En 6 mois, nous montrons quâil est possible de réduire cette empreinte numérique de 21% en moyenne. Ãvidemment, ce sont les 21% les plus simples, mais il sâagit de la première étape.
INfluencia: pouvez-vous rappeler quel est lâimpact du numérique sur lâenvironnement ?
Frédérick Marchand: le secteur représente 4% des émissions de gaz à effet de serre et consomme 10% de lâélectricité mondiale actuellement⦠et contrairement à dâautres secteurs, cet impact augmente avec le temps. Dans différents scénarios, on parle dâun doublement des émissions du numérique dâici à 2024. Et cela, sans parler du métavers ! Au niveau des entreprises, pour toutes celles qui ne produisent pas de matière première ou les transforment, le numérique est lâun des premiers postes dâimpact, avec les déplacements des collaborateurs et les bâtiments. En 6 mois, nous montrons quâil est possible de réduire cette empreinte numérique de 21% en moyenne. Ãvidemment, ce sont les 21% les plus simples, mais il sâagit de la première étape.
IN. : Quels sont les leviers sur lesquels il est le plus facile dâagir pour une entreprise qui cherche à réduire son empreinte numérique ?
F.M. : l’un des principaux impacts du numérique tient à l’équipement : le premier point sur lequel agir est la prolongation de la durée de vie des terminaux. Le second levier, qui est lié, câest lâéco-conception des applicatifs : sâil y a de lâobsolescence programmée partout et que lâon nâassure pas la compatibilité des sites et applications avec des terminaux plus anciens, cela ne marchera pas. Câest aussi la raison pour laquelle nous poussons pour que des lois imposent lâéco-conception des dispositifs digitaux. On va y arriver dâici quelques années : on va avoir un équivalent du Nutri-Score pour les sites et applications.
nous ne mesurons pas seulement les émissions directes, mais aussi celles du Scope 3, qui représentent souvent plus de 80% de lâimpact…
IN. : Aujourdâhui, les solutions permettant aux entreprises de mesurer leur empreinte carbone se sont multipliées… Comment vos outils se démarquent-ils ?
F.M. : nous proposons une plateforme dans le cloud, automatisée pour aider les entreprises à améliorer leur empreinte, mais en nous concentrant uniquement sur le domaine du numérique. Autre particularité : nous ne nous limitons pas aux seuls enjeux environnementaux et à lâempreinte carbone, puisque nous prenons aussi en compte les notions dâaccessibilité, les aspects éthiques de la collecte et du traitement des données personnelles, ou encore lâinclusivité, qui est le fait de permettre à un utilisateur possédant un terminal ancien dâaccéder aux sites et applications les plus récents. Aussi, à la différence de beaucoup de solutions du marché, nous ne mesurons pas seulement les émissions directes, mais aussi celles du Scope 3, qui représentent souvent plus de 80% de lâimpact…
Mais au-delà du bilan, lâenjeu pour nous est surtout dâaider nos clients à passer à lâaction. Pour cela, nos outils sont capables de mesurer régulièrement les évolutions et ils intègrent un moteur de recommandations, pour permettre une amélioration continue. Le bilan carbone, câest quelque chose de statique, alors que le but câest de passer à lâaction et dâêtre dans une dynamique.
IN. : pour une marque ou une agence, comment concilier enjeux âbusinessâ et réduction de lâempreinte de ses dispositifs numériques ?
F.M. : les deux ne sont pas incompatibles ! Sobriété n’est pas lâéquivalent d’austérité. On peut parfaitement concevoir une expérience digitale simple qui va créer de l’émotion. Il faut juste se poser les bonnes questions en amont, sans chercher non plus à pousser l’éco-conception à l’extrême.
Le principal problème sur ce sujet de lâimpact du numérique actuellement est le manque dâéducation et de formationâ¦
IN. : Vous avez aussi développé une application grand public⦠Pourquoi ?
F.M. : lâidée est de sensibiliser le grand public et dâaller dans les écoles, avec un format ludique et coloré, et des conseils pour limiter son score. Lâapplication est gratuite et nâa pas de modèle économique, elle a été co-financée par la région Bretagne. Elle permet aux particuliers dâeffectuer une macro-mesure des usages de leurs smartphones.
Le principal problème sur ce sujet de lâimpact du numérique actuellement est le manque dâéducation et de formation⦠Or, il est impossible de changer ce que lâon ne comprend pas. Beaucoup de professionnels nâont pas conscience des enjeux du Scope 3 et sâappuient sur des acteurs qui proposent des bilans carbone pour quelques centaines dâeuros, souvent en partant de données de mauvaise qualité. Tout le monde devrait savoir ce quâest le Scope 3, mais on en est loin !
source : www.influencia.net