invite les pouvoirs publics à réunir la filière de la production et du divertissement, ainsi que les acteurs de lâécosystème de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et de lâintelligence artificielle. âCela doit être une volonté politique, comme ça a été le cas pour Airbus, par exemple, où l’Etat a soutenu lâentreprise de manière persistante et finalement câest devenu un acquis de souveraineté dans lâaéronautique.â
La France devrait développer une véritable autonomie technologique et avoir une chance dâexercer sa souveraineté dans lâinternet de demain
Lâintérêt principal serait de développer une véritable autonomie technologique et d’avoir une chance dâexercer sa souveraineté dans lâinternet de demain, tout en y faisant porter la voix des industries culturelles françaises. âLa XR [pour âExtended realityâ ou âréalité étendueâ] n’est pas un problème pour le spectacle vivant, c’est une solution permettant à chaque lieu et à chaque production d’élargir sa jauge au-delà même des frontières nationales et de monétiser ces projets de manière plus efficace.âÂ
Autre argument : âC’est enfin aussi une manière dâutiliser une grammaire familière des jeunes, grâce aux outils issus des jeux vidéo, et ainsi permettre aux enfants et aux ados d’accéder à des créations auxquelles il ne s’intéresserait pas nécessairement autrement.â
200 millions dâeuros de subventions publiques
Pour concrétiser cette vision, Jean-Michel Jarre déroule sa feuille de route : âil faut d’urgence créer plusieurs plateformes et plusieurs hubs XR, des plateformes de VR sociales qui permettent de concevoir, produire et surtout diffuser au plus grand nombre des créations en live ou en différé, en 3D et en 2D. Il faut aussi créer une ou plusieurs plateformes collaboratives, bien sûr, qui permettent de se retrouver pour élaborer des projets en commun.â
Bonne nouvelle : dans le cadre du plan âFrance 2030â, le Ministère de la Culture a dâores et déjà prévu de consacrer 200 millions dâeuros de subventions pour âles expériences immersives et les technologies de ruptureâ, dâaprès un tweet de Roselyne Bachelot.
Une paille, face aux 10 milliards de dollars dâinvestissement annoncés par Mark Zuckerberg ?
Jean-Michel Jarre préfère voir le verre à moitié plein : âOn peut aussi considérer que la France est lâun des seuls pays au monde à affirmer sa volonté d’investir dans l’innovation de la cultureâ. Et de sâenthousiasmer : âavec 200 millions en guise d’amorçage, bien répartis entre des acteurs pertinents et expérimentés, on peut très vite devenir extrêmement compétitif dans le monde !â
source : www.influencia.net