Influencia : vous dites que le groupe familial Ford a toujours été soucieux du climat, et lâun des premiers à sâintéresser aux alternatives écologiques en matière de carburant â¦Â Quels sont vos engagements aujourdâhui ?
Louis Carl Vignon : engagé sur la voie de la construction d’un monde plus durable pour les générations futures, Ford a annoncé d’ambitieux objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre dans le résumé de son Rapport Environnemental et Financier 2021. Réduire de 76% les émissions absolues de gaz à effet de serre provenant des activités mondiales de Ford. Baisser de 50% les émissions de gaz à effet de serre (par kilomètre) provenant des nouveaux véhicules. Utiliser 100 % d’électricité renouvelable d’origine locale pour toutes les usines de fabrication d’ici 2035. Ãlectrifier lâintégralité de la gamme de véhicules Ford qui sera 100% électrique dâici 2030 pour les véhicules particuliers tandis que chaque véhicule utilitaire sera disponible en version hybride rechargeable ou 100% électrique dès 2024. Atteindre la neutralité carbone dâici 2050.
IN. : il y a forcément des étapes intermédiaires dans ce programme ambitieuxâ¦
L.C. V. : Ford a utilisé l’approche de l’initiative Science Based Targets (SBTi) pour fixer des objectifs d’émissions intermédiaires conformes à ce que les derniers climatologues jugent nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Les objectifs pour 2035 consistent à réduire de 76 % les émissions absolues de gaz à effet de serre provenant des activités mondiales de l’entreprise et de 50 % (par kilomètre) ceux provenant des nouveaux véhicules vendus dans le monde. La clé de la réduction des émissions est le développement de véhicules électrifiés. La stratégie de Ford en Europe est de se lancer massivement dans l’électrification, les véhicules particuliers devant être entièrement électriques d’ici 2030. En ce qui concerne les véhicules utilitaires, la gamme de Ford en Europe sera capable de produire des émissions nulles, avec des véhicules 100% électriques ou hybrides rechargeables, dès 2024.
L’objectif de neutralité carbone de l’entreprise pour 2050 est aligné sur l’Accord de Paris sur le climat, auquel les Ãtats-Unis se sont récemment réengagés et que Ford soutient pleinement.
L’investissement d’un milliard de dollars destiné à transformer l’usine d’assemblage de véhicules de l’entreprise à Cologne en un centre de fabrication de véhicules électriques, première installation de ce type en Europe, est le fer de lance du passage à l’électrique. En outre, la prochaine génération de la gamme Ford Transit Custom comprendra des modèles 100% électriques construits par Ford Otosan en Turquie, ce qui renforcera la stratégie d’électrification de Ford et son leadership en matière de véhicules utilitaires en Europe. L’objectif de neutralité carbone de l’entreprise pour 2050 est aligné sur l’Accord de Paris sur le climat, auquel les Ãtats-Unis se sont récemment réengagés et que Ford soutient pleinement.
IN. : comment éduquer les consommateurs sur lâélectrique ?  Â
L.C. V. : lâétude montre que lâélectrique est vu comme le futur. En attendant une bascule complète des consommateurs, lâhybride représente chez 31% des Français une première étape intéressante vers l’électrification. 1 personne sur 3 (33 %) estime quâun véhicule hybride représente le meilleur compromis entre l’essence et les énergies plus propres. Cependant, lâétude montre également que les consommateurs ne connaissent pas toutes les solutions qui leurs sont proposées et sont un peu perdus. Par exemple, Ford propose aujourdâhui plusieurs typologies dâélectrification, lâHybridation légère, l’hybridation rechargeable, le Tout Hybrid, le 100% électriqueâ¦
lâétude montre également que les consommateurs ne connaissent pas toutes les solutions qui leurs sont proposées et sont un peu perdus.
Mais aussi des combinaisons avec des carburants renouvelables comme le bioéthanol avec le E85. Ford est le seul constructeur généraliste à proposer six modèles roulant de première monte au E85. Outre lâéconomie budgétaire pour les ménages avec un plein deux fois moins cher ( 0.67⬠à la pompe), le E85 câest aussi 640% de CO2 sur lâensemble du cycle de vie. Donc oui, en tant que constructeur automobile, nous avons pour rôle dâéduquer le consommateur, de lâéclairer de façon quâils choisissent la bonne solution selon leur usage et leur besoin.
IN. : quâavez-vous mis en place concrètement dans ce sens ?
L.C. V. : le site internet ford.fr propose un quizz pour trouver âson produitâ… Nous réalisons également des évènements, tels que le Go Electric de la foire de Marseille pour présenter la ville de demain, expliquer lâélectrification, les solutions de recharge avec des spécialistes (Product Genius) , la connectivité, essayer les véhicules. Câest en les conduisant soi-même, en faisant lâexpérience que lâon comprend le fonctionnement, ainsi que lâagrément de conduite en électrique. Enfin, lâapplication FordPass accompagne au quotidien les utilisateurs dans leur conduite et les informe sur leur âbonneâ conduite électrique soit la récupération dâénergie, lâévolution â¦. et partage des conseils pour une utilisation optimale.
IN. : que représentera lâélectrique et lâhybride dans votre plan à 2050 ? Quel est lâobjectif à atteindre ?
L.C.V. : le groupe sâest engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. Cela passe par une électrification massive des modèles (100% des Véhicules particuliers en 2030 et les deux tiers des ventes de véhicules utilitaires. Nous avons toujours cherché à rendre ses activités plus durables. Au cours de la dernière décennie, Ford a réduit de 40 % son empreinte carbone en améliorant l’efficacité énergétique et la conversion des installations de l’entreprise, ainsi que les processus de fabrication. Notre objectif qui est dâutiliser 100 % d’électricité renouvelable d’origine locale pour toutes nos usines de fabrication d’ici 2035 est en bonne voie et est étroitement lié à notre engagement en faveur des véhicules électrifiés. Parallèlement à ce dernier, de ne pas mettre de déchets en décharge grâce au modèle « réduire, réutiliser, recycler » et à l’élimination des plastiques à usage unique, la stratégie mondiale de l’entreprise en matière d’eau de fabrication vise une réduction de 15 % de l’eau douce absolue d’ici 2025.
Au cours de la dernière décennie, Ford a réduit de 40 % son empreinte carbone en améliorant l’efficacité énergétique et la conversion des installations de l’entreprise…
IN. : quel est le montant de vos investissements ?
L.C.V. : nous avons annoncé investir pas moins de 22 milliards de dollars (environ 18,2 milliards dâeuros) dans l’électrification à l’échelle mondiale jusqu’en 2025, soit près du double de ce que Ford s’était précédemment engagé à investir dans les véhicules électrifiés. Câest lâinvestissement le plus massif de lâhistoire de Ford.
22 milliards de dollars, câest lâinvestissement le plus massif de lâhistoire de Ford.
IN. : pouvez-vous brièvement nous décrire votre plan dâélectrification ?
L.C. V. : cela commence dès les années 2000 avec la prise de conscience de lâimportance dâÅuvrer contre le dérèglement climatique. En 2010, en Europe, Ford introduit son premier véhicule électrique. En 2017, le groupe investit dâici à 2025 dans lâélectrification de la gamme jusquâà investir dans lâélectrification au global. En 2019, nous nous engageons avec les accords de Paris. Pour la marque, la mobilité ne peut se concevoir que dans une approche vertueuse. En 2024, tous les véhicules utilitaires auront au moins une version hybride ou électrique. En 2026, tous les véhicules particuliers auront au moins une version hybride ou électrique. Avant 2030 nous ne produirons plus de véhicules qui utilisent du plastique non renouvelable. La même année, tous les véhicules particuliers seront 100% électriques. En 2035, nous utiliserons 100 % d’électricité locale et renouvelable dans toutes les activités de production. 2050, ce sera l’année de la neutralité carbone.
IN. : revenons au présent. Les Européens sont-ils vraiment prêts à acheter de lâélectrique, y-a-t-il des freins et de quel ordre ?
L.C. V. : l’étude révèle que le public reconnaît de plus en plus que les VE représentent l’avenir (37 %), mais elle suggère également qu’il existe encore des obstacles légitimes à leur adoption. Les problèmes de recharge et l’angoisse de l’autonomie figurent toujours parmi les problèmes les plus importants perçus par les Français interrogés, 30 % d’entre eux déclarant avoir des inquiétudes quant à l’endroit où ils pourraient recharger leur véhicule, 23 % regrettant le manque d’infrastructure disponible et 27 % affirment que les VE les dissuaderaient de faire de longs trajets. Cette enquête montre à quel point les Français et plus généralement les Européens se soucient du changement climatique et qu’ils sont prêts à prendre un certain nombre de mesures individuelles pour aider à le combattre.
IN. : quel est lââge moyen dâun acheteur de voiture aujourdâhui ?
L.C. V. : lââge moyen dâun acheteur de véhicules neuf en France est dâenviron 55 ans. Même si les jeunes sont vus comme plus sensibles au sujet du dérèglement climatique, lââge moyen dâun acheteur de véhicules neufs électriques nâest pas différent de celui dâun véhicule à moteur thermique.
IN. : lâangoisse, comme vous lâexpliquez, de lâautonomie, comment Ford compte la régler ?
L.C. V. : les utilisateurs se rechargent généralement soit à leur domicile soit sur leur lieu de travail. Ce sont les longs trajets qui peuvent susciter des questionnements. Des applications comme FordPass citée plus haut, ou directement sur lâécran SYNC4 de la Mustang Mach-E permettent de préparer votre trajet. Le système indique automatiquement les lieux et temps de recharge. Cela donne une visibilité rapide sur le temps de trajet complet. Par ailleurs nous faisons partie du consortium Ionity (consortium européen pour un réseau de recharge ultra-rapide des véhicules électriques) pour le développement dâun réseau de recharge ultra rapide. 400 sont déjà en activité en Europe. Le groupe propose à ses clients la carte Newmotion qui donne accès à un réseau de 250 000 bornes en Europe (dont 50 000 en France). Cette dernière est associée aux cartes de crédit des particuliers.
IN. : lâindustrie automobile nâest pas la plus polluante, dites-vous, comment expliquez-vous quâelle soit perçue ainsi ?
L.C. V. : en effet selon le Word ressources Institute, les transports ne représentent que 16,2% des émissions de gaz à effet de serre et arrivent quatrième derrière la consommation dâénergie dans lâindustrie (24,2%), lâagriculture, la sylviculture et lâutilisation des terres (18,4%) et la consommation dâénergie dans les bâtiments (17,5%). Cependant, les Français classent les transports en troisième position. Certainement dû au fait que lâautomobile, dâune part est plus visible dans le quotidien des Français, et que dâautre part, cristallise beaucoup de discussions dans lâopinion publique.
source : www.influencia.net