⦠Et lâon se souvient de sa voix soudain devenue stridente, lorsque lors d’un meeting à Arras, l’actuel président se laisse, porter par ses émotions, et avoir lâair comme il le dira plus tard, « d’un dingue ». Charlie Clark, fondateur de Whistcom société de conseil en stratégie de l’oralité analyse quelques « clés orales » des politiques et explique sa méthode SPORT destinée aux présidents dâentreprises.
INfluencia : vous évoquez, -et n’êtes pas le seul-, le déraillement de Valérie Pécresse au Zénith, en expliquant quâelle nâétait pas formée par la bonne personneâ¦
Charlie Clark: en fait, on sâaperçoit très vite que Valérie Pécresse arrivée trop tard dans la campagne a été accompagnée par un coach sans spécialité particulière. Or le coach donne en général un avis sur une prestation… ce dont on se fiche, en réalité, car, ce qui compte ce sont les faits. Nous avons créé chez Whistcom une méthode qui exclut lâavis de lâentourage, souvent divergeant, pour sâappuyer uniquement sur une méthode, SPORT qui permet en 20 séances de travailler sur le fond, la forme et le format, et qui inclut le sourire, le bon placement des pieds, qui libère les mains, et donne de lâassise au discours et aux silences, partie importante dans une conférence. Les Français ont en effet, une grande culture de lâécrit, moins pas de lâoral. Lorsquâils perçoivent un silence, par exemple, ils lâattribuent à une absence, à un couac, alors que les silences bien utilisés sont extrêmement efficaces pour créer le désir de la suite.
IN. : lorsque la voix dâEmmanuel Macron déraille en 2016, que se passe-t-il, concrètement ?
CH.C. : à cette époque, il se laisse déborder. Il ne parvient pas à placer sa voix, son enthousiasme est plus haut placé que sa voix. Entre-temps, il a fait appel Jean-Philippe Lafont, ancien Baryton qui lâa aidé à poser sa voix.
IN : vous dites aussi quâAnne Hidalgo nâa pas souhaité travailler son oral…
CH. C. : oui elle lâa dit clairement, elle nâa pas voulu bosser son oralité⦠Seul le fond lui importaitâ¦
IN. : vous évoquez aussi la mise en scène, – toujours la même-, dâEmmanuel Macron qui imprime sa marqueâ¦
CH.C. : lors de son dernier meeting à Marseille, câétait flagrant.
De très belles images, un soleil de plomb, et puis surtout ce format central, rond, quâil est le seul depuis toujours, à utiliser. Il entre dans une arène, (comme à lâArena aussi où il a fait un meeting). Cela dit de lui, qu’il ne veut rien avoir à cacher. Des pupitres sont placés à différents points, il sây meut bien partout, et signifie clairement que lâon peut le regarder sous toutes les coutures, il est avec nous, au milieu de nous. Lâhologramme de Jean-Luc Mélenchon disait aussi la modernité pour casser son côté rétrograde, et puis Valérie Pécresse avait tenté le fameux pupitre transparent au Zénith, ce qui était une très bonne idée mais si la forme était là , son discours ne lui appartenait pas.
Le fou rire d’EmmanuelMacron lors de l’émission C à vous ce lundi 18 avril…
IN. : comment devient-on conseil en stratégie de l’oralité ?
CH.C.: en fait, je suis dâune timidité maladive et mon métier est aux antipodes de ce que jâétais. à 14 ans, je gagnais ma vie en tant que magicien, puis à 22 ans, je devenais chroniqueur TV. Câest sur Direct 8 où je travaillais tous les matins pour un public de femmes, que je suis sollicité par La Caisse dâÃpargne pour animer des conférences. Jâai tout de suite aimé le monde de lâentreprise, et je me suis mis à organiser des conventions, des séminaires que jâanimais aussi. Câest sans doute un peu étrange, mais lorsque je faisais de la magie, moi seul savais comment fonctionnaient mes tours. Il nây avait rien de magique pour moi⦠Les autres, ceux qui me regardaient, essayaient de percer le mystère, alors quâil nây avait quâune immense technique⦠Dâune certaine manière, je pense que maintenant, jâessaye dâapporter de la magie à la voix de chefs dâentreprise, aux cadres, en leur confiant la technique, la méthode pour y arriver.
IN:comment fonctionnent vos programmes ?
CH.C. : ce sont des programmes en vingt sessions, lors desquels on apprend à travailler lâoral. Câest à dire le fond, la forme, le format . En 20 heures on apprend ce quâest un public, ce quâil voit, ce quâil entend, ce quâil comprend et ce quâil retient, câest à dire à titre dâexemple, 3% pour un spitch de 10 minutes.
IN. : vous êtes installés aux Invalides… Vos clients sont -t-ils invalidés (sans jeux de mots) par l’oral?
CH.C. : (rires) Nous avons ouvert un training center aux Invalides. Un lieu atypique en plein cÅur de Paris, un club, ou les dirigeants viennent sâentraîner à la prise de parole en situation réelle sur une scène de théâtre, un plateau TV, et des salles de training. En parallèle, nous lançons cette année le Whistclub, qui rassemble tous ceux qui ont suivi nos parcours en techniques de communication et veulent poursuivre leurs progressons en échangeant sur des événements.
IN. : quels sont vos clients ?
CH.C. : Louis Vuitton, Moët&Chandon, SNCF, Sodexoâ¦
IN. : vos intervenants sont des coachs en somme ?
CH.C. : ce sont des chanteurs, des comédiens, des sophrologues, des professionnels qui réunis souvent à quatre, vont faire travailler un patron dâentreprise, dont ils sont le public critique. Ici pas de points de vue, d’avis, c’est le respect des règles de la stratégie de l’oralité qui importent.
source : www.influencia.net