The Good : Pourquoi avoir candidaté au Grand Prix de la Good Ãconomie ?
Margaux Roux : Beaucoup dâentreprises font du Greenwashing. Le fait dâavoir été sélectionnés et primés au Grand Prix de la Good Ãconomie était une formidable reconnaissance pour nous dâêtre dans le camp des gens qui font. Nous avions cette exigence de transparence et aussi de visibilité pour notre projet. Les acheteurs en entreprise reçoivent pas mal de fournisseurs sur des thématiques souvent identiques (écolo, sans capsule, faire du café en grain, mieux payer les producteurs). Notre projet est très réel et très concret et répond aux besoins des acheteurs de sourcer des fournisseurs très engagés. Lâaudience de The Good est très importante pour nous car nous touchons les décideurs de la RSE et nous avons pu augmenter la visibilité de notre projet sur cette cible pour le faire grandir.
TG : Quel projet avez-vous soumis ?
M.R : Act for Noun est un projet de transformation agricole que nous menons dans le bassin du Congo qui implique les fermiers locaux au Cameroun. Notre idée est de régénérer les forêts et la biodiversité par lâagriculture en agroforesterie. Soulé Fondouo Mforen le fondateur de la coopérative de fermiers locaux a eu lâidée de recréer de la prospérité autour de son village en développant de lâagroforesterie manuelle, sous ombrage, bio et sans produit chimique. Il a développé toute une démarche de polyculture et permaculture qui va faire la qualité du café. Il avait également pour souhait le partage de la valeur finale du café. En le positionnant premium, ce café sera forcément mieux vendu et les producteurs mieux rémunérés. Les agriculteurs, avec cet argent, vont pouvoir cultiver dans leur parcelle dâautres produits comme par exemple des bananes, des mangues, des avocats, des légumes qui apportent des revenus complémentaires. Ce projet a aussi un autre avantage car il est situé dans le bassin du Congo, le poumon vert de la planète qui est passé devant lâAmazonie (source GIEC). Il est le lieu de 10% de la biodiversité mondiale et un formidable puits de carbone. La forêt nâest plus un frein mais devient au contraire un moteur économique qui implique les populations locales. Avec cette source de revenu, les fermiers deviennent les premiers gardes forestiers et préservent la forêt sur le long terme. Nous faisons venir aussi des scientifiques du CIRAD qui vont analyser les impacts des changements climatiques notamment sur lâArabica.
Ce projet a aussi un autre avantage car il est situé dans le bassin du Congo, le poumon vert de la planète qui est passé devant lâAmazonie (source GIEC). Il est le lieu de 10% de la biodiversité mondiale et un formidable puits de carbone. La forêt nâest plus un frein mais devient au contraire un moteur économique qui implique les populations locales. Avec cette source de revenu, les fermiers deviennent les premiers gardes forestiers et préservent la forêt sur le long terme.
TG : Quel champ de lâimpact votre projet concerne-t-il ?
M.R : Câest un projet écologique, social et sociétal. Ãcologique car notre action se concentre sur le reboisement des parcelles. Social car nous finançons la scolarisation des enfants, la bourse du livre, des formations pour les femmes (langues, mathématiques, gestion entrepreneuriale, contrôle de la natalité, savoirs sur les plantes médicinales). Paulin Baufreton, ingénieur agronome, est venu apporter son expertise en utilisant les ingrédients du sol pour aider les fermiers à fabriquer gratuitement leurs propres engrais biologiques. La coopérative fournit aussi de la formation, des plantes et des essences avec une prime à la reforestation et la biodiversité. Et enfin sociétal : les hommes quittent le village pour rejoindre les bidonvilles des villes ou les pays du Nord. Nous avons lâobjectif de les faire revenir et donner des perspectives valorisantes aux jeunes.
TG : Quel est le chemin de transformation RSE que vous avez entrepris au sein de votre entreprise ?
M.R : A mon arrivée il y a 4 ans, jâai développé la communauté #IAmACapsuleKiller pour changer les comportements. Nous avions aussi un projet au Nicaragua, puis la mise en place du programme One Cup, One Cent. Mais le point de bascule a eu lieu avec lâobtention de la labellisation B Corp il y a un an. Nous avons voulu valoriser dans cette démarche notre impact plus global sur le climat. Pendant cette démarche de certification, nous avons compris que notre impact climat était intégré à tous les niveaux dans le modèle économique de notre entreprise. Nous nous sommes implantés dans des lieux stratégiques où nous pouvons faire pousser massivement la forêt pour avoir une vraie action sur le climat. Nous nous sommes rendus compte que notre action à la source des plantations avait beaucoup plus de valeur. La certification B Corp est une vraie boussole pour nous et nous permet de voir le chemin encore à parcourir notamment avec le café qui est produit loin de chez nous. Nous avons une obligation dâêtre au plus proche des cultivateurs pour tout vérifier et dâapporter les preuves et de la transparence.
TG : Quelle est votre stratégie RSE globale ?
M.R : Notre premier objectif pour 2022-2023 est de nous rendre plus visible et de convaincre de nouvelles entreprises de nous rejoindre en choisissant nos solutions café au bureau. Le deuxième objectif est de capter les aides internationales publiques ou privées (ONU ou grandes fondations internationales). Pour accélérer notre stratégie RSE nous demandons de lâaide de nos clients notamment en pro bono sur les outils digitaux, la com, le juridique. Nous sommes presque en train de changer de statut à celui dâONG en sâintégrant dans des objectifs scientifiques. En effet la reforestation est portée aussi par lâONU et des scientifiques sur des projets plus long terme (2030-2050). Nous sommes en train de rejoindre lâécole polytechnique de Zurich qui a créé un outil de pilotage de la reforestation. Nous allons leur fournir de la data pour les aider dans leur projet pharaonique de planter 1 200 milliards dâarbres dâici 2030 pour absorber les 2/3 de nos émissions de Co2. Nous souhaitons nous intégrer dans ce mouvement là pour changer dâéchelle. Par exemple au Cameroun, avec seulement 1 000 fermiers sur 42 000 dans notre coopérative, il y a encore un fort potentiel et bien sûr nous souhaitons dupliquer Act for Noun à dâautres régions ou continents. Nous voulons aussi créer des filières sur chaque produit comme par exemple la mangue, avec un partenariat pour produire localement les jus premium Alain Millat. Nous avons aussi un projet dâapplication avec lâÃcole française de San Francisco. Cette application mobile, sur le modèle de la Ruche qui dit oui, permettrait aux fermiers de vendre leur production sur une place de marché locale et éviter tout gaspillage. Notre stratégie RSE globale est vraiment centrée sur les communautés.
TG : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées sur ce chemin de transformation ?
M.R : Notre plus grande difficulté est dâavoir de la visibilité face aux grandes marques qui sont habituées à occuper lâespace de communication avec de gros moyens. Rien nâest balisé pour les entreprises à impact. Nous avançons encore un peu au feeling. Notre difficulté est aussi dans le spectre des thématiques que nous adressons qui sont dâune grande complexité : lâagriculture, le climat, la reforestation, lâassèchement des sols, la pauvreté, les bénéfices sociaux, la scolarisation, les flux migratoires. Comme nous avons un champ de problématiques très large, il est difficile de capter lâattention sur autant de sujets complexes. Nous avons travaillé nos discours pour essayer dâêtre le plus percutant possible et sortir aussi un peu des chiffres qui sont parfois abstraits et aborder le sujet de la disparition de la biodiversité qui parle plus concrètement aux gens.
TG : Quels sont les résultats que vous pouvez nous partager ?
M.R : Nous avons 7 collaborateurs et nous sommes en recherche de nouveaux partenaires !
source : www.influencia.net