Lâappellation Ventoux représente 7700 hectares de vignes nichés sur deux parcs naturels régionaux et les deux réserves de Biosphère UNESCO présents sur son territoire : le Luberon et le Ventoux. Elle réunit 150 caves, coopératives ou particulières pour environ 750 coopérateurs.
En parallèle de la réalisation du bilan carbone à lâéchelle de toute lâappellation, lâAOC Ventoux a mené un long travail pour formaliser sa raison dâêtre. Une première grande consultation a été lancée à la fin de lâautomne 2020 auprès de tous les adhérents de lâappellation pour un projet ambitieux durable quâils pourraient coconstruire. Ce fut un succès avec plus de 230 réponses, sâen sont suivis des ateliers participatifs afin de resserrer les thématiques, puis une nouvelle consultation en mai 2021 pour hiérarchiser. La raison dâêtre a finalement été validée par lâAG de juin 2021 : « réunis pour partager, protéger et cultiver le Sommet du Vivant. »
Trois verbes, qui forment les trois grands piliers de lâengagement. Tout dâabord, protéger le vivant avec une première action autour de la protection et du développement des forêts. LâAOC veut se réapproprier lâhistoire du Ventoux qui a bénéficié dâun travail de reforestation au 19e siècle. Lâobjectif est dâarriver à 30 000 arbres dâici 2030.
La deuxième action concerne la préservation des sols vivants avec un objectif de tripler les surfaces dâenherbement naturel ou semé de lâappellation Ventoux. La sensibilisation sur lâimportance du couvert végétal est un point assez central dans le projet de lâAOC, il sâagit de participer chaque année à lâinventaire de la biodiversité sur le territoire.
Le deuxième grand pilier concerne la réduction de lâimpact de lâAOC et son adaptation au changement climatique. LâINRAE a établi des prospections climatiques qui ont permis à lâappellation dâacquérir plus de 10 000 cartes. Lâobjectif dâici 2030 est de développer des données cartographiques (SIG) qui intègrent les cartes climatiques de lâINRAE et permettent à lâappellation de mieux piloter le contexte de production de demain. Elle devrait au 1er semestre de lâan prochain avoir fini dâexploiter cet outil qui permettra à chaque vignoble de compter son impact carbone.
Autre objectif : réduire de 30% les émissions de CO2 pour limiter lâimpact sur le vivant et atteindre lâobjectif européen de neutralité carbone en 2050. Cette réduction se fera grâce à la plantation dâarbres, au développement des surfaces enherbées, mais aussi grâce à la mise en place dâun réseau de consignes de bouteilles de verre avec lâobjectif de réutiliser 300 000 bouteilles dès 2023.
« Lâobjectif est dâavoir une viticulture plus exemplaire tout en conservant un modèle économique viable pour toutes nos caves. Sur les questions de couverture végétale, nous voulons avoir la certitude que nous pouvons développer des surfaces dâenherbement sans que cela coûte plus cher à nos caves. Il nây aura pas de diminution de surface : lâidée est dâenherber entre les rangs de vignes et certains vignerons ont même fait des expériences dâenherbement total » explique Frédéric Chaudière, Président de lâAOC Ventoux.
Le troisième pilier est de partager et cultiver la vie locale en étant partenaire de grands évènements locaux.
Autre action importante pour lâAOC Ventoux : la mise en place, deux fois par an, dâateliers de transferts de savoir-faire et de compétences. Les problématiques seront diverses : Ånologiques, agronomiques, commerciales⦠La première thématique choisie est le couvert végétal et aura lieu le 1er février 2022. Des universitaires et des vignerons de lâappellation viendront présenter lâétat du savoir sur lâenherbement, puis dresseront un état des lieux des échecs, et proposeront des ateliers participatifs. Enfin, lâAOC Ventoux sâengage à développer lâattractivité Åno-touristique et agricole de son territoire en associant systématiquement à tous les événements de promotion de lâAOC les acteurs du tourisme ou les producteurs de son territoire comme partenaires engagés (truffes, olives, cerises, fraises, muscat, petit épeautre…) et développer le « slow » tourisme.
Aujourdâhui, 16% des surfaces de lâappellation sont en bio ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale. Il y a un très fort développement du label Haute Valeur Environnementale dans lâappellation, « en 2025 on approchera 25% du bio et 50% du HVE » estime Frédéric Chaudière. « Nous nâavons pas jugé que câétait à nous dâimposer ce genre de démarche, lâAOC Ventoux est dans une démarche territoriale globale. »
Par ailleurs, Frédéric Chaudière a été récemment reçu au Sénat pour présenter ses engagements devant la Commission Vigne et Vins, qui ont été accueillis à titre dâexemple en France.
A la suite de lâAG de juin 2021, lâAOC Ventoux sâest dotée dâune chargée de mission climat et transition environnementale en la personne dâIsabelle Fabre. Pour conforter sa démarche, lâappellation a créé un Comité de Pilotage Raison dâêtre Ventoux. Cet organe consultatif se réunit deux fois par an pour établir des recommandations sur la mise en Åuvre dâengagements, suivre la réalisation concrète dâactions sur le terrain, conseiller sur la mise en place de nouvelles initiatives et informer toutes les parties prenantes de ses démarches. Il est composé de représentants des deux PNR, de la Chambre dâAgriculture, de VPA (Vaucluse Provence Attractivité), de lâINRAE, de membres de la société civile et du vignoble. « Le projet est de créer du collectif et une dynamique générale à lâintérieur de lâappellation. Ce nâest pas une démarche normative, nous nâavons pas essayé dâimposer un label » précise Frédéric Chaudière, Président de lâAOC Ventoux.
Que ce soit au travers des labels comme la conversion bio et la labellisation Haute Valeur Environnementale du Château Roquefort ou à travers une raison dâêtre comme celle de lâAOC Ventoux, les enjeux de lutte contre le réchauffement climatique et de préservation de la biodiversité sont une urgence pour le secteur viticole. Effet de mode ou non, les vignerons sont les premiers concernés dans la préservation de leur écosystème, il en va de leur survie.
source : www.influencia.net