À l’occasion de la Maddy Keynote, plusieurs experts ont décrypté l’usage de la technologie et de l’innovation pour informer des utilisateurs de plus en plus défiants face aux médias.
Comment la technologie et l’innovation bousculent les codes de l’information ? © Maddy Keynote
Alors que le manque de confiance envers les médias reste profondément ancré chez les Français, ces derniers sont à la recherche de sources d’informations alternatives, amplifiées et rendues possibles grâce à la technologie, l’innovation ou encore les réseaux sociaux. Pour comprendre quelle place tient aujourd’hui la technologie dans les médias et comment l’innovation peut se mettre au service de l’information, des experts du secteur ont apporté quelques éléments de réponse au cours d’une table ronde organisée dans le cadre de la Maddy Keynote :
- Arnaud Mopin, directeur de l’innovation du Groupe TF1,
- Yassine Tahi, CEO de la startup Kinetix,
- Benoît Raphaël, fondateur de Flint Media.
Quelle place pour la technologie dans les médias d’information ?
Avec la crise sanitaire, les Français ont ressenti le besoin de se réinformer, de partager et comprendre l’actualité. Contrairement aux années précédentes où les téléspectateurs découvraient les informations en regardant, par exemple, le journal télévisé de TF1, ils sont aujourd’hui abreuvés de notifications push tout au long de la journée, constate Arnaud Mopin.
Pour le directeur de l’innovation du Groupe TF1, la technologie, à travers des outils de réalité augmentée, de réalité virtuelle ou des animations 3D, peut aider les médias à apporter aux téléspectateurs l’information éclairée, illustrée et vérifiée qu’ils attendent. « Ils permettent d’illustrer l’information, montrer ce qu’on ne peut pas voir et prolonger l’expérience de l’utilisateur. »
Les dangers des algorithmes et de la technologie face à la surinformation
Si la technologie engendre la transformation de nos usages, la façon dont on s’informe ou dont on reçoit l’information, elle peut aussi apporter des solutions pour combler le fossé qui sépare les médias du public. Pour Benoît Raphaël, fondateur de Flint Media qui propose une sélection d’informations personnalisées à partir de l’intelligence artificielle et collective, le « chaos de l’information » dans lequel nous nous trouvons est provoqué « en partie » par les algorithmes. Ces derniers disposent de leurs propres codes et ont pour objectif de créer le plus d’engagement possible afin de délivrer de la publicité.
Pour cela, ils s’appuient essentiellement sur des contenus « déprimants et polarisants« , qui favorisent l’engagement des utilisateurs. « Contre cette technologie qui désorganise l’information, il faut créer de nouvelles machines, qui permettent de créer des algorithmes de recommandations vertueuses, qui ne nous entraînent pas dans notre bulle et qui ne nous attire pas vers les extrêmes », conseille le créateur de Flint.
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À l’heure du deepfake et de la génération automatique de texte, à travers notamment le modèle d’intelligence artificielle GPT-3 développé par Open AI, cette technologie reste difficile à maîtriser et à déployer à grande échelle, souligne Benoît Raphaël. Les robots sont-ils amenés à remplacer les journalistes ? Il prévient : « on approche ce que l’on appelle la singularité informationnelle, quand l’intelligence artificielle deviendra plus performante que l’humain et le dépassera. La production de contenus peut être accélérée par sa robotisation, ce qui aura pour conséquence d’affoler les moteurs de recherche. »
Les innovations au service des médias d’information
Pour accompagner ces nouveaux usages et permettre d’expliquer différemment une information tout en touchant des publics différents, le Groupe TF1 s’est associé à la startup Kinetix, pionnière dans la modélisation d’animations 3D créées à partir d’une vidéo 2D, dans le cadre du programme Media Lab. En utilisant la 3D dans la rubrique « Demain » du JT du 20 heures, la startup a ainsi permis de rendre des « cas d’usages futurs plus compréhensibles et apporter un côté immersif ». Ils s’adressent à la fois à un public jeune, plus habitué aux contenus ludiques et engageants, mais aussi à des personnes plus âgées, qui peuvent être moins à l’aise avec ces nouvelles technologies.
À travers des outils comme le Speech to Text, qui permet de dérusher un contenu en quelques minutes, la technologie permet au groupe audiovisuel d’apporter des solutions aux journalistes dans leur travail au quotidien, en réduisant des tâches répétitives, pour délivrer du contenu de qualité aux utilisateurs et traiter un plus grand volume d’informations en temps réel. L’objectif est ainsi de reconnecter les journalistes avec le travail sur le terrain et renforcer le côté humain de l’information.
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Parmi les tendances de l’innovation dans les médias d’information, les experts misent sur :
- l’avatarisation en temps réel et le métaverse, dans lequel des plateformes comme Snapchat et Facebook investissent de plus en plus, pour Yassine Tahi,
- la production automatisée et le retour au circuit court de l’information, afin de rapprocher l’humain de son audience, pour Benoît Raphaël,
- ou encore le projet du Groupe TF1, qui va lancer une nouvelle forme de JT personnalisé d’ici la fin de l’année, avec des sujets proposés à partir des centres d’intérêt de ses utilisateurs, pour toucher de nouvelles cibles tout en conservant son ADN.
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