Laure de Carayon : « l’Inde est un marché particulièrement intéressant pour les marques »

7 juillet 2021


Rencontre avec Laure de Carayon, qui organise jeudi 8 juillet la 1ère édition d’Asia Loopers, un événement consacré au marketing digital indien.

Découvrez les nouvelles opportunités qu’offre le marché indien pour les marques. © WONG SZE FEI – stock.adobe.com

Avec 1,3 milliard de consommateur et un pays en forte croissance, l’Inde offre de nouvelles opportunités aux acteurs du marketing et du e-commerce. Dix ans après avoir lancé la conférence China Connect, Laure de Carayon organise Asia Loopers, dont la 1ère édition est dédiée au marketing digital en Inde. Elle décrypte pour nous le contexte et les enjeux de ce marché en plein essor et ses spécificités pour les marques qui souhaiteraient s’y implanter.

Quelles sont les opportunités offertes par le marché indien pour les acteurs du marketing digital ?

Le marché de l’Inde représente 1,3 milliard de consommateurs. C’est également la 2ème puissance économique mondiale. En ce qui concerne le taux de pénétration d’Internet et des smartphones (environ 40 %), le pays reste encore à un niveau en-deçà des États-Unis, de l’Europe ou de la Chine. Malgré la crise sanitaire qui l’a beaucoup impacté, l’Inde est le pays qui connaît actuellement la plus forte croissance. Il y a également une importante accélération de la 5G. Tous les voyants sont donc au vert.

Avec une population relativement jeune, composée de 600 millions de personnes âgées de moins de 30 ans, c’est un marché particulièrement intéressant pour tous les acteurs du marketing, les marques, comme les annonceurs. Au niveau de l’économie digitale, le panier moyen en Inde est moindre que dans les pays occidentaux, mais nous assistons véritablement à un tournant vers les plateformes digitales et e-commerce.

Quelles sont les spécificités de ce marché selon vous ?

L’Inde comprend une multiple de langues et de dialectes, bien plus qu’en Chine par exemple, ce qui en fait une culture plus complexe à aborder pour les sociétés occidentales. Le pays impose de plus en plus de régulations, à l’image de celles qui touchent actuellement les sites de e-commerce. Le gouvernement indien prévoit notamment de réglementer, voire même d’interdire, les ventes flash, ce qui pourrait fortement impacter des acteurs majeurs, à l’image de Flipkart ou encore d’Amazon. Le sujet est pris très au sérieux par le Congrès américain.

Que conseilleriez-vous à une marque ou un annonceur qui souhaiterait s’implanter en Inde ?

Pour les marques qui souhaitent y développer une activité de commerce en ligne, il est nécessaire qu’elles soient bien accompagnées et qu’elles s’investissent sur le long terme dans ce marché, qui présentent de belles opportunités. Au vu des investissements massifs réalisés par de grands fonds américains ou asiatiques, notamment issus du Japon, l’Inde prend conscience de la vitalité de son écosystème et de la créativité de l’entrepreneuriat local.

Quels seraient les leviers pour une marque qui souhaiterait construire et engager une communauté en Inde ?

Il est important ici de rappeler le contexte lié aux tensions entre l’Inde et la Chine à la frontière entre les deux pays depuis un an. La réaction du pouvoir indien a été immédiate : plus de 400 applications ont été bannies du pays sur les 6 mois qui ont suivi leur affrontement, dont de nombreux réseaux sociaux (TikTok, WeChat), des apps de navigation, de mapping, des sites de rencontre… Malgré la disparition d’un réseau social majeur comme TikTok, nous constatons que les applications indiennes ont été les grandes bénéficiaires de ce départ. Mais il n’y a pas eu de cannibalisation par un autre acteur étranger sur place.

En termes de marketing, il faut s’adapter à toutes les spécificités du marché indien, sans oublier le retail traditionnel, qui reste très important sur place. De manière générale, l’Inde se trouve dans une démarche de plus en plus nationaliste, comme en Chine, avec la volonté de faire sortir ses propres champions. Auront-ils les moyens de leurs ambitions ? Il faudra voir sur le long terme si le pays parviendra à obtenir le même succès que son voisin. Une chose est sûre : le pays affiche clairement ses ambitions.

Vous lancez Asia Loopers, dont la 1ère édition va avoir lieu le 8 juillet en ligne. Quelle est la particularité de cet événement ?

La Chine et l’Inde, qui représentent les plus grandes économies d’Asie, sont les deux piliers d’Asia Loopers. Le contexte indien est particulièrement intéressant car le pays a refusé de rejoindre le projet de libre-échange RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership) sur la zone Asie-Pacifique, jouant ainsi la carte occidentale, aux côtés des Américains, des Européens et des Australiens. Le sud-est asiatique devient le champ de bataille d’influence des GAFAM, des acteurs chinois, comme Alibaba, et des ténors locaux. Nous sommes à un tournant de l’économie digitale indienne.

Quels seront les temps forts d’Asia Loopers ?

Pour cette 1ère édition, nous mettons à l’agenda deux acteurs locaux majeurs : le pure player incontournable Flipkart et TATA CLiQ Luxury, pour mieux comprendre leurs démarches dans le secteur du luxe. Nous aurons également des acteurs globaux présents sur ce marché indien, qui nous partageront leur compréhension des consommateurs et leurs ambitions, comme Contentsquare. Brut nous expliquera les raisons de sa présence en Inde et comment ce média est parvenu à y trouver sa place.

Recevez par email toute l’actualité du digital



Source : Blog du modérateur

agence de communication à Rennes

Laure de Carayon : « l’Inde est un marché particulièrement intéressant pour les marques »
Mot clé :                                    
Agence LDP