Depuis sa création, Twitch se trouve dans lâÅil du cyclone médiatique pour la gestion des revenus publicitaires quâelle propose à ses fidèles créateurs de contenu. Ces derniers nâont eu de cesse de critiquer lâopacité de ce système de rémunération, perçu comme fortement déséquilibré en faveur de la plateforme de streaming⦠et donc au détriment de leurs heures passées derrière la webcam. Au regard des faits, on peut les comprendre. Ce n’est un secret pour personne, la publicité constitue le principal moyen pour les streamers de subvenir à leurs besoins. Mais le système mis en place par Twitch était, jusque-là , loin dâêtre évident : vous deviez prévoir deux, trois ou même quatre minutes par heures diffusées afin de permettre à Twitch de diffuser une publicité, sans oublier de suivre à la loupe et quotidiennement le montant des revenus obtenus en fonction de votre audience moyenne.
Dâautant que les revenus publicitaires reversées par Twitch étaient â ou sont toujours, on ne va pas leur donner le bon dieu sans confession â assez faibles pour la plupart des streamers. La plateforme reverse les revenus générés sur des taux CPM â Coût Pour Mille â, ce qui signifie que ces derniers sont payés une certaine somme d’argent prédéterminée une fois 1 000 vues obtenues. Selon le contrat de base signé avec ses créateurs, ces derniers engrangeaient jusque-là 3,50 $ pour 1 000 vues, bien que cette répartition fluctue dans certains pays. Le tout pour une rémunération extrêmement instable, déterminée par lâaudience que vous drainez chaque jour. Dans ces conditions, difficile de rassurer son banquier quant à la viabilité de sa demande de crédit. Et oui, on pense à vous.
Twitch casse â ⦠enfin .. ? â la tirelire
Afin dâoffrir plus dâergonomie à ses créateurs/streamers et les aider à régulariser au maximum leurs revenus mensuels, Twitch teste depuis la semaine dernière un nouveau système de rémunération qui leur garantira des revenus publicitaires fixes chaque mois. De nombreux créateurs se sont déjà exprimés sur la difficulté de gagner régulièrement leur vie sur la plateforme à moins de disposer d’une base constante et importante de followers. « Le fait de disposer d’un montant fiable de revenus publicitaires devrait permettre aux créateurs de mieux planifier l’avenir (â¦) », a rassuré la plateforme sur son site. Ce nouveau modèle de paiement, appelé AIP, pour Ad Incentives Program dans la langue dâAlan Turing, sera appliqué une fois que les créateurs auront accepté de diffuser un nombre minimum d’heures par mois tout en incluant des publicités.
Un système sur mesure
Les streamers auront la possibilité de choisir parmi différents modèles de paiement. Dans les exemples présentés sur son site, Twitch explique quâun utilisateur qui accepte de streamer 40 heures par mois pourra ainsi récolter 100 dollars contre 2 minutes de publicité par heure, 300 dollars pour 3 minutes et 500 dollars pour 4 minutes. Les streamers engrangeront ces revenus quel que soit leur nombre de spectateurs. Après avoir diffusé le nombre minimum d’heures requis, ils continueront à gagner de l’argent à leur taux normal.
La chemin est encore long
Ce programme nâest pour lâinstant disponible que pour un certain nombre de créateurs sélectionnés par la plateforme, mais cette dernière affirme son intention de lâétendre au maximum d’acteurs. Sans oublier de se montrer à lâécoute des retours des testeurs pour apporter des corrections bienvenues à tout son système dâoffre. Pourtant, si lâintronisation dâun plancher fixe devrait apporter aux pros une certaine stabilité, beaucoup prétendent que les plus créateurs les plus modestes, ne pouvant témoigner dâune base quotidienne solide de viewers, et donc les plus susceptibles d’avoir besoin d’une source de revenus garantie, ne sont pas prêts dâen profiter. Le Youtubeur Zero Absolu Gaming a ainsi calculé qu’un streamer rassemblant 100 viewers chaque mois et qui diffuserait sur cette période 80h de contenu, pour 3mn de pub par heure, ne toucherait que 30 dollars. En bref, pour les 95% dâentre eux qui ne réunissent que 5 spectateurs par jour, selon une étude de Twitch Tracker menée en 2020, il leur faudra encore les meilleurs arguments du monde pour dissuader leur banquier de lâcher les chiens. Pas facile la vie de travailleur du net.
source : www.influencia.net