âParley sâattaque à trois crises : celle du plastique, celle du climat et celle de la pêcheâ expliquait Cyrill Gutsch, le fondateur de lâONG Parley for the Oceans, lors des Cannes Lions Live 2021. Au fil des années, cet ancien designer a fait de lâélimination du plastique son combat.
Pour lui, âle plastique est un échec en termes de design. Il est dans lâair que lâon respire, dans lâeau que lâon boit, dans la nourriture que lâon mange. Il diffuse des produits chimiques, relâche des micro-particules et émet des gaz à effets de serre. Ce matériau nâest pas fait pour une économie circulaire, il nâest pas sain. Et pourtant, nous en sommes totalement dépendantsâ. Un constat qui lâa amené à créer son association en 2012.
Près de 600 produits Adidas intègrent désormais des fibres recyclées
En 2015, Parley for the Oceans a connu un premier coup de projecteur grâce à un partenariat avec Adidas : une paire de chaussures éco-conçues en plastique recyclé avait alors été présentée devant les Nations Unies. Lâopération de communication, aux allures de greenwashing, a abouti à un partenariat plus stratégique, au long cours. Ainsi aujourdâhui, Adidas propose sur son site près de 600 produits intégrant des fibres de plastiques collectées en mer et recyclées par lâintermédiaire de lâassociation.
Pour lutter contre le plastique â dont on estime que 8 millions de tonnes sont déversées dans les océans chaque année -, lâONG promeut une stratégie autour de trois grands principes, réunis sous lâacronyme âAIRâ : âA pour âéviterâ [âavoidâ] le plastique quand câest possible, I pour lââintercepterâ et le recycler quand cela nâest pas possible, et R pour âredesignerâ : concevoir différemment les produits et apprendre à se passer du plastiqueâ, détaille lâancien designer.
Ãduquer les designers, sâinspirer de la nature
Sur le terrain, le âParley Global Cleanup Networkâ organise des campagnes de nettoyage pour éliminer les déchets plastiques des plages, des îles, des rivières, des mangroves et des océans, et intercepte les plastiques en milieu marin. âNous sommes connus pour ce réseau de collecte à travers le monde, qui nous sert à transformer le plastique en matériaux réutilisablesâ explique Cyrill Gutsch. Mais une grande partie de son activité est aussi liée à lâéducation du grand public et des entreprises, ainsi quâà la mise en place de partenariats autour de produits ou de projets de recherche. Objectif : changer les méthodes des designers pour leur apprendre à se passer du plastique dans leurs produits.
Outre Adidas, lâassociation a également noué des partenariats avec American Express ou plus récemment avec Brita, afin de développer des produits éco-conçus, inspirés de la nature. Pour Brita, par exemple, le partenariat consiste en lâétude de solutions pour se passer du plastique dans les systèmes de filtration dâeau de la marque, en sâappuyant sur des matériaux naturels (lignine, algues et mycélium).
âEn 2018, au siège des Nations Unies à New York, nous avons déclaré la révolution des matériaux, en la comparant à la révolution numérique, qui change les façons dont nous échangeons, partageons et communiquons. Ces changements doivent maintenant sâopérer aussi dans le monde des matériaux, pour se débarrasser de toutes ces façons toxiques de faire du business. Nous devons évoluer vers une nouvelle économieâ, conclut Cyrill Gutsch.
source : www.influencia.net