Jeff Bezos, lâhomme le plus riche de la planète, a soufflé sa 57ème bougie le 12 janvier dernier. Un anniversaire qui lui a peut-être fait lâeffet dâun électrochoc : « aurais-je suffisamment de temps pour profiter de mes quelques 200 milliards de dollars ? ». Même ses rêves â encore â inassouvis de conquête spatiale ne semblent pas en mesure de dilapider toute sa fortune personnelle. Dès lors, la solution lui est apparue est aussi limpide quâun ciel dépourvu de drones Amazon : le financement, conjoint, -avec plusieurs de ses amis milliardaires-, tels que le russe Yuri Milner, dâune start-up chargée de trouver la formule de lâimmortalité. Un investissement un poil risqué â le ROI nâest pas pour la semaine prochaine â mais toujours plus enrichissant que de sâinjecter 3 kg de botox dans les bajoues. Dénommé Altos Labs, la jeune entreprise a déjà recruté les meilleurs spécialistes de la planète, leur promettant une liberté dâaction totale et des salaires mirobolants, comme révélé par le MIT Technology Review. Dommage que cette belle aventure soit motivée par lâargent plutôt que par la science et que le reste dâentre nous ne puisse â certainement â jamais profiter de ces découvertes.
La crise de la cinquantaine Jeff ?
La reprogrammation biologique â lâapproche privilégié par Jeff et consorts â est une méthode de génie génétique qui consiste à modifier directement lâétat dâune cellule. Lâobjectif à atteindre est de reprogrammer les cellules adultes différenciées, à savoir les cellules de la peau, les neurones etc., en leur état pluripotent â câest-à -dire en pouvant se différencier entre nâimporte quel type de cellules. Oui, on a fait quelques recherches. Cette approche est depuis longtemps considérée comme la clé de la médecine régénérative, et donc de la longévité humaine. Plusieurs start-up spécialisées en ont déjà fait leur cheval de bataille, tels que Life Biosciences, Turn Biotechnologies, AgeX Therapeutics, et autres. Pour y arriver, Altos Labs a recruté notamment deux illustres scientifiques espagnols : Manuel Serrano et Juan Carlos Izpisua, qui toucheront pour leur peine des salaires annuels de plus dâ1 million de dollars. Serrano, qui travaillait jusque-là à lâInstitut pour la Recherche en Biomédecine de Barcelone, a révélé au quotidien El PaÃs quâon lui avait promis un énorme budget, une grande autonomie et donc un salaire cinq à dix fois supérieur à celui quâil touchait jusque-là . « Notre objectif est de comprendre le fonctionnement du rajeunissement. à travers une entreprise privée, nous avons la liberté dâêtre audacieux et dâexplorer, ma cure de jouvence personnelle en quelque sorte », plaisantait-il.
Dans une interview donnée en 2017 au même quotidien espagnol, ce dernier livrait son opinion sur lâidée de rajeunissement en ces termes : « lâavancée la plus importante de ces dernières années a été de commencer à considérer le vieillissement comme une maladie, qui pouvait donc être traitée. Nous avons déjà réussi à inverser le processus chez des souris, à savoir que certaines de nos expériences ont permis de faire vivre des souris plus longtemps et même à rendre des souris en fin de vie jeune à nouveau. Cela relevait de la science-fiction il y a peine 10 ans. Je pense que si nous pouvons le faire pour nos cousins les rongeurs, nous pouvons y arriver pour les humains. Les résultats seront plus durs à obtenir, bien évidemment, mais je pense que les premières thérapies contre le vieillissement seront disponible dans un futur proche, peut-être dâici dix, vingt, ou trente ans. Je doute que cela puisse nous rendre immortel, mais nous allons en ce sens». Un discours plein dâoptimisme qui avait de quoi taper dans lâÅil de vous savez qui.
Mais que font les Avengers ?
Altos Labs a prévu dâétablir plusieurs laboratoires de recherche aux Ãtats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon, toujours selon le MIT Technology Review. Le prix Nobel de médecine 2012 Shinya Yamanaka, qui avait reçu la récompense pour ses travaux sur cette même thématique, a été confirmé au poste de président du conseil scientifique de lâentreprise, une position quâil occupera sans toucher de salaire. Le biologiste allemand Wolf Reik, qui a récemment démissionné de son poste de directeur de lâInstitut Babraham à Cambridge, est une autre recrue importante de lâentreprise. Un mercato XXL plein de promesses. Pourtant, plusieurs experts en la matière ont déjà témoigné dâune certaine réticence, à lâimage dâAlejandro Ocampo, professeur à lâUniversité de Lausanne. Interrogé par le journaliste Antonio Regalado du MIT Technology Review, celui-ci rappelle que lâapplication de la technique de reprogrammation cellulaire à lâhumain nâest pas sans risques : « Lâun des principaux problèmes est que la reprogrammation ne fait pas que rajeunir les cellules, elle modifie également leur identité, par exemple en transformant une cellule de la peau en cellule souche ». On se croirait presque dans une histoire de super héros, où une expérience pleine d’avenir aurait fini par créer le méchant du film. Altos Labs nâa pas fini de faire parler de lui.
source : www.influencia.net