Beaucoup sâen doutaient mais voir la triste réalité en face reste parfois cruel. Les marques savent toutes que leurs sites web laissent une empreinte environnementale. Si lâon en croît le rapport de la mission gouvernementale dâinformation sur lâempreinte environnementale du numérique, le digital serait à l’horizon 2040 à l’origine de 24 millions de tonnes équivalent carbone, soit environ 7% des émissions de la France, contre 2% aujourd’hui. Au niveau mondial, si la tendance ne sâinfleÌchit pas, cette pollution invisible sera, dâici 15 ans, plus importante que celle générée par le secteur aeÌrien avant lâéclatement de la crise sanitaire.
Le législateur montre ses muscles
Les entreprises commencent à prendre conscience de ce problème. Elles nâont, de toute façon, pas dâautres choix⦠La loi du 15 novembre 2021 visant à réduire lâempreinte environnementale du digital dans notre pays (REEN) prévoit en effet notamment de « favoriser des usages numériques écologiquement vertueux » et de « promouvoir des datacenters et des réseaux moins énergivores ». En clair, les entreprises vont devoir changer leurs habitudes pour sâassurer que leurs activités sur la Toile ne polluent pas trop la planète. Le problème toutefois aujourdâhui, nâest pas de trouver des solutions à ce problème mais plutôt de connaître avec précision la hauteur des obstacles à franchir.
Paradoxe, quand tu nous tiensâ¦
« Nous vivons actuellement un réel paradoxe, analyse Sandrine Vissot-Kelemen, preÌsidente de Razorfish France. Dâun côté, la prise de conscience concernant les enjeux de consommation liés au numérique ne cesse de se développer mais de lâautre, les sites proposent des contenus de plus en plus lourds avec des vidéos qui sont plus polluants. » En dehors dâEcoindex qui est un outil de référence gratuit mais plutôt limité, il nâexiste pas beaucoup dâautres solutions qui permettent de mesurer son empreinte numérique et de trouver des recettes pour la réduire. Partant de ce constat, l’agence digitale du groupe Publicis, Razorfish, a eu lâidée de faire appel aux initiateurs dâEcoindex pour mettre au point un outil plus performant.
Une boîte à outil utile
CreÌeÌ en 2004, GreenIT.fr est un collectif dâexperts qui fournit des briques de techniques de reÌfeÌrences (algorithmes, reÌfeÌrentiels, moteurs de calculs, systeÌmes dâeÌvaluation, facteurs dâimpacts environnementauxâ¦) aÌ partir desquelles les professionnels du numeÌrique peuvent creÌer des solutions adapteÌes aux besoins de leurs clients. Ces briques sont gratuites, ouvertes, et co-construites par lâeÌcosysteÌme des experts du domaine. Après plusieurs mois de travail, ces chercheurs ont mis au point avec des salariés de Razorfish un moyen simple et actionnable afin dâaider les marques à eÌvaluer lâimpact de leur utilisation du digital sur la planeÌte.
Son nom ? Le Razoscan.
BaseÌ sur lâalgorithme dâEcoIndex, le Razoscan est capable de geÌneÌrer un eÌco-score des parcours cleÌ, dâune page ou dâun site web (une note allant de A aÌ G par page, aÌ lâinstar de lâeÌtiquette eÌnergie pour les eÌquipements meÌnagers) et dâidentifier les principaux axes dâameÌlioration pour optimiser leur performance environnementale. Le score est calculeÌ selon des parameÌtres objectifs et quantifieÌs : le nombre dâeÌleÌments dâune page (le DOM), le nombre de requeÌtes neÌcessaires aÌ son exeÌcution et le poids des eÌleÌments chargeÌs aÌ chaque affichage de la page. Le Razoscan peut ainsi analyser le volume et le poids des eÌleÌments dâune page web, la qualiteÌ du code et lâutilisation du tracking meÌdia ou de navigation. Les premiers tests effectués ne sont pas très rassurants.
Tous bonnets dââne
« Globalement, les sites que nous avons étudiés sont très mal notés, reconnaît Sandrine Vissot-Kelemen. Mais les marques sont de plus en plus nombreuses à comprendre les responsabilités liées à leurs activités digitales. Du coup, leurs sites vont devoir évoluer comme cela a été le cas lors de lâintroduction de la RGPD. » Ce phénomène est-il pour autant synonyme dâun retour en arrière et de plateformes tristes comme un jour sans pain ? Loin de là ⦠« Nous sommes convaincus quâil est possible de faire converger les reÌvolutions numériques et eÌcologiques tout en creÌant des expeÌriences digitales qui soient aÌ la fois belles, utiles, et moins gourmandes en ressources, prédit la preÌsidente de Razorfish France. On peut faire beaucoup dâoptimisations tout un gardant un design et une interface attractifs. » Lâavenir le dira…
source : www.influencia.net