Les USA attaquent Google pour abus de position dominante : un procès historique pour la Big Tech

21 octobre 2020

Vers un procès sans précédent, qui pourrait avoir des conséquences importantes sur les géants de la « Big Tech ».

Les États-Unis s’attaquent aux monopoles des géants de la Big Tech. © kovop58 – stock.adobe.com

Les États-Unis attaquent Google pour abus de position dominante

Le département de la justice des États-Unis dépose plainte contre Google. L’institution estime que Google ne respecte pas la loi antitrust américaine, abuse de sa position dominante et porte ainsi atteinte au droit de la concurrence et à la qualité de l’offre proposée aux consommateurs. Le procès qui va suivre s’annonce historique pour Google, mais également pour tous les géants du numérique.

Ce que la justice américaine reproche à Google

Dans un communiqué, le département de la justice des États-Unis justifie son action.

Le ministère de la Justice […] a déposé une plainte antitrust devant le tribunal […] pour empêcher Google de maintenir illégalement des monopoles par le biais de pratiques anticoncurrentielles et d’exclusion sur les marchés du Search et du Search advertising.

Le procureur général, William Barr, rappelle à quel point les Américains dépendent d’Internet et des plateforme en ligne au quotidien pour justifier l’importance d’une libre concurrence sur les marchés associés. Il estime que « ce procès vise l’emprise de Google sur Internet pour des millions de consommateurs, annonceurs, petites entreprises et entrepreneurs, contraints par un monopole illégal ».

La justice américaine évoque les accords signés entre Google et d’autres géants du numérique. La plainte déposée par les États-Unis cite notamment :

  • Les accords d’exclusivité, qui interdisent la pré-installation d’un moteur de recherche concurrent ;
  • Les accords apparentés à de la vente liée, qui forcent la pré-installation du moteur de recherche sur des smartphones ;
  • Les accords avec Apple pour que Google soit le moteur de recherche par défaut sur le navigateur Safari.

Le département de la justice reproche aussi à Google d’abuser de sa position dominante en privilégiant son moteur de recherche sur ses appareils et son navigateur, « créant ainsi un cycle qui renforce son monopole en continu. Ces pratiques anticoncurrentielles nuisent à la concurrence et aux consommateurs, réduisant la capacité des nouvelles entreprises innovantes à se développer et devenir compétitives face à Google ».

Le département de la justice estime enfin que ces pratiques ont eu pour effet « d’éliminer la concurrence pour la majorité des requêtes de recherche » et que la stratégie de Google a « nui aux consommateurs en réduisant la qualité de la recherche (y compris sur certains aspects comme la confidentialité, la protection et l’usage des données des consommateurs) ». La justice vise également la publicité en ligne.

En supprimant la concurrence dans le domaine de la publicité, Google a le pouvoir de facturer aux annonceurs plus qu’il ne le pourrait sur un marché concurrentiel et de réduire la qualité des services qu’il leur fournit.

Vous pouvez consulter l’intégralité de la plainte déposée par la justice américaine – et par 11 procureurs généraux d’États américains – contre GOOGLE LLC.

Quand on attaque Google, Google contre-attaque

Google n’a pas tardé a réagir. Sur son site The Keyword, la firme de Mountain View répond aux accusations de la justice américaine.

Le procès intenté aujourd’hui par le département de la justice est profondément vicié. Les gens utilisent Google par ce qu’ils le veulent, pas parce qu’ils y sont contraints ou parce qu’ils ne trouvent pas d’alternative (Kent Walker, SVP of Global Affairs, Google).

Google estime que cette action judiciaire, si elle aboutit à la condamnation de Google, ne sera d’aucun bénéfice pour les consommateurs. « Au contraire, cela favoriserait artificiellement des alternatives de recherche de moindre qualité, augmenterait le prix des téléphones et rendrait plus difficile l’accès au moteur de recherche que les gens veulent utiliser ». Google assume également les accords signés avec d’autres entreprises comme Apple pour être le moteur de recherche par défaut de Safari.

Oui, comme d’innombrables entreprises, nous payons pour promouvoir nos services, comme une marque de céréales qui paye un supermarché pour que ses produits soient en tête de gondole.

Google montre ensuite, images à l’appui, comment ces accords se traduisent pour les consommateurs qui utilisent le navigateur Safari d’Apple. L’entreprise cherche à montrer que d’autres acteurs sont présents – et payent pour l’être – comme Bing et Yahoo!. Google démontre également qu’il est aisé de changer de moteur de recherche sur Safari.

Google, Bing et Yahoo sur Safari © Google

Google évoque également les pratiques de ses concurrents : d’autres membres de la Big Tech n’hésitent pas à promouvoir leurs services, Google le prouve en montrant la prédominance de Bing et Microsoft Edge sur les ordinateurs Windows.

Bing, Bing, Bing. © Google

Google évoque évidemment Android et les accords signés avec les constructeurs et les opérateurs. Google estime que ce sont ces accords qui lui permettent de distribuer Android gratuitement – et que sans ces accords, le prix des téléphones serait plus élevé. Cette déclaration fait écho au préambule du communiqué, qui évoquait une possible augmentation des tarifs des téléphones à l’issue du procès antitrust.

Google accuse, à demi-mots, la justice américaine de sous-estimer les capacités intellectuelles des internautes. Choisir son moteur de recherche, ce n’est pas si compliqué : c’est ce que Google cherche à démontrer en publiant une série de GIF qui expliquent comment effectuer la manipulation en quelques clics.

Choisir Bing, ce n’est pas si compliqué (mais personne ne le fait) © Google

La firme de Mountain View rappelle également que plus de 200 milliards de téléchargements d’applications ont été réalisés l’an dernier, et que beaucoup de services populaires ne sont pas installés par défaut sur les smartphones – Spotify, Instagram, Snapchat, Amazon, Facebook… Google cite ainsi ses concurrents pour montrer que les internautes s’appuient sur d’autres acteurs, notamment pour la recherche : Twitter pour l’actualité, Kayak et Expedia pour les vols, OpenTable pour les restaurants…

Quelles conséquences sur Google et les acteurs de la Big Tech

Le procès à venir s’annonce retentissant. Il s’agit d’une action judiciaire sans précédent à l’encontre d’une entreprise du numérique. À travers cette action judiciaire contre Google, tous les géants de la Big Tech peuvent trembler. Car si la justice américaine estime que Google entretient son monopole en favorisant ses services et bloque la concurrence, pourquoi Microsoft serait épargné lorsqu’il préinstalle Microsoft Edge sur nos PC ? Pourquoi Apple serait épargné lorsqu’il oblige les développeurs à passer par l’App Store et ses 30 % de commission pour distribuer leurs applications ?

Si la culpabilité de Google est caractérisée, on pourrait assister à des modifications importantes sur le search, la publicité en ligne et le secteur de la téléphonie mobile. Et au-delà du cas particulier de Google, les conséquences pourrait être majeures pour l’ensemble des géants du numérique.





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