THE GOOD : Votre signature « We Move Beauty Forward » et vous vous décrivez comme un réseau « engage native ». Pouvez-vous nous en dire plus quant à votre rôle/votre mission dans le monde des professionnels de la beauté ?
Laurence Moulin : Le CEW, Cosmetic Executive Women, est à lâorigine un réseau féminin, désormais mixte, qui existe depuis 60 ans aux Etats-Unis. En France, il a été créé il y a 35 ans sous lâimpulsion dâun groupe de dirigeantes qui voulait se réunir, sâentraider mais aussi donner plus de sens à leur carrière dans le parfum et la cosmétique, souvent taxée de « futile ». De cette volonté sont nés, les « Centres de Beauté » qui proposent des soins socio-esthétiques individuels gratuits aux patients hospitalisés. Comme le rappelle souvent Françoise Montenay, présidente du CEW France et des Centres de Beauté, «apporter une offre bien-être et beauté à lâhôpital, était une démarche extrêmement novatrice à lâépoque». Aujourdâhui ce sont plus de 36 000 soins prodigués dans 39 établissements, et plus personne ne doute des bienfaits majeurs de cet accompagnement.
Le CEW France sâappuie donc sur 2 piliers conduits par les mêmes valeurs de partage et de volonté de « donner du sens à la beauté ». Un pilier caritatif avec les Centres de Beauté et un pilier professionnel où nous apportons à nos membres un lieu dâenrichissement et de networking pour nourrir son métier au quotidien et réfléchir ensemble à un futur de la beauté innovant et responsable connecté aux évolutions de la société.
TG : Le CEW organise le 22 septembre prochain sa journée de la beauté annuelle sur le thème de «Mission beauté ». Comment ce thème a été choisi ? Comment s’est-il imposé à vous ? Quels seront les grands moments de cette journée ?
LM : La Journée de la Beauté est le grand rendez-vous du CEW dédié à lâanalyse des futures tendances et transformations qui impactent ce secteur. Un événement pour tous les professionnels de la beauté, car articulé chaque année autour dâun grand thème clef qui engage lâavenir de cette industrie.
Après 18 mois de pandémie, dans un contexte de phénomènes climatiques extrêmes qui se multiplient et de mouvements sociétaux comme #meetoo et #Blacklivesmatter qui explosent, le thème « Mission Beauté » sâest naturellement imposé. Comment, dans un monde où on attend de plus en plus que les entreprises agissent pour le bien commun, le secteur de la beauté redéfinit ses priorités, accélère ses transformations et répond à ces nouveaux impératifs ?
Lors de cette Journée, co-construite avec un groupe dâexperts, membres du CEW, et Laurence Dorlhac, journaliste beauté de France 2, qui lâanime également, nous aborderons à la fois lâurgence environnementale, les exigences sociétales et lâengagement social. Pour débattre de ces « missions de la beauté », partager les expériences, les difficultés et les solutions, en se tournant vers lâavenir, nous avons réuni un plateau de 25 intervenants composé de scientifiques, conseils en stratégie, bureau de tendances, instituts dâétudes, marques et industriels. Ce prisme de la mission nous tient très à cÅur car elle est en droite ligne avec les convictions et les engagements du CEW France.
TG : Quelle sont aujourd’hui les attentes des consommateurs et des consommatrices en matière de RSE sur le marché de la beauté ?
LM : Le consommateur est aussi un citoyen (plus ou moins militant) qui réagit en fonction de la communauté à laquelle il appartient, son âge, son lieu de vie et beaucoup dâautres critères. Pour appréhender ses attentes vis-à -vis des entreprises, les experts sâaccordent pour dire quâil faut le considérer dans toutes ses dimensions.
Plus préoccupé que jamais par sa santé et celle de la planète, mais aussi plus informé, ce consommateur prend conscience de lâimportance de privilégier des produits « clean », à la fois sans danger pour lui et respectant des process de fabrication soucieux de leur impact environnemental. Ces attentes passent par une exigence accrue de transparence vis-à -vis des entreprises sur toute la chaîne de fabrication, du sourcing à la vente : ingrédients, formules, packagings, usines, transport, mais aussi respect de lâhumain et des terroirs. Quels chemins pour relever la multitude des défis ? Quels sont les enjeux les plus cruciaux ? A quelles échéances ? Câest tout ce que nous allons creuser lors de la Journée de la Beauté.
A ces attentes industrielles, sâajoute aujourdâhui pour les entreprises et les marques un devoir dâengagement sociétal. Pour la beauté dont les produits et gestes touchent au bien-être, au corps, à lâestime de soi, la demande de diversité et dâinclusivité est au cÅur des préoccupations. Nous y consacrerons toute une session. Mais nous irons au-delà , parlerons dâutilité sociale, et jusquâoù une marque doit-elle se sentir investie dâune mission justement ?
TG : Quels sont aujourd’hui les enjeux prioritaires en matière d’impact écologique, environnemental, social et solidaire sur le marché de la beauté ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Est-ce qu’un marché de la beauté 100% durable est une Utopie ?
LM : Face à lâurgence de la situation climatique, les prises de conscience se renforcent et désormais il ne sâagit plus seulement dâafficher une volonté, il faut une feuille de route aux objectifs ambitieux et des outils pour mesurer lâefficacité des actions pour réduire les bilans carbone, respecter la biodiversité, limiter les pollutions et lâutilisation des ressources naturelles. La pandémie a aussi montré certaines limites des institutions et les citoyens se retournent vers les entreprises pour faire bouger les lignes.
Comme le mentionnait un expert lors dâun échange préparatoire : « Sâil est vrai que le rôle dâune entreprise est de se remettre en question et dâêtre agile, il faut reconnaître que depuis 10 ans entre la révolution digitale, les exigences environnementales et les mutations sociétales, elles doivent faire face à un nombre considérable de transformations en peu dâannées. Câest pourquoi cette journée se veut aussi le reflet des convictions du CEW, en privilégiant lâencouragement, la bienveillance et une implication collective de ces enjeux qui nous engagent tous.
Infos et inscriptions à la Journée de la Beauté du 22 septembre : ici.
*Photo de Laurence Moulin issue dâune opération digitale « fier dâêtre membre du CEW » au profit des Centres de Beauté CEW et de Abri de femmes ©parislovetrash ©galerietaglialatella
Cet article a d’abord été publié sur The Good
source : www.influencia.net