Les égéries L’Oréal donnent des leçons dont on boit les paroles, par Julien Calot (McCann)

3 février 2022

INfluencia : cette campagne mondiale pour féter les 50 ans de I’m worth it, est la « confirmation » d’une intuition que vous avez soumise à l’Oréal Paris il y a environ deux ans. Quel a été le process ?

Julien Calot : lorsque nous avons commencé à réfléchir sur ce que représentait L’Oréal il y a deux ans nous avions l’intime conviction qu’il fallait revenir aux fondamentaux de la marque. Nous nous sommes, mes créatifs et moi, re-penchés sur ses racines. Nous sommes en 1973. Autour de la table de réunion. Des hommes et une… jeune femme de 23 ans, libre, et irritée de constater que ces collègues ne voient dans la femme qu’un objet… Et puis ce cri, d’Ilan Specht, la rédactrice seule à la table « Because I’m worth it».

IN. : 1973, en plein mouvement de libération des femmes…

J.C. : exactement. Le mouvement féministe est en marche, et cette jeune rédactrice met les mots sur ce qu’elle voit et ressent autour d’elle et qu’elle revendique. Un moment historique pour la marque L’Oréal, dont le spot à l’époque va jusqu’à admettre ouvertement que ses produits sont couteux, parce que les consommatrices le valent bien…

IN. : du coup, vous reprenez l’original et proposez quelque chose de neuf d’inspirant à l’Oréal.

J.C. : oui, on le fait de manière proactive, en nous faisant la réflexion que la marque a perdu le lien avec sa base, et de sa force. Qu’il faut remettre du sens, et de l’emphase, car le monde d’aujourd’hui est bavard et égocentré. On fait une sorte de test avec Viola Davis il y a deux ans, juste avant l’explosion de  Black Live Matters, on tourne des images face caméra, avec une lumière sommaire, ou en tout cas pas réfléchie, et chez L’Oréal ils aiment. Avec l’accord de la maison mère, nous lançons la campagne, elle  fait le tour de la planète, plus de 9 millions de vues… Nous poursuivons en ce sens avec Eva Longoria.

IN. : aujourd’hui , en somme, vous officialisez ces essais ? En proposant au public 11 témoignages intimes et touchants ?

J.C. : Exactement, toutes ces égéries que nous connaissons, qui travaillent pour certaines, avec L’oréal -comme Jane Fonda– depuis 30 ans, racontent leurs récits, leurs histoires intimes qui leur ont permis de comprendre qu’elles avaient une valeur.

IN. : comment travaillez-vous avec elles ?

J.C. : vous l’avez constaté par vous-même, il suffit d’un set, d’une caméra (une Red de préférence), d’une lumière standard, qui finalement va mettre en lumière le rendez-vous avec le public. C’est un tête à tête, une complicité liée à une expérience vécue puis partagée. Je réalise les films, avec plusieurs chefs opérateurs, qui se demandent un peu comment ça va le faire avec cette lumière, et puis c’est justement cela qui apporte la grâce.

IN. : chacune de ces femmes et (de cet homme, le comédien danois Nikolaj Coster-Waldau ) racontent un vrai moment de bascule ?

J.C. : oui, c’est ce qui est très touchant. En fait certaines de ces égéries s’approprient complétement un texte écrit par nous sous leur dictée, d’autres réécrivent ce que nous mettons sur papier avec Liam Fearn et Eric Landowski. D’autres nous offrent leurs témoignages et nous les remettons en forme… Un travail fait en équipe. Lorsque Kate Winslet finit de dire son texte, elle éclate en sanglots. C’est très émouvant.

IN. : comment faire émerger la sincérité, la connivence aujourd’hui sur des réseaux sociaux saturés d’images et de sons?

J.C. : justement, il était là l’enjeu. L’Oréal est multiple, avec ces différentes personnalités qui l’incarnent de manière humaine. Soit exactement à l’opposé de ce qui se passe actuellement sur les réseaux où tout est “moi, moi, moi”, où les filtres, l’autocélébration règnent, et où par conséquent, les personnes lambda, qui regardent ces fils, finissent par se sentir inexistantes, diminuées. L’Oréal a toujours vendu de la confiance en soi. Aujourd’hui, cette quête est  plus valable que jamais. La femme L’Oréal ne se compare pas aux autres, elle partage son expérience.

IN. : côté pile ous êtes ingénieur en physique des ondes, matheux, dites-vous, côté face, peintre. Du coup comment se retrouve-t-on dans la pub, à 30 ans (il y a dix ans)?

J.C. : j’ai propose à mon cerveau droit de discuter avec mon gauche et ils ont trouvé un compromis. 7 ans dans le luxe chez Air Paris, cinq bientôt chez McCann Paris, où je supervise la création, une agence très agréable… Je peins par ailleurs… Finalement tous ces aspects se retrouvent dans le travail que je fais pour L’Oréal. La passerelle de la peinture, un travail intérieur, va bien avec ce que l’on montre de L’Oréal…





source : www.influencia.net

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