INfluencia : remarquez-vous chez Trygr un intérêt croissant de la part des marques envers le retail media chez les e-commerçants de plus petite taille ?
Charles Deffontaine : le développement des offres publicitaires dâAmazon a permis de montrer au marché lâintérêt du retail media. Nous le constatons chez Trygr. Cela intéresse les marques. Elles souhaitent accéder aux data de leurs distributeurs parce que câest cela qui fonctionne et qui amène les bonnes performances. Les marques ont toutes observé une accélération forte du canal e-commerce sur leurs résultats commerciaux. Lâannée 2020 a été charnière de ce point de vue.
IN : les e-commerçants de moyenne et petite taille se montrent-ils également intéressés ?
C.D. : les retailers avec lesquels Trygr travaille [SVR, LaSante.net, Golf Plus, Vino Club, etc., NDLR.] sont très clairement intéressés par ça. Leurs partenaires le leur demandent régulièrement. Les équipes qui sâoccupent de la distribution digitale de grandes et de petites marques sont à lâaffût de nouveaux leviers pour accélérer leurs ventes sur les sites e-commerce. Elles recherchent des moyens dâactiver et de mesurer des campagnes intégrées aux sites qui distribuent leurs produits. Elles ne disposent pas dâoutils pour le faire.
IN : quels bénéficies peuvent-ils espérer du retail media ?
C.D. : ils peuvent mieux vendre les produits quâils distribuent grâce au fait de les mettre en avant. Cette capacité ils peuvent la mettre à profit dans leur négociation commerciale avec leurs partenaires. Ils peuvent même en faire une ligne de revenus à part entière. Tout dépendra de la volumétrie et donc du poids de chaque distributeur vis-à -vis de ses fournisseurs.
IN : pensez-vous vraiment que ces acteurs peuvent aller jusquâà faire du retail media une source de revenus à part entière malgré leur reach limité ?
C.D. : je le pense, oui, jâen suis persuadé parce quâil sâagira pour eux de capter des budgets aujourdâhui consacrés au trade marketing digital. à la différence de lâachat média pur, en retail media le but est de faire lâactivation en magasin, dans notre cas en site e-commerce. Les marques activent de nouveaux budgets ou les récupèrent des budgets médias parce quâelles constatent des retours plus efficaces. Les KPI du retail media sont beaucoup plus intéressants pour les marques parce que ce levier se positionne tout près du parcours consommateur. De plus cette data-là a une valeur très forte, elle génère des ROI considérables et immédiats.
IN : entre en jeu alors Trygr, entreprise que vous avez lancée l’été dernier, pour équiper les petits et moyens e-commerçants.
C.D. : oui, nous croyons au retail media et nous avons lâambition de le démocratiser auprès des sites e-commerce multimarques. Les plus petits acteurs ont besoin dâune solution clés en main pour dynamiser leur trade marketing avec leurs partenaires fournisseurs. Le souci est que les technologies de retail media du marché sont très orientées sur les plus gros. Elles ne sont pas adaptées aux e-commerçants multimarques de plus petite taille. Nous offrons une plateforme technologique avec du conseil et un accompagnement personnalisé pour lâintégration. Elle est accessible en mode SAS aux sites e-commerçants disposant entre 100 000 et 1 million de visiteurs uniques par mois. Nous ne sommes pas une régie. La modèle des régies, basé le plus souvent sur le partage de revenus médias/data, ne convient pas à ces plus petits acteurs.
IN : en deux mots, que peuvent-ils faire avec Trygr ?
C.D. : les e-commerçants travaillant avec Trygr peuvent créer des formats publicitaires ou de mises en avant intégrés de manière native aux pages et résultats de recherche de leurs sites. Ils peuvent générer des segments dâintentionnistes en combinant leurs données transactionnelles, de navigation et les données produits. Les marques auront alors accès à un ciblage dédié en fonction de ces segments. Ils peuvent également générer et partager des reportings complets de campagnes : impressions, visibilité, coût par clic, mises au panier, ventes, etc. Nous travaillons en parallèle avec eux lâoptimisation et lâautomatisation du merchandising. Nous les aidons à personnaliser la mise en avant de produits en fonction de la donnée utilisateur.
IN : sur les KPI les plus courants dans ce type de campagne, quels retours avez-vous déjà observés ?
C.D. : câest très variable en fonction des sites et des emplacements. Sur les premières campagnes activées, on constate des taux de clics de 1,5% à 3 %, ce qui est très élevé comparé au digital. Le ROAS [retour en ventes de lâinvestissement publicitaire, NDLR.] varie entre 5 et 10. Et cela ce nâest que le début. Ce sont des petits échantillons. Nous nâavons pas encore de retour sur de grands volumes.
source : www.influencia.net