« Câest une question que je pose fréquemment à mes amis lorsque nous nous retrouvons pour un apéritif, sâamuse aujourdâhui encore le fondateur d’Origame, Hugo Salard. Dâaprès vous, combien dâabonnements payez-vous chaque mois ? Systématiquement, leurs réponses sont nettement inférieures à la réalité. Jâai lancé ma start-up avec mes deux partenaires sur une intuition. Mais chaque jour, je réalise que mon pressentiment était le bon. »
Cet avocat de formation a fondé en 2019 à Nantes la société Origame Son application permet de repérer et de gérer ses abonnements en un simple coup dâÅil car voir la réalité en face peut parfois servir de révélateur⦠Voire, vous éclairer sur des manipulations que vous ne maîtrisez pas, ce qui est bien pratique pour les géants du web qui mutent sans crier gare…
Alors dâaprès vous, combien de contrats avez-vous signés qui vous obligent à payer un prix forfaitaire chaque mois ? Un, deux, trois, quatre, cinq ? Préparez-vous à un choc⦠Selon une étude publiée lâan dernier par lâObservatoire de la consommation de lâinstitut UFC-Que Choisir, nous payons en moyenne 159 euros par mois pour profiter des services proposés par les six abonnements que nous avons souscrits. Cette somme est 65% supérieure à celle que nous estimions. Les chiffres collectés par Origame sont encore plus inquiétants. « Nos 6000 utilisations ont en moyenne douze abonnements contre à peine huit en 2017. Les Millennials sont tout particulièrement friands des micro-abonnements qui sont souvent des applications facturées 1,99 euros par mois ou des services de stockage sur le Cloud comme Google One. »
Le nombre de services disponibles est, il est vrai, passé de 63 en 2017 à 78 en 2020
Factures de gaz et dâélectricité, forfaits téléphoniques et internet, assurances diverses et variées, frais bancaires récurrents⦠Chaque mois, des sommes « disparaissent » de nos comptes en banque sans que nous ayons a bouger le moindre petit doigt. Depuis quelques années, de plus en plus de sociétés et de prestataires de service nous proposent des services clés en main contre le paiement dâune « modeste » mensualité. Streaming vidéo et musical, salles de sport, applications diverses et variées⦠La mode aujourdâhui est de payer une somme forfaitaire pour profiter dâune offre « no limit ». Lâan dernier, plus de 22 millions de Français avaient accès à au moins une offre légale de vidéo à la demande, soit 46% des internautes contre à peine 36% en 2019. Le nombre de services disponibles est, il est vrai, passé de 63 en 2017 à 78 en 2020, avec notamment le lancement d’Apple TV+ en novembre 2019 et de Disney+ en avril 2020.
Souscrire à des abonnements sans le savoir est monnaie courante
En cinq ans, le chiffre d’affaires des plateformes SVOD a été multiplié par 10. Il a dépassé lâannée dernière le cap des 1,2 milliard dâeuros, selon le Centre National du Cinéma (CNC), et la dépense mensuelle moyenne des abonnés à un de ces services s’élève aujourdâhui à un peu plus de 15 euros, avec en moyenne 1,7 abonnement de SVOD ou de télévision payante. Le succès de ces formules conduit à certains excès. « Certains de nos clients ont ainsi découvert quâils avaient souscrit à des abonnements sans même sans sâen rendre compte, constate Hugo Salard. Nous avons rencontré ce cas à plusieurs reprises avec Deliveroo Plus. »
Amazon a refusé de rembourser les 44,97 euros déjà payés
Et que dire de ce père de famille qui découvre quâAmazon lui prélève depuis trois mois 14,99 euros pour un abonnement à Amazon Music Unlimited ? Après une longue attente au téléphone, un employé du géant américain lui explique quâil a contracté ce forfait en acceptant une offre proposée par son enceinte « intelligente » Alexa. Après une réunion de famille, le papa découvre que le « oui » à lâoffre vocale a été formulé par son fils de huit ans. Après plusieurs appels et des courriels de réclamation, Amazon refusé de rembourser les 44,97 euros déjà payés en expliquant que lâabonné aurait dû réaliser son erreur plus tôt. Un mineur nâa pourtant pas le droit de souscrire à un abonnement payant. Mais ce type de « détail » ne semble pas perturber le leader du commerce en ligneâ¦Cette anecdote montre à quel point il est compliqué pour un particulier de se désengager dâun contrat « signé ».« En tant que juriste de formation, jâai toujours trouvé anormal de constater quâil était si difficile de se désabonner alors que souscrire à une offre ne prenait que quelques secondes sur internet », note le co-fondateur dâOrigame.
Pour répondre à ce problème, sa start-up, qui emploie huit collaborateurs, va proposer à partir de la fin du mois de septembre un service qui permettra à ses utilisateurs de pouvoir changer automatiquement de prestataire afin de profiter des prix les plus bas. Pour bénéficier de ce service « premium », les particuliers devront payer un⦠abonnement mensuel de 6 euros. Ironique, vous avez dit ironique ?
source : www.influencia.net