Câest un sujet délicat qui revient souvent sur la table. Lâimpact du commerce en ligne sur lâemploi fait débat et ce n’est pas près de s’arrêter. Les critiques accusent les sites marchands de provoquer la fermeture de milliers de magasins physiques. Acheter en quelques clics sans quitter son domicile provoquerait des licenciements massifs dans le secteur marchand. Les partisans des plateformes de vente sur la Toile affirment tout le contraire. Grâce à lâe-commerce, de nombreux salariés peu qualifiés auraient trouvé, selon eux, des emplois stables dans les entrepôts des géants tels qu’Amazon ou parmi les transporteurs qui assurent la livraison des colis. Pour la cinquième édition de son rapport annuel qui étudie les grands enjeux du commerce en ligne, la Fédération du e-commerce et de la Vente à Distance (Fevad) a choisi un thème pour le moins controversé : lâimpact de la transformation digitale du commerce sur lâemploi.
« Nous pensions que lâemploi serait un sujet intéressant à traiter même si nous avions conscience quâil était sensible et clivant », résume Sébastien Durand, le responsable « offre commerce unifié » au cabinet de conseil KPMG qui collabore chaque année au rapport de la Fevad. Très rapidement, les consultants en charge de cette étude se sont heurtés à un écueil de taille. « Nous ne sommes pas parvenus à donner une estimation chiffrée des conséquences sur le marché du travail du développement de lâe-commerce en France car il nâexiste aucune donnée fiable à ce sujet, reconnaît ce dernier. Toutes les études actuelles sont basées sur des parti pris et elles disent tout et son contraire. Certaines enquêtes sont publiées par dâanciens députés ou par des responsables politiques. Dâautres sont financées par des acteurs de lâe-commerce. Il nous semblait, par ailleurs, difficile de comparer la France à dâautres pays car les marchés sont très différents les uns des autres. Nous avons donc choisi de nous concentrer sur lâhexagone. Et pour faire notre rapport, nous avons décidé de nous baser sur les chiffres publiés par lâInsee car ils nous semblaient être les plus fiables. »
Des données qui remontent à … 2014
Si ce choix peut se comprendre, il soulève cependant un loup. Les données les plus récentes de lâInstitut national de la statistique sur ce sujet datent en effet de⦠2014, autant dire lââge de pierre dans ce secteur en pleine mutation. Ces estimations ne comprennent pas non plus la sous-traitance et elles ne concernent que les sociétés de plus de dix salariés. Il y a sept ans, le chiffre dâaffaires de lâe-commerce en France atteignait tout juste 55 milliards dâeuros, soit deux fois moins quâaujourdâhui. Mais la Fevad balaye ce détail. Les revenus de ce secteur ont augmenté de 8,5% lâan dernier pour atteindre le chiffre record de 112 milliards dâeuros. That’s it. Une seule chose paraît certaine : « lâe-commerce créé de lâemploi depuis vingt ans, résume lâexpert de KPMG. La révolution numérique est comparable à la révolution industrielle. Lâe-commerce ne fait pas régresser le commerce traditionnel. Il aurait plutôt tendance à renforcer sa résilience. » La pandémie semble avoir confirmé cette analyse.
La pandémie a accéléré le mouvement
Les confinements et les fermetures imposées des magasins physiques ont amplifié certains comportements observés depuis plusieurs années. Le poids du e-commerce dans le commerce de détail a bondi de 3,6% lâan dernier pour passer de 9,8% à 13,4%. Le panier moyen des transactions est, quant à lui, repassé au-dessus du cap symbolique de 60 euros, après huit années consécutives de baisse. 88% des cyberacheteurs déclarent quâils vont continuer à commander sur Internet même après la réouverture des boutiques et plus dâun tiers dâentre eux (37%) pensent quâils vont faire leurs achats plus fréquemment sur la Toile. Les trois-quarts des acheteurs souhaitent, par ailleurs, que leurs commerces de proximité leur proposent un service de livraison. « Face aux nouvelles attentes des consommateurs et à la concurrence intense des pure-players digitaux, les distributeurs traditionnels issus du monde physique doivent intégrer à leur feuille de route lâévolution de leur modèle opérationnel, en se dotant des nouvelles compétences et expertises digitales », souligne le rapport de la Fevad.
Les frontières disparaissent
La frontière entre commerce physique et e-commerce disparaît un peu plus chaque jour. « Ce basculement est de plus en plus important et il va continuer à sâopérer dans les années à venir », prédit Sébastien Durand. Les enseignes traditionnelles ont compris aujourdâhui quâelles ne pourraient pas survivre sans proposer au moins une partie de leurs produits et de leurs services sur le net. Pour écouler leurs stocks, certains distributeurs comme Carrefour se sont même essayés au live shopping . Les plateformes digitales sont, de leur côté, de plus en plus nombreuses à ouvrir des points de vente physique. Lâomnicanalité est devenue une nécessité pour le retail post crise. Faire la distinction entre le commerce en ligne et les ventes en magasin nâaura donc bientôt plus aucun sens. Les experts de KPMG nâiront pas sâen plaindreâ¦
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source : www.influencia.net