L’application Parler bannie de Google, Apple et Amazon : ce qu’il faut savoir

11 janvier 2021

Pourquoi les 3 acteurs majeurs de la tech ont-ils suspendu l’application Parler, plébiscitée par les partisans de Donald Trump ? Quelles sont les conséquences de cette exclusion et quel avenir pour le réseau social ?

Parler, le réseau social au cœur de la polémique autour de Donald Trump et des violences de Washington. © Ascannio – stock.adobe.com

Les raisons de la suspension de Parler

Quelques jours après la suspension définitive du compte de Donald Trump sur Twitter à la suite des violences de Washington, le réseau social Parler a été exclu du Google Play Store, de l’Apple Store et d’Amazon via sa plateforme d’hébergement Amazon Web Services.

Google suspend l’application Parler du Play Store

La firme de Mountain View a été la première à réagir vendredi en fin de journée. Google a notamment pointé du doigt la politique de modération trop laxiste de Parler et la diffusion sur la plateforme de messages qui incitent à la violence, justifiant ainsi le retrait de l’application du Play Store.

Afin de protéger la sécurité des utilisateurs sur Google Play, nos politiques de longue date exigent que les applications affichant du contenu généré par les utilisateurs aient des politiques de modération et une application qui supprime le contenu flagrant comme les messages incitant à la violence. Tous les développeurs acceptent ces conditions et nous avons rappelé à Parler cette politique claire ces derniers mois. Nous sommes conscients de la publication continue dans l’application Parler qui cherche à inciter à la violence aux États-Unis. Nous reconnaissons qu’il peut y avoir un débat raisonnable sur les politiques de contenu et qu’il peut être difficile pour les applications de supprimer immédiatement tout contenu non conforme, mais pour que nous puissions distribuer une application via Google Play, nous exigeons que les applications mettent en œuvre une modération robuste pour le contenu flagrant. À la lumière de cette menace urgente et continue pour la sécurité publique, nous suspendons l’application sur le Play Store jusqu’à ce qu’elle résolve ces problèmes, a expliqué Google dans un communiqué.

Apple bannit à son tour Parler de l’App Store

De son côté, Apple a dans un premier temps donné 24 heures au réseau social pour mettre en place une politique de modération visant à empêcher la propagation de « contenus dangereux et répréhensibles ». Suivant le mouvement initié par Google, Apple a fini par retirer à son tour Parler de sa boutique d’applications. Selon TechCrunch, la firme de Cupertino a envoyé la note suivante aux développeurs de Parler pour les prévenir de leur décision :

Nous avons déterminé que les mesures que vous décrivez sont inadéquates pour lutter contre la prolifération de contenus dangereux et répréhensibles sur votre application. Parler n’a pas respecté son engagement de modérer et de supprimer les contenus préjudiciables ou dangereux encourageant la violence et les activités illégales, et n’est pas conforme aux directives d’examen de l’App Store. Dans votre réponse, vous avez indiqué que Parler prenait ce contenu « très au sérieux depuis des semaines ». Cependant, les processus mis en place par Parler pour modérer ou empêcher la diffusion de contenus dangereux et illégaux se sont révélés insuffisants. Plus précisément, nous avons continué à trouver des menaces directes de violence et des appels à inciter à des actions anarchiques (…)

Bien qu’il n’existe pas de système parfait pour empêcher tout contenu utilisateur dangereux ou haineux, les applications doivent disposer de plans de modération de contenu robustes pour résoudre ces problèmes de manière proactive et efficace. Un « groupe de travail » temporaire n’est pas une réponse suffisante étant donné la prolifération généralisée de contenus préjudiciables.

Comme Google, Apple a fini par bannir Parler de l’App Store jusqu’à ce que l’application mette à jour ses directives et montre une « capacité à modérer et filtrer efficacement le contenu dangereux et nuisible » sur sa plateforme.

Amazon coupe les serveurs de Parler

Mais le coup fatal a été porté par Amazon, qui a décidé de suspendre, lundi à minuit, le service d’hébergement Amazon Web Services au réseau Parler. Cette décision a été prise face à la pression de ses employés. Par exemple, les  employés d’Amazon pour la justice climatique ont lancé dès samedi un appel sur Twitter, réclamant que la société réagisse face à la situation. « Nous ne pouvons pas être complices d’autres effusions de sang et d’attaques violentes contre notre démocratie », expliquent-ils dans un post.

L’équipe AWS Trust and Safety a envoyé un e-mail à Amy Peikoff, la directrice des politiques de Parler, dans lequel elle accuse le site d’enfreindre les conditions de service en propageant des appels à la violence.

Récemment, nous avons constaté une augmentation constante de ce contenu violent sur votre site Web, qui enfreint toutes nos conditions. Il est clair que Parler ne dispose pas d’un processus efficace pour se conformer aux conditions d’utilisation d’AWS, est-il indiqué dans l’e-mail relayé par Buzzfeed.

Les conséquences de la suspension de Parler

Si l’application ne peut plus être téléchargée sur les deux principales boutiques d’application, le Play Store de Google et l’Apple Store, c’est bien l’action d’Amazon qui a le plus d’impact sur l’existence du réseau social. En coupant son service AWS, Amazon a paralysé Parler, qui n’est désormais plus accessible sur le web. Pour pouvoir continuer d’émettre à nouveau sur la toile, la plateforme de John Matze doit trouver une solution de remplacement au plus vite, comme l’a précisé son fondateur dans un message publié sur Parler, relayé sur Buzzfeed, avant que le site ne soit coupé.

Il est possible que Parler ne soit pas disponible sur Internet pendant une semaine, car nous reconstruisons à partir de zéro. Nous nous sommes préparés à des événements comme celui-ci en ne nous reposant jamais sur l’infrastructure propriétaire d’Amazon (…).

Amazon, Google et Apple ont délibérément coordonné leurs efforts en sachant que nos options seraient limitées et que cela nous infligerait le plus de dommages, au moment où le président Donald Trump a été banni des entreprises technologiques.

Il s’agissait d’une attaque coordonnée des géants de la tech pour tuer la concurrence sur le marché. Nous avons réussi trop vite. Vous pouvez vous attendre à ce que la guerre contre la concurrence et la liberté d’expression continue, mais ne comptez pas sur nous pour être hors jeu.

Reste à savoir quelle entreprise acceptera d’héberger les données de Parler, au cœur d’une telle polémique, et combien de temps une telle migration pourra prendre. Tout porte à croire que le réseau social devrait rester déconnecté jusqu’à l’investiture Joe Biden, le 20 janvier, une cérémonie à laquelle l’ancien président a d’ores et déjà annoncé qu’il n’assistera pas. Au vu de la déclaration de John Matze, il apparaît peu probable que Parler se plie aux conditions de modération exigées par Google, Apple et Amazon pour retourner sur leurs services.

Une approche de modération collaborative en cause

Lancé en août 2018 par John Matze et Jared Thomson, Parler est un réseau social américain prisé par des personnalités politiques de droite et d’extrême droite ainsi que leurs sympathisants. Fonctionnant sur le même principe que Twitter, avec des comptes à suivre et des parleys (nom des posts publiés sur Parler), il est même devenu l’app la plus téléchargée sur l’Apple Store samedi aux États-Unis, avant d’en être définitivement exclu. Son approche collaborative pour contrôler et modérer les propos tenus sur le réseau social, plébiscitée par les partisans de Trump mais aussi d’autres courants politiques d’extrême droite qui voient en Parler un lieu favorisant la liberté d’expression, qui est principalement reprochée à la plateforme.

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