INfluencia : Cela fait quoi après presque 30 ans chez IBM de quitter le giron de sa maison-mère et de se retrouver au poste de CMO dâune société cotée en Bourse ?
Maria Winans : Lorsque Martin Schroeter mâa proposé de le rejoindre, la société nâavait même pas encore de nom et elle nâemployait que deux personnes. Je suis donc la troisième salariée de lâentreprise. Jâai décidé de me lancer dans ce périple car jâavais bien conscience que cela représentait la chance dâune vie. Nous pouvions faire quelque chose que personne nâavait fait avant nous. Câétait tellement excitant.
IN : Des spin-off, il y en a déjà eu beaucoup dans lâhistoireâ¦
M. W. : Oui mais nous venions dâun groupe dâune telle taille… La première chose que nous avons dû faire a été de trouver un nom pour lâentreprise. Nous avons choisi Kyndryl car ce mot est la contraction de deux termes qui résument parfaitement notre stratégie, notre expertise et notre objectif. « Kyn », qui vient de « kin » en anglais et qui signifie « famille » ou « proche », représente les liens forts que nous nouons avec nos clients et nos collaborateurs. « -dryl » est la seconde syllabe de « tendril » en anglais. Les « vrilles »en botanique sont ces pièces foliaires qui permettent à certainesplantes grimpantes comme le lierre et la vigne vierge de s’accrocher.
IN : Quels objectifs vous êtes-vous fixés lors de la naissance de Kyndryl ?
M. W. : Notre stratégie est dâavoir la même agilité et attention aux services quâune start-up. Tout doit tourner autour de notre expertise et de notre attention aux besoins de nos clients.
IN : Nâest-il pas illusoire de vouloir être une start-up quand on emploie 90.000 collaborateurs ? Vous avez déjà plus de 4000 clients dans le monde dont 75 des 100 sociétés les plus importantes du classement du magazine Fortuneâ¦
M. W. : Cela exige une véritable transformation culturelle de lâentreprise. Lors de la création de Kyndril, lâéquipe dirigeante sâest réunie pendant deux journées complètes et une de ces journées était exclusivement consacrée à la culture dâentreprise que nous souhaitions mettre en place. Personne nâavait jamais fait cela auparavant. Nous souhaitons être totalement dévoués au succès de nos clients et à ceux de nos collaborateurs. Nous appelons cela la « Kyndril Way ». Chaque membre de la direction possède un petit livre rouge, intitulé le « Leadership Handbook », qui détaille les principes à suivre pour poursuivre notre processus de transformation. Câest un véritable voyage dans lequel nous nous sommes lancés. Câest à la fois une opportunité et un challenge.
IN : Quels avantages tirez-vous de ne plus appartenir à IBM ?
M. W. : IBM est un groupe très important qui propose à la fois des hardwares, des softwares et des services. Ãtre indépendant nous a permis dâéliminer beaucoup de complexité dans notre fonctionnement. Nous sommes nettement plus agiles et nous avons simplifié les méthodes que nous devons suivre pour faire du business. Nous avions près de 300 systèmes différents pour soutenir nos activités marketing chez IBM. Je nâavais pas besoin de tous ces outils pour bien travailler. Nous avons donc beaucoup simplifié nos moyens techs. Appartenir à IBM limitait également les services et les produits que nous pouvions proposer à nos clients. Nous devions notamment utiliser exclusivement le Cloud de notre ancienne maison-mère. Durant les semaines qui ont suivi la naissance de Kyndryl, nous avons signé des partenariats avec AWS, Google et Microsoft afin dâélargir notre offre.
IN : Les femmes sont encore peu présentes à des postes à responsabilité dans le secteur de la tech. Comment faites-vous pour changer cet état de fait ?
M. W. : Nous voulons être aux avant-postes de lâinclusion et de la diversité. Nous ne souhaitons pas uniquement promouvoir les femmes mais aussi les hispaniques, les personnes de couleur et celles venant dâhorizons différents. Nous voulons ainsi poursuivre le chemin suivi par IBM dans ce domaine tout en allant encore plus loin. Nous analysons les manques qui peuvent exister dans certains départements et nous encourageons le recrutement de personnes qui répondent à ces besoins. Nous les formons et leur trouvons des mentors pour les accompagner dans leur progression professionnelle. En Inde où nous employons beaucoup de personnes, nous recrutons notamment de plus en plus de femmes et je dirige moi-même au sein du groupe lâentité qui encourage la minorité hispanique. Ãtre une femme originaire du Chili permet dâattirer plus facilement des candidats qui partagent les mêmes origines que les miennes.
source : www.influencia.net