L’impact du numérique sur les politiques RSE des entreprises

21 janvier 2022


Nicolas Dussert, directeur développement France chez EcoVadis, revient pour nous sur l’importance des politiques RSE des entreprises, et l’impact du digital sur celles-ci.

EcoVadis nous explique l’impact du numérique sur les politiques RSE des entreprises. © ivector – stock.adobe.com

À l’heure actuelle, quelles sont les typologies d’entreprises concernées par la RSE ?

Toutes les entreprises, quel que soit leur taille ou leur secteur, ont de nombreux avantages à investir dans l’amélioration de leurs pratiques RSE. En effet, il n’est plus à démontrer le levier de différenciation et de compétitivité qu’offre la RSE.

La quatrième étude sur les performances RSE des entreprises françaises que nous avons réalisée avec la Médiation démontre une dynamique très positive. En effet, ce rapport, qui s’appuie sur 6 années d’évaluations RSE réalisées par EcoVadis, classe la France en 3ème position en matière de management RSE, et en première position sur les enjeux sociaux.

Pour Pierre PELOUZET, médiateur des entreprises, « cela montre encore une fois l’engagement important des entreprises françaises dans le domaine de la RSE. Acheter auprès d’une entreprise française, c’est acheter un niveau de RSE de classe mondiale, c’est acheter responsable ».

Quels sont les éléments déclencheurs qui poussent les entreprises à se lancer dans une démarche RSE ?

Aujourd’hui, négliger ses pratiques RSE, c’est le risque de perdre en image de marque ainsi qu’en part de marché ! Près de 40 % des 950 directions achats des multinationales que nous accompagnons intègrent la notation RSE EcoVadis comme critère de choix dans leur processus de sélection des partenaires commerciaux, notamment dans les appels d’offres. Les organisations ont donc un formidable pouvoir d’influence positive sur les pratiques, par leur capacité d’achats, en incitant leurs partenaires à mettre en œuvre de bonnes pratiques concernant la condition humaine et à réduire leurs externalités négatives pour la planète.

Du côté des institutions financières, des investisseurs et des directeurs financiers, RSE (aussi appelé ESG) et finance durable semblent être la priorité. Face à la pression de l’opinion publique et des investisseurs, les acteurs de la finance sont contraints de s’engager dans un véritable basculement de leur portefeuille. Axa par exemple, refuse d’assurer RWE, le plus gros émetteur de CO2 d’Europe. Une entreprise qui n’aura pas aujourd’hui mis en place un système pour agir et prévenir des risques environnementaux et sociaux dans sa supply chain ne trouvera plus les financements nécessaires à son développement demain.

Enfin, la réglementation se durcit et incite les entreprises les plus récalcitrantes à se responsabiliser et à agir par des actions concrètes, comme la loi Sapin II et le Devoir de vigilance en France, repris récemment par le Bundestag allemand. C’est maintenant au parlement européen que le Devoir de diligence et la responsabilisation de l’entreprise sont discutés.

Donc, quitte à le faire, autant agir avec conviction et profiter des bénéfices induits d’un programme achats responsables solides tout en contribuant, chacun à son niveau, à un monde meilleur et à raisonner en impact positif plutôt qu’en mise en conformité.

De manière générale, comment les outils numériques peuvent-ils contribuer aux politiques RSE des entreprises ?

La digitalisation permet d’aller plus loin dans la profondeur, la quantité d’informations collectées et d’en accélérer leur traitement. Il en découle alors des indicateurs d’autant plus robustes et détaillés contribuant à des prises de décision éclairées.

Sur l’enjeu de réduction des émissions de carbone par exemple, nos évaluations permettent d’accompagner les entreprises dans le calcul de leurs émissions de scope 1, 2 et 3, appuyé sur d’immenses bases de données internationales, ainsi que d’évaluer les pratiques engagées pour amorcer cette décarbonation. Celles qui n’ont pas encore engagé cette démarche seront pénalisées dans les années à venir et perdront en compétitivité.

Dans le cadre du processus d’évaluation mené par EcoVadis, l’intelligence artificielle permet de prétraiter les informations collectées, tandis que le digital offre la possibilité d’augmenter le nombre de points de données, de réduire leur temps de traitement et de proposer une approche collaborative via une plateforme Saas, permettant aux entreprises de mutualiser leurs efforts.

Les faux pas des entreprises en matière de RSE peuvent rapidement se propager avec les réseaux sociaux. Le digital incite-t-il les entreprises à faire plus attention ?

Les réseaux sociaux sont clairement des catalyseurs, et demandent une vigilance accrue concernant les pratiques RSE de l’entreprise et de ses partenaires. Le maillon faible n’est plus seulement les pratiques d’une société, mais davantage celles des entreprises de la supply chain. Ainsi, la réputation de l’entreprise, voire son cours de bourse, peut-être durement impacté par un manque de vigilance. Par exemple, de nombreuses entreprises ont été impactées lorsque le scandale des minorités ouïghoures en Chine a été révélé.

Les consommateurs finaux, eux aussi, peuvent boycotter une marque par manque de transparence de ses pratiques. Ils souhaitent avoir un impact, faire entendre leurs attentes et agir selon leurs choix.

Finalement, les investisseurs sanctionnent durement une valeur faisant l’objet d’une controverse et intègrent davantage la performance RSE dans leurs choix d’investissements.

On entend souvent parler de greenwashing ou encore de purposewashing. Comment peut-on discerner une vraie démarche RSE d’une simple stratégie de communication ?

Comme nous sommes passés de la « Soft Law » à la « Hard law » avec les nouvelles réglementations, nous constatons un écart toujours plus important entre les entreprises qui communiquent plus qu’elles n’agissent et celles qui génèrent de la croissance, et en profitent même parfois pour transformer leur modèle d’affaires.

Nous ne sommes donc plus à l’air du greenwashing, mais bien à la démarcation des entreprises qui tirent profit d’une compétitivité accrue grâce à la robustesse et la sincérité de leurs actions extrafinancières. Leurs clients et investisseurs achètent, investissent pour des actions concrètes et le bien auquel elles contribuent indirectement pour un monde meilleur demain. C’est une énorme opportunité pour ces entreprises de prendre de vitesse celles qui tentent encore de faire illusion !

À l’heure actuelle, la RSE représente-t-elle un levier de performance pour les entreprises ?

Aller chercher de la performance RSE c’est d’abord une formidable opportunité de lier actions et réductions de coûts, notamment sur le volet consommation d’énergie, revalorisation des déchets, économie circulaire, réduction des gaz à effet de serre…

C’est aussi une formidable opportunité de proposer des produits et service qui répondent aux nouvelles attentes, et offrent d’innombrables opportunités d’affaires pour les organisations. Par exemple, de plus en plus d’entreprises du secteur énergie se tournent désormais vers des offres d’énergies renouvelables.

Sur quels critères peut-on évaluer la démarche RSE d’une entreprise ?

Les pratiques RSE sont encadrées par le standard international ISO 26000, qui donne des lignes directrices pour tous ceux qui ont conscience qu’un comportement socialement responsable et respectueux de l’environnement est un facteur clé de la réussite.

La méthodologie EcoVadis s’appuie donc sur l’ISO 26000, et évalue des critères issus de quatre grands thèmes : l’environnement, le social et le droit humain, l’éthique des affaires et les achats responsables. Nous réalisions ensuite un audit documentaire, afin d’analyser les éléments de preuve collectés auprès des entreprises et des parties prenantes. Le résultat est une fiche d’évaluation « Scorecard » actionnable, incitant à l’action, assortie d’un score pour chacun des 4 thèmes et d’un score global permettant aux entreprises de comparer leur performance avec leurs pairs, et de faire valoir leurs actions auprès de l’ensemble de leurs clients, investisseurs et assureurs.



Source : Blog du modérateur

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