INfluencia : tout a changé en deux ans. Locaux, gains de budgets, façons de travailler, la révolution chez Steve se manifeste de manière physique tout dâabord avec ces nouveaux locaux Rue de La Pierre Levée dans le 11èmeâ¦.
Nicolas Lévy : oui, câest la conséquence de ce que nous avons vécu. Je crois que cette période de deux années « confinées », nous a fait énormément réfléchir. Le rapport au travail a changé de fond en comble. Donc, on ne pouvait pas, en tant que managers, dans ces métiers hybrides, revenir et attirer les gens « comme avant », comme si de rien nâétait. Les locaux sont le symbole le plus « visible » de ce qui est en jeu, pour nous tous, parce que câest « la maison-entreprise », celle dont nous nous sommes éloignés par la force des choses, celle qui doit du coup reconquérir ses « habitants » qui entre temps, ont pris de nouvelles habitudes, se sont éloignés, ont dû donner du sens à ce qui leur arrivait. Certains ont vécu dans 14m2 pendant plusieurs mois. Donc oui, les locaux, expriment tout le soin que lâon prend des collaborateursâ¦Â Les quinze budgets remportés en 2021 (Netto, ekWateur, Effy, Evaneos, Home Exchange, WWF, Bellman, Asmodee), et les plus récents en 2022, Flunch, et BforBak auparavant chez Havas Paris nécessitaient aussi un changement géographique et conceptuel. Car même si le télétravail est passé par là , lâespace est toujours aussi avec de nouvelles fonctionsâ¦
IN. : cette croissance a également demandé une réorganisation au sommetâ¦
N.L. : nous étions trois, nous sommes désormais sept au codir, avec la nomination de Diane de Plas, Sandrine Delabre et Loris Bernardini au postes de DGA et en nommant Nancy Sospedra, co-fondatrice de lâagence, directrice de la création retail. Une nécessité pour travailler de manière équilibrée, avec les mêmes niveaux d’information, et d’encadrer les soixante-dix collaborateurs au sein de lâagence.
IN. : vous évoquez « le sur mesure », tant pour vos collaborateursâ¦
N.L. : en fait, lâenvie de télétravail est devenue un acquis, et personne nâa envie de revenir à plein temps dans les locaux. Donc cela nâa même pas été une question. Chez nous, câest open, avec validation du manager. Si les collègues nâont pas besoin dâêtre là , câest bon. En revanche, si un des boss a besoin de vous un vendredi alors que vous êtes en télétravail, vos faites un effort. On compte sur le bon sens de chacun. C’est ça faire du sur mesure.
IN. : vous expliquez aussi, que les jeunes aujourdâhui sont un matériau inflammableâ¦
N.L. : nous agences, sommes en danger si nous ne parvenons pas à attirer des talents créatifs aujourdâhui. Lâépoque où lâon nous disait, « si tu veux tâéclater au boulot? Va en agence⦠» est révolue. Aujourdâhui nous devons leur prouver que ce métier vaut le coup. Avoir des arguments tangibles qui leur parlent. Le temps nâa plus la même valeur. Le temps où ton métier était lâessentiel de ta vie, câest fini, le travail a une autre place⦠Et puis nâoublions que nos concurrents sont désormais dans le divertissement, les start-up, le luxe, Disney, Apple.
Lâépoque où lâon nous disait, « si tu veux tâéclater au boulot? Va en agence⦠» est révolue.
Alors, le lieu de travail est tout aussi important mais pas en temps de présence. Concrètement, les jeunes ont vécu à 100% de télétravail pendant deux ans, or même si câest dâune autre manière, ils ont trois besoins qui ne se discutent pas, lâespace, car beaucoup vivent dans de petits appartements, la socialisation, voir leurs potes pour la santé mentale et ils ont besoin dâêtre formés. Une partie de cette formation est informelle, elle est faite de lâinspiration insufflée de manière indirecte dans un espace donné. Vous entendez une discussion intéressante, un brief donné par un senior, un pot qui sâorganise, un sujet qui part à lâautre bout de lâopen space⦠Câest une ambiance qui apporte une partie de la formation. Et puis câest lâendroit des grandes réunions, de grands moments de partage… Donc oui, nous faisons tout pour faire en sorte de faire venir les jeunes talents.
il ne faut pas se noyer dans les outils. Le métier est de confirmer, dâobjectiver les insights.
IN. : quel est, selon, vous lâatout dâune agence indépendante telle que la votre ?
N.L. : notre indépendance nous donne plus dâaudace. Au moment du Covid il y a eu un mouvement de panique dans le métier, tout le monde sâest dit : « fini de rire, fini la création ». Nous chez Steve on a beaucoup souffert aussi⦠Mais quand Guillaume mâa appelé à ce moment là , nous nous sommes dit, que si on était frileux dans nos propositions, câen était fini de lâagence. Nous avons donc pris les clients un à un pour leur expliquer que câétait le moment ou jamais dâêtre « remarquables » dans tous les sens du terme, et que cela serait payant. Nous avions lâexemple dâune Buzzman qui a démontré que la créativité et lâaudace faisait gagner.
IN. : vous étiez depuis dix ans chez Marcel, avez connu la CLM BBDO des années 2000, avant de rejoindre lâagence V, TBWA Paris puis Marcel en 2011, quelques mois après la fusion avec Publicis Net. Pourquoi quitter Marcel à ce moment crucial, en plein covid?
N.L. : jâaime les défis, les aventures. Lorsque je rejoins Marcel en 2011, il y a Anne de Maupeou, et Arthur Sadoun qui ont cette idée folle de nous mettre dans un bouillon digital, –Marcel-, avec Pascal Nessim, et bien dâautres. Jâai donné 10 ans à cette agence très digitale qui est devenue une grand marque transformative. Je me réveille au bout de dix ans, je suis amoureux de Marcel, mais il nây a plus de marche à franchirâ¦Jâai fait le tour. Guillaume mâappelle et me dit nous allons faire la plus belle agence indépendante, et voilà .
IN. : que signifie aujourdâhui « le planning stratégique », avec tous ces outils dont les agences disposentâ¦
N.L. il ne faut pas se noyer dans les outils. Le métier est de confirmer, dâobjectiver les insights. Dans la data tu as par la force des choses, plus d’informations, de personnes interrogées. Mais ce métier câest de la conviction, de la vision. Un planer est à la fois très rationnel et très audacieux. Il faut se mouiller tout le temps.
La dernière campagne Flunch, avec la voix of de Fred Testot. Culottée et bienvenue.
source : www.influencia.net