Demandons-nous si les data peuvent servir le bien commun. Certes, la collecte et le traitement des données personnelles nous inquiètent, et pour cause nos informations privées sont constamment exploitées, vendues voire volées à notre insu. En 2018, la société britannique Cambridge Analytica a collecté mis la main en toute illégalité sur les data de plus de 90 millions dâutilisateurs de Facebook pour dans le but de créer un programme capable depour prédire et influencer les choix des électeurs américains. Deux ans plus tôt, Uber avait été la victime du piratage des informations de 57 millions de ses chauffeurs et passagers. En 2013 et 2014, les données provenant de 1,5⦠milliard de comptes portés par Yahoo! avaient été vendues sur le marché noir. Il y a deux ans, 1,4 million de coordonnées de clients des 200 plus grands sites français de commerce en ligne ont été mises en vente par des criminels. Rien quâen avril 2021, ce sont les informations de 533 millions dâutilisateurs de Facebook qui ont été publiées gratuitement sur un forum de piratage. Et durant lâété, les données personnelles dâenviron 1,4 million de patients de lâAssistance Publique-Hôpitaux de Paris (APHP) ont été dérobées lors dâune attaque informatique.
Cette avalanche de scandales ne semble pas vouloir sâarrêter. Les données sont une marchandise à forte valeur lucrative, mais elles données peuvent pourtant aussi servir des bonnes causes justes, comme le progrès des avancées médicales, et la protection de lâenvironnement, ou être aider un moyen pour les des associations de trouver de nouveaux donateurs. « Lâor noir » du troisième millénaire nâest pas forcément polluantâ¦
La data contre la pandémie
Les analystes le disent tous : la collecte et le traitement des data ont permis dâaccélérer la lutte contre le Covid-19. Taux dâincidence et de mortalité, nombre de malades, de patients hospitalisés et de lits disponibles dans chaque hôpital, mouvements des populations, centres de soin disposant de vaccins, partage des données scientifiques pour faire avancer nourrir la recherche⦠Sans lâopen data, le machine learning et lâintelligence artificielle, la découverte, lâhomologation et la commercialisation des vaccins contre le coronavirus auraient pris beaucoup plus de temps. « Datavisualiser » des informations pour protéger notre santé ne date pas dâhiernâest pourtant pas une nouveauté ; câest en superposant sur une carte les adresses des victimes du choléra que John Snow découvrit en 1854 que la plupart dâentre elles avaient accès au point dâeau⦠Les data sont en cela un incroyable outil dâinformation.
LâIA contre la cécité
Lancé en mars 2020 par un étudiant à Telecom Nancy, Guillaume Rozier, le site CovidTracker a été consulté par des millions de Français désireux de suivre jour après jour lâévolution de la pandémie dans lâHexagone. Lâexploitation des données de santé peut également être très efficace dans le domaine de la prévention. Lâagence américaine du médicament (FDA) autorise depuis 2018 lâutilisation de lâintelligence artificielle pour lutter contre la rétinopathie diabétique, qui est une des causes principales de la cécité chez lâadulte. « Le Big Data peut changer nos vies, expliquait Guillaume Rozier à 20 Minutes. Les algorithmes sont meilleurs que lâÅil humain. Ils sont plus neutres et sont capables dâapprendre sur des millions dâimages afin de reconnaître un motif que lâhumain ne sera pas forcément capable de voir avec ses yeux. » Une simple photo permet déjà au logiciel IDx-DR de détecter, sans lâaide dâun médecin, une fragilité des micro-vaisseaux sanguins de la rétine.
Lâagence américaine du médicament (FDA) autorise depuis 2018 lâutilisation de lâintelligence artificielle pour lutter contre la rétinopathie diabétique.
Lâétude des données peut également aider à comprendre pourquoi tel type de cancer répond mieux à certains traitements plutôt quâà dâautres. En France, plusieurs cliniques utilisent depuis deux ans le logiciel dâIA de la jeune pousse TheraPanacea pour déterminer les organes à risque à ne pas irradier lors dâune radiothérapie. La start-up Medidata aide, quant à elle, les laboratoires à réduire le coût et la durée de leurs essais cliniques en trouvant les bons patients grâce à lâexploitation des données de plus de 23.000 essais cliniques. « Lâalgorithme santé que nous sommes en train de développer a pour objectif dâoptimiser toutes les étapes du traitement, précise Nikos Paragios, le CEO de cette jeune société fondée en mars 2017. Il devrait notamment rendre possible la radiothérapie dite adaptative à la volée, qui utilise le âmachine learningâ pour réguler, en temps réel, la dose délivrée au patient en fonction des changements anatomiques, et à terme en fonction des mouvements des organes pendant les séances de radiothérapie. » La start-up américaine Medidata Solutions Inc. accompagne, quant à elle, les laboratoires dans la réduction des coûts et durées de leurs essais cliniques en sélectionnant les bons patients grâce à lâexploitation des données de plus de 23000 essais cliniques. La collecte et le traitement des datas peuvent également fournir une information très utile pour la sauvegarde de la biodiversité.
Des data pour lâécologie en veux-tu en voilà â¦
Lâopen data peut être un outil pour alerter les scientifiques et les citoyens sur les conséquences liées notamment au réchauffement climatique. LâUnesco a développé en 2017 un site qui rassemble des données sur lâeau. Stress liés à lâagriculture ou à lâurbanisation, eaux souterraines, aquifères transfrontaliers, pourcentage dâeaux traitées dans les grandes villes⦠Des dizaines de cartes sont disponibles sur le Web. Sur le portail officiel des données européennes (data.europa.eu), plus de 265000 jeux de données liées à lâenvironnement et au climat sont libres dâaccès. Dans le cadre de son programme « AI on Earth » lancé en 2017, Microsoft développe imagine des outils, des modèles et des infrastructures afin dâaccélérer le développement technologique en faveur du respect de lâenvironnement. Son Planetary Computer combine des pétaoctets [1 Po équivaut à 10 puissance 15 octets (1 Po = 1015 o), ndlr] de données et des outils dâanalyse spatiale afin dâalimenter des applications de durabilité. Le géant américain met également à la disposition de plusieurs organisations sa technologie Cloud et ses logiciels dâIA afin de les soutenir dans leurs programmes. Imazon, une organisation brésilienne à but non lucratif qui se consacre à la conservation de la forêt amazonienne, utilise Microsoft Azure pour déterminer les risques de déforestation. Le World Mosquito Program se sert de ce même outil pour trouver localiser les meilleurs sites où lâcher des moustiques porteurs de Wolbachia, cette bactérie qui empêche ces insectes de propager des arbovirus comme la dengue et le chikungunya. Sachant que la biodiversité est aussi « cruciale pour notre santé et notre prospérité, il devrait être aussi facile pour quiconque dans le monde de rechercher lâétat de la planète que de rechercher sur Internet des itinéraires ou des restaurants, soulignait dans son blog Brad Smith, le PDG de Microsoft. Nous devons utiliser lâarchitecture de lâère de lâinformation â données, calcul, algorithmes… â pour accélérer un avenir plus respectueux de lâenvironnement ».
« Il devrait être aussi facile pour quiconque dans le monde de rechercher lâétat de la planète que rechercher sur Internet des itinéraires ou des restaurants. »
En France, lâAgence de lâenvironnement et de la maîtrise de lâénergie (ADEME) a créé un portail pédagogique en open data à destination des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public. Lâidée ? Les aider à « progresser dans leur démarche environnementale et à démultiplier les actions en faveur de la transition écologique ». Sur ce site, 114 jeux de données et 38 visualisations permettent de découvrir notamment les points noirs de bruit, les sites pollués, les installations de stockage des déchetteries et les diagnostics de performance énergétique des logements. Les données ne donnent pas uniquement des informations globales sur lâenvironnement. Elles peuvent sont aussi une aide à la prise de décisions au niveau local.
« La puissante combinaison de la technologie des capteurs et de lâanalyse des données va transformer la façon dont nous gérons les services de pollinisation. »
Le World Bee Project utilise ainsi le Big Data et lâIA pour protéger les abeilles. Des ruches bourrées de capteurs connectés au Cloud dâOracle permettent de protégers ces pollinisateurs. La hausse de lâintensité des basses fréquences signifie, par exemple, quâune colonie sâapprête à former un nouvel essaim. Informé, lâapiculteur qui peut capturer cette troupe dâabeilles et la mettre déplacer dans une nouvelle ruche. à lâinverse, lâaugmentation du niveau de bruit marque lâagitation dâune colonie quand la ruche est attaquée par un frelon. Averti par son smartphone, lâéleveur peut se précipiter vers sa ruche pour et sauver la reine mère. « La puissante combinaison de la technologie des capteurs et de lâanalyse avancée des données va transformer la façon dont nous surveillons, modélisons, comprenons et gérons les services de pollinisation », se réjouit George Clouston, le conseiller scientifique du World Bee Project.
Le Big Data vous trouve désigne des donateurs
Les data sont également de plus en plus utilisées par les ONG sont par ailleurs de plus en plus intéressées par les data pour trouver des donateurs. Les plus petites associations font appel à des pure players, comme iRaiser ou Mipise, qui leur proposent des solutions de marketing automation afin dâinteragir de façon automatique et personnalisée avec chaque donateur mécène, ainsi que des outils CRM qui suivent lâensemble des interactions et des paiements des prospects et des donateurs. Les plus gros organismes font, quant à eux, appel aux mêmes prestataires que les groupes du privé. « Nous avons fait confiance à Salesforce, car leur logiciel nous permet dâavoiroffre une vision à 360° sur nos donateurs, explique Lucie Bringer, la responsable du service de collecte de fonds chez Amnesty International France. Cet outil est très réactif et il nous donne une vision en temps réel de nos campagnes papier, téléphonique et digitale. Il est aussi transversal. Quand une personne nous envoie un don, elle reçoit cinq minutes après un e-mail de remerciement, et lorsquâelle répond à un appel, on lui envoie des nouvelles de la campagne quâelle soutient. Ce programme représente un investissement, mais il est très efficace. » Et pour cause. « Sur chaque campagne numérique de collecte, nous récoltons en moyenne 4 euros pour chaque euro investi, révèle Vincent Crehalet, le directeur de la collecte grand public dâAction Contre la Faim. Ce rapport est de 1 à 3 pour le papier et de 1 à 1 pour la prospection. » Les data parfois ont du bon !
*William Shakespeare, Hamlet (1601), II, 2.
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source : www.influencia.net