La gig economy ravage l’Asie du Sud et inquiète le reste du monde

18 novembre 2021

 

Quand on évoque l’écosystème de la tech en 2021, tant pour s’en plaindre que pour le glorifier, on oublie souvent de mentionner l’épine dorsale de la majorité des licornes technologiques qui la composent, à savoir les travailleurs indépendants, tous apôtres, malgré eux, de la tentaculaire gig economy. Pourtant, quand le concept avait été développé il y a une dizaine d’année, beaucoup y avaient vu une énorme promesse de liberté financière et de flexibilité de l’emploi pour les travailleurs à col bleu du Sud. À l’image des quelques grands développeurs d’applis de l’hémisphère sud, tels que Zomato en Inde, Careem au Pakistan et Pathao au Bangladesh. Tous étaient certainement heureux de participer à cette nouvelle culture de consommation, avant que le capitalisme à outrance finisse par les rattraper. Si vous allez demain à la rencontre d’un livreur Uber Eats ou autre, il y a peu de chances que celui-ci vous chante avec optimise les louanges de son activité, et encore moins si vous la lui représentez comme l’évolution inévitable du monde du travail.

Un piège tendu par la tech

Au début de l’année, la société de recherche Premise, en partenariat avec le média Rest of World, avait interrogé plus de 4 900 travailleurs indépendants dans 15 pays. Les deux sentinelles avaient ainsi observé que les travailleurs indépendants n’étaient jamais aussi mal lotis qu’en Asie du Sud. Pour vous dresser un portrait grossier, mais réaliste, de cette majorité anonyme : le chauffeur de taxi ou le livreur moyen en Inde et au Pakistan est un homme âgé de 18 à 25 ans qui se bat pour nourrir sa famille. Les travailleurs indépendants en Inde gagnent en moyenne 9,88 dollars par jour, tandis que leurs homologues au Pakistan gagnent environ 6,64 dollars. Ces travailleurs sont soumis à un stress financier inégalable malgré le fait que 34 % d’entre eux au Pakistan et 24 % en Inde ont une formation de niveau universitaire. En fait, près de 13 % de ces travailleurs au Pakistan et 7 % en Inde ont une formation de troisième cycle.

En fait, près de 13 % de ces travailleurs au Pakistan et 7 % en Inde ont une formation de troisième cycle.

Rien d’étonnant, donc, à ce que les émotions qu’ils associent le plus à leur fonction soient « l’inquiétude » et « la colère ». Et il n’est pas surprenant non plus que la plupart d’entre eux ne considèrent pas ces emplois comme une carrière à long terme. Plus de 30 % des travailleurs indépendants en Inde et au Pakistan prévoient de quitter leur emploi actuel dans moins d’un mois. C’est beaucoup plus que dans la plupart des autres pays étudiés, puisque seulement 11 % des travailleurs indépendants au Mexique prévoient de quitter leur emploi dans le mois qui suit.

Un cercle vicieux et global

À écouter les entrepreneurs et les investisseurs qui officient dans la tech, ces économies en difficulté comme l’Inde et le sud de l’Europe ne seraient simplement pas à la hauteur. En suivant naturellement, et bêtement, ce postulat, on finirait par affirmer : « quand les emplois sont rares, tous les emplois sont bons ». Mais il n’en reste pas moins que le travail précaire, au vu des dommages qu’il cause à celles et ceux qui le pratiquent, et à la société tout entière, se doit d’être réformé. Selon un rapport de l’Observatoire des inégalités rendu public en 2019, entre chômeurs, travailleurs en « contrat précaire » ou encore « inactifs mais souhaitant travailler », plus de huit millions de Français au total étaient recensées comme « en situation de mal-emploi ».

entre chômeurs, travailleurs en « contrat précaire » ou encore « inactifs mais souhaitant travailler », plus de huit millions de Français au total étaient recensées comme « en situation de mal-emploi ».

Mais la donnée la plus révélatrice est qu’un million de personnes qui occupent un emploi, vivent sous le seuil de pauvreté, fixé à 50% du revenu médian – soit 855 euros par mois pour une personne seule – par l’Observatoire et à 60% par l’Insee – 1.026 euros –. Pour Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire : « Cette France de l’insécurité sociale a un visage : celui des employés et des ouvriers peu ou non qualifiés, des « uberisés », des indépendants. Pour une grande part, cette France a animé les manifestations des gilets jaunes ». Ce sentiment de mépris social grandissant a, d’après lui, « des conséquences très importantes dans la société, comme la montée de l’extrême-droite ». Peut-être de quoi donner des idées à certains candidat.e.s à l’élection présidentielle de l’année prochaine…

 



 





source : www.influencia.net

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