Le souhait dâune plus grande responsabilité des entreprises, au-delà des missions inhérentes à leur activité, sâest fait dâautant plus ressentir cette dernière décennie. Il résonne à présent dâautant plus que les salariés sont particulièrement sensibles au positionnement de leur employeur sur des sujets politiques à dominante économique ou sociétale. Selon un sondage OpinionWay pour Salesforce et Les Echos publié en juin 2021, 63 % des français sont plus attentifs aux engagements des entreprises depuis qu’a éclaté la crise sanitaire. 71 % des personnes interrogées affirment même être davantage fidèles aux marques dont ils épousent les valeurs. « Il y a un pic de besoin d’engagement solide, non ambigu : les Français sont à la recherche de nouvelles ‘infaillibilités’ et, surtout, de sincérité », analyse le sociologue Ronan Chastellier qui a piloté l’étude. Mais Patagonia ne s’est pas construite en un jour. Il faut du temps, et beaucoup de volonté, pour bâtir une culture dâentreprise et aller au bout de ses idées quand la dimension financière pèse dans balance.
Pourtant, la période hors norme que nous vivons, qui survient à la lisière dâune sortie de crise sanitaire, semble confirmer un certain changement de discours tenu par les startups qui affirment â plus facilement â leurs prises de position. Suite à l’ascension fulgurante du candidat et de son parti Reconquête!, la startup Lovys a décidé de sortir de ce mutisme politique. Elle manifeste son opposition aux idées dâEric Zemmour avec un jeu concours au ton humoristique. Les termes de celui-ci sont simples : si lâancien chroniqueur TV vient à prendre ses quartiers à lâElysée, Lovys offrira alors un billet de train ou dâavion aux personnes souhaitant sâexpatrier pour la durée du quinquennat. Pour accompagner ce bien nommé jeu concours #Jemecasse, ouvert à tous dans la limite des 500 premières places disponibles, Lovys sâengage également à reverser 10 000 euros à une association de soutien pour les réfugiés ukrainiens. Pourquoi choisir ses combats ?
Quitter la France si Ãric Zemmour devient président de la République ? Cette entreprise se propose de prendre en charge vos frais de déplacement hors de la France si le candidat est élu à la présidentielle. On vous explique.
// En partenariat avec @LovysInsurance pic.twitter.com/1RbQPW9Q8b
â Loopsider (@Loopsidernews) April 4, 2022
Câest Lovys qui régale
Fondée en 2017 à Paris par l’entrepreneur portugais João Cardoso, lâassurtech compte aujourdâhui 115 employés de 16 nationalités différentes et opère dans trois pays européens, la France, lâEspagne et le Portugal. Un ADN marqué par la diversité de points de vue qui se traduit par des valeurs fortes au sein de lâentreprise. Des valeurs qui, selon la startup, pourraient pousser de nombreux résidents français à lâexpatriation. Comme nous lâa expliqué Lore Mattellini, head of content : « Lâidée nâétait pas uniquement de se démarquer de la concurrence. Même si Lovys a été fondée par un Portugais, câest une entreprise française. La France est notre premier marché, on y a beaucoup dâattaches, prendre la parole nous paraissait important, notamment par le nombre de Français qui travaillent chez nous. Voilà le véritable déclencheur de cette opération ».
Un choix presque collégial : « On discutait beaucoup de cette campagne entre nous, des idées dâextrême droite qui y étaient véhiculées. Les entreprises nâont pas lâhabitude de se positionner lors des scrutins mais ce positionnement nâest plus suffisant. Il fallait faire quelque chose pour combattre ce qui va à lâencontre de nos valeurs ». Et pas question de céder à la crainte de se mettre certains clients à dos. « Evidemment câest un risque dont on est conscient. On a lancé la vidéo hier et elle a déjà suscité quelques tweets virulents. Twitter reste Twitter. Mais ce nâest pas parce que les intérêts pécuniaires rentrent en jeu quâon devrait rester neutre. Nous croyons que toutes les entreprises devraient se battre pour ce en quoi elles croient. On a tous des devoirs en tant que citoyens, mais il doit en être de même pour les maisons qui les emploient ».
Â
Un parfum de vict⦠de départ
Pourtant, malgré les meilleures intentions du monde, plusieurs critiques se sont déjà fait entendre. Sur les réseaux sociaux… et sur Twitter, bien évidemment. Plusieurs internautes dénoncent une simple recherche de buzz sur des sujets qui demandent bien plus de gravité. Lâun dâeux écrit : « votre lâcheté ne vous permet pas de prendre partie contre l’extrême-droite et donc à la place vous avez pris le parti de faire un buzz sur le dos de personnes menacées par la violence fasciste ». Ou encore : « Câest fabuleux que le camp des forces du bien autoproclamées lancent des dispositifs que même le plus extrémiste des militants FN nâaurait osé rêver. Ils proposaient déjà de séparer les « racisés » des blancs grâce aux sage spaces et maintenant ils les renvoient gratis chez eux ». De quoi pousser le compte officiel de Lovys à publier : « Il faut lâavouer, nous ne nous attendions pas à autant de premier degré (â¦) Que vous soyez outré, amusé, ou circonspect, prendre parti contre les idées d’extrême droite n’était pas une option pour nous. Bien sûr on vous entend dire « vous auriez dû appeler au vote » mais nous ne faisons pas la promotion de l’inaction ». Comme on lâexpliquait en début dâarticle, construire une culture dâentreprise cohérente est loin dâêtre simpleâ¦
source : www.influencia.net