Séquence émotion Stromae et JT de TF1: était-ce réellement du direct?

10 janvier 2022

Une semaine après le « j’ai un peu envie d’emmerder les anti-vax » du « candidat à la présidentielle » Emmanuel Macron, dans Le Parisien, c’est au tour de Stromae et de TF1 de nous faire sursauter à l’aube avec une nouvelle affaire. Car la question qui était sur toutes les lèvres, concernait une toute autre épidémie que celle qui nous menace depuis plus de deux ans maintenant: « tu as vu hier soir sur TF1 ce qui s’est passé ? ». -«Non», répond le journaliste dépité d’avoir sans doute raté le « hot case » du jour. -« Stromae a répondu en chantant « L’enfer » à la présentatrice, son tout nouveau titre… c’est dingue, non ? » …

À tous ceux qui ont raté ce hacking de 4 minutes, qu’ils se rassurent. Médias, plateformes, réseaux sociaux en font des tonnes depuis hier, lundi, 5 heures du mat. Une amplification qui nous surprend toujours et que nous finissons par guetter.

Car il est  vrai que l’intervention chantée du phénomène culturel et faiseur de buzz international a quelque chose d’irréel, de l’avis de Georges Mohammed-Cherif, fondateur et président de Buzzman, « il s’agit d’un coup de génie » qui selon lui a été organisé le plus simplement du monde, « Stromae a dû accepter l’invitation de TF1, et dealer, je viens chez vous si votre dernière question me permet de chanter l’Enfer ». Ni plus ni moins. Alors, le messe de 20 heures n’est pas The Tonight Show de Jimmy Fallon, ou invité, le génie belge interprétait le 23 décembre dernier, « Santé », le premier titre de son nouvel album, après sept ans d’absence.

Ni le stunt auto-fabriqué par la star, en pleine rue, où il titubait défoncé en mai 2013…

Néanmoins, la question de l’intrusion d’une pub, ou d’une promo en plein journal s’envisage sans peine dans la mesure où comme, pour les marques, il est encore et toujours question de faire plus d’audience.

La guerre fait plus que jamais rage au sein des chaines.

La volonté de TF1 et de sa journaliste a-t-elle été de damer le pion au journal de 20 heures animé ce vendredi par Laurent Delahousse qui pour la première fois depuis des années doublait celui de TF1 (lire encadré), ainsi que celui de 13 heures également mis à mal par la chaine de service public ? Toujours selon George Mohammed-Chérif, il s’agirait d’une pure coïncidence… et « la question de l’intrusion d’une pub n’est pas le sujet ». Pour lui, pas de dérapage, mais du pur génie. « Le format de l’émission d’information, le fond du message de Stromae qui évoque ses envies de suicide, lui qui a connu une traversée du désert, à l’heure où tant de jeunes souffrent de dépression, est une manière de réveiller les consciences de spectateurs, qui sont sans doute, en ce qui concerne l’âge des habitués de la chaine, des parents, au minimum des quadras. »

promo, pub, actu, info… Qu’importe !

« Qu’importe que ce soit de la promo, de la pub, de l’actu, ou de l’info »  désacralise Thomas Jamet, président d’IPG MediaBrands, ce moment parfaitement orchestré est d’utilité publique. On est dans une séquence de poésie rare, permis par le direct couplé à la caisse de résonance des réseaux sociaux, on va dans le bon sens ».

Lionel Curt, président de MNSTR qui a orchestré le buzz autour du film Don’t look up n’est pas de cet avis. « Faire la promo d’une chanson au sein d’un journal télévisé c’est confondre information et divertissement ». « Que dirait-on d’un patron du secteur automobile qui interrogé au sein du 20 heures sur les énergies vertes, dévoilerait en direct, le dernier modèle produit par ses usines, pour étayer son propos, interroge le co-fondateur de MNSTR. « Un media censé délivrer de l’information ne peut pas se permettre de s’éloigner à ce point de sa mission première, poursuit-t-il.

L’irruption de cette « promo » est d’autant moins problématique aux yeux de Georges Mohammed-Cherif,  que « lorsque Laurent Delahousse invite Juliette Armanet à chanter dans le cadre de son émission « 20h30 le dimanche », il ne fait pas autre chose que de l’infotainement. La seule différence avec la pub faite à Stromae sur TF1 tient à la surprise, au décalage et au contre-pied qu’elle crée, comme toute bonne publicité. Mais ne nous y trompons pas, si l’un fait « un coup », France 2 fait, de manière formelle la même chose tous les dimanche soir».

« De vieux médias comme Le Parisien ou TF1 qui font du buzz au sein des réseaux sociaux est un très bon signe,  indique Thomas Jamet, cela signifie que nous sommes sur la voie d’un rééquilibrage et d’une parfaite complémentarité entre événements, médias et réseaux sociaux ».

Vraiment, du direct ?

Pour sa part, Nicolas Levy, directeur général de l’agence Steve, reste circonspect quant à la véracité du récit.  « Stromae, qui deux minutes après son intervention sur TF1 annonce sur Twitter, le lancement de L’Enfer… Chante-t-il en direct? Rien n’est moins sûr, estime le planner stratégique, je ne le crois pas personnellement.  L’image, la lumière, le travelling sont bien trop parfaits, la voix, trop bien posée, cela ressemble à du playback, à un montage ajouté après coup»,  suggère-t-il, « cela n’aurait aucune importance en des périodes moins sombres, moins paranoïaques, mais aujourd’hui les gens doutent, ont peur, pensent complotisme…  Le journal télévisé, peut-il se permette de jouer avec les images? ». Patrick Poivre d’Arvor ancien de TF1, où étiez-vous lorsque vous interivewiez Fidel Castro en 1992?

 

 

 





source : www.influencia.net

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