La boucle est bouclée. Les marques de vêtements ne peuvent plus se cacher derrière leur petit doigt. Tout le monde sait aujourdâhui que le textile est une des industries les plus polluantes au monde. Un jean neÌcessite 7500 litres dâeau en moyenne pour eÌtre fabriqueÌ, soit ce quâun eÌtre humain boit en sept ans. Il voyage en avion jusquâaÌ 65.000 km lors de son assemblage et il libeÌre au cours de son lavage des milliers de particules de micro-plastique qui polluent les oceÌans. Le polyester deÌvore, quant à lui, 48 millions de tonnes de peÌtrole chaque anneÌe. Lâensemble des mateÌriaux utiliseÌs dans la fabrication textile mondiale produit 1,2 milliard de tonnes ce CO2 par an. La Fast Fashion nous a poussé à acheter toujours plus. Zara propose 30.000 modèles différents par an et Primark une collection par⦠semaine.
Mieux vaut tardâ¦
Certains grands groupes ont compris quâils devaient changer leur fusil dâépaule pour répondre aux attentes de leurs clients soucieux de la protection de lâenvironnement. Le 23 aouÌt 2019, 32 geÌants de la mode dont H&M (Cos, Arket, & Other Stories) et Inditex (Zara, Pull & Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oyshoâ¦) ont signé le Fashion Pact qui vise aÌ proteÌger le climat et la biodiversiteÌ par le recours aÌ 100% dâeÌnergies renouvelables en 2030 et une eÌmission neutre de CO2 dâici aÌ 2050. Ces engagements forts sont toutefois non contraignants. De nombreuses enseignes comme Zalando, Le Printemps, Vestiaire Collective, Vinted, Système U, Auchan proposent, quant à elles, des vêtements de seconde main dans leurs rayons ou sur leurs sites.
Plus blanc que blanc
Depuis quelques années, de plus en plus de marques « vertueuses » commencent à apparaître sur le marché. Patagonia et Veja ont été parmi les premières à montrer la voie. Un nouveau petit poucet vient de se lancer en France. Sa marque : Circle fort logiquement⦠« Ce nom symbolise à la fois lâéconomie circulaire et les anneaux olympiques », résume son co-fondateur Romain Trebuil. Cet entrepreneur, qui a travaillé pour Total et LâOréal avant de fonder en 2017 la marketplace dédiée aux freelances Yoss quâil a revendu deux ans plus tard au groupe Adecco, sâest reconverti dans lâhabillement sur le tard. « Je voulais me lancer dans lâéconomie circulaire, nous raconte ce patron de 36 ans. Passionné de ski et de running, jâai vite réalisé que le sportswear était la branche la plus polluante de lâhabillement car les matières premières sont souvent synthétiques et les articles viennent tous dâAsie. »
Une équipe de choc
Lancé il y a tout juste deux ans, Circle fabrique en Europe (70% au Portugal et 30% en France) des vêtements avec des matériaux recyclés ou naturels et 100% recyclables. Ses circuits de production ne dépassent pas 2500 kms en moyenne contre plus de 70.000 kms pour ses rivaux. Lâéquipe réunie par Romain Trebuil dans son siège parisien ne manque pas de bouteille. La directrice artistique de la marque, Solène Roure, a travaillé pour Hogan, Alexander McQueen, Nike et lululemon, le directeur des ventes, Martin Lesieur, a fait ses armes chez Veepee et Johanna Jimenez est lâancienne Community Manager de lululemon.
La jeune pousse vient en effet de lever 2,5 millions dâeuros auprès de plusieurs investisseurs dont la BPI pour passer un nouveau cap.
De 35 à 90 références en un an
La start-up a lancé sa toute première collection en mars 2020 et elle a pris ses premières commandes six mois plus tard. Sa gamme, qui comprend 35 références destinées pour lâinstant aux amateurs de tennis, de yoga, de running et dâescalade, proposera 90 articles dâici la fin de lâannée. La jeune pousse vient en effet de lever 2,5 millions dâeuros auprès de plusieurs investisseurs dont la BPI pour passer un nouveau cap. « Notre arrivée dans les grands magasins est déjà prévue, annonce Romain Trebuil. En avril, nous allons ouvrir un espace au Bon Marché et nous entrerons à la Samaritaine et aux Galeries Lafayette dès cette année. Ces corners nous permettront de savoir si nous devons nous lancer dans le commerce physique ou rester cantonné dans les ventes sur internet. Notre gamme va, quant à elle, être scindée en deux segments. Nos Everyday Players proposeront des essentiels multisports et le Legendary Club offrira des vêtements plus techniques adaptés à des sports en particulier comme le cycling. » Après un très bon démarrage en France, la PME va aussi chercher à se développer à lâinternational et notamment en Europe et aux Etats-Unis où 20% de ses ventes sont déjà réalisées.
Son CA va tripler en 2022
Pour son premier exercice plein dâactivité, Circle est parvenu à afficher lâan dernier un chiffre dâaffaires de 300.000 euros. Le cap du million devrait être franchi en 2022. Le début dâannée a en effet été prometteur. « Nos revenus au premier trimestre étaient 1000% supérieurs à ceux accumulés de janvier à mars 2021 », révèle le CEO de la jeune pousse. La concurrence toutefois est rude sur ce marché. « Pour moi, des marques comme Veja ou Patagonia ne sont pas des rivaux mais des exemples, relative lâentrepreneur. Leurs clients sont nos clients mais il y a de la place pour tout le monde. » Lâavenir le diraâ¦
source : www.influencia.net